Cette tribune de Gilles-William Goldnadel est parue dans FigaroVox le 13 avril. Sur les plateaux de télévision où il intervient, il ne cesse, comme nombre d’autres, pour toutes sortes de raisons et comparaisons, de louer le système monarchique – sous sa forme britannique aujourd’hui en pleine lumière, mais aussi, si l’on peut dire, en soi-même, par comparaison avec ce qu’est devenu notre système politique, social et institutionnel, et en particulier ce qu’est devenue la Ve République qui avait tenté d’être, faute de mieux, cette monarchie républicaine – aussi peu parlementaire que possible, d’ailleurs – qu’avait voulue De Gaulle, que loue Goldnadel et dont, néanmoins, il constate l’état de décomposition avancée. Il n’est pas le seul à le faire. Les débats télévisés sont en permanence sur la même ligne au point que Vincent Hervouet, chroniqueur distingué, avisé, fin et cultivé, pouvait y déclarer tout récemment : « Nous faisons là en permanence du Maurras, L’enquête sur la Monarchie n’est plus à écrire, il n’est plus besoin de la lire ». Etc. Il faut, bien-sûr, le dire vite. La rigueur et la précision maurrassiennes ne sont pas toujours au rendez-vous de ces confessions royalisantes. Mais cette prise de conscience des qualités propres au système dynastique, nonobstant ses défauts circonstanciels, réels ou supposés, cette évaluation effrayée de l’état où notre régime politique a mis le Pays au fil des deux derniers siècles, c’est une évolution positive formidable. Et les royalistes feraient bien de n’être pas les seuls à l’ignorer.
CHRONIQUE – L’avocat loue ce système qui garantit, selon lui, la souveraineté de son peuple par un compromis avec le parlement et dresse un parallèle avec la France qu’il juge « soumise à la corrosive décadence ».
J’assume ma jalousie sans honte ni vanité. Ce sentiment humain partagé avec équité. Dans ce cadre sentimental, j’assume ma jalousie pour ces Anglais que j’ai toujours enviés.
J’envie leur salutaire insularité qui a les protégés des Germains en même temps que leur courage patriotique et particulier.
Je jalouse rageusement l’anglais, cette langue coloniale alors que moi, l’avocat du français, j’ai presque perdu la mienne…
Nos jeunes anticolonialistes sont les premiers à utiliser le franglais sans barguigner. Nous allons sur le Net, sur le Web, partons en week-end, faisons des after, et quand nous n’avons pas le spleen, nous dissertons du woke. La bataille linguistique aura, elle aussi, été perdue sans combattre. Et pas seulement en rase campagne française.
Ursula Von der Leyen, pour se faire entendre en Europe de Babel, ne s’exprime ni en allemand ni en français ni en italien, espagnol ou magyar, mais dans la langue de ceux qui ont décidé de la quitter à grands frais pour rester maîtres de leur destinée et qu’elle critique: en anglais.
Mais le républicain et laïc qui signe jalousement cette chronique envieuse assume principalement ce qu’il a cru devoir toujours jalouser chez le grand breton anglican.
Je veux parler de sa monarchie parlementaire et transcendante.
Et d’abord comment la royauté anglaise a cessé d’être absolue sans massacrer absolument.
Je sais bien que le premier Charles a été haché par Cromwell, ce qui prouve que le troisième – qui pouvait royalement changer de prénom – n’est point ancré dans la superstition.
Surtout nos voisins de l’autre côté de la Manche n’ont pas connu la terrible et inutile cruauté de notre Révolution française toujours religieusement célébrée.
Ils n’ont pas massacré des innocents dans leurs prisons, enfermés rien que pour leurs noms.
Étrange d’ailleurs comment la gauche extrême, farouche opposante à la peine de mort pour certains criminels du 9.3 ou d’ailleurs, assume les massacres des innocents de 93 avec ferveur.
Les Britanniques n’ont pas assassiné leur reine ni maltraité son malheureux fils prisonnier.
Moi le laïc mécréant, je me surprends à envier l’esprit de transcendance de l’Anglo-Saxon prosaïque qui chante God Save the King dans ses stades ou écrit In God We Trust sur ses billets.
Il est vrai que ma laïcité est un calvaire depuis que les mêmes qui traquent sans merci les crèches et les crucifix sont ceux qui défendent les voiles et les burkinis.
Et ce n’est pas tant la monarchie parlementaire anglaise que je jalouse mais me garderai bien d’idéaliser que la monarchie républicaine française d’hier que je me prends à regretter.
Cette dernière était taillée sur mesure et par un général de haute stature à qui une troublante destinée avait offert jusqu’au nom de la France ancestrale et tribale.
Cette monarchie parlementaire française offrait à ce monarque républicain, oint par son peuple souverain, la quasi-certitude de disposer d’un parlement qui lui ressemblerait et lui permettrait de gouverner démocratiquement mais efficacement.
Mais dans une France sans transcendance et donc davantage encore soumise à la corrosive décadence, le temps de la médiocrité idéologique a accompli lentement sa basse besogne.
De Charybde en Scylla, de référendum piétiné en migrations invasives imposées, ni son peuple abusé ni son pays effrayé ne sont plus souverains dans une Europe sans frontières, aux cent langues mais sans âme.
Et voilà que le dernier suzerain qui, hier encore se tenait pour Jupiter, n’ayant ni l’humilité souveraine de la reine d’Angleterre ni la grandeur hautaine de Charles de France, a perdu en route son sceptre parlementaire.
Voilà pourquoi, sans mésestimer ses tourments à venir, j’envie un peuple qui a reconquis à grand prix sa souveraineté tandis que le nôtre aura perdu la sienne, trahi par un empire, un régime, ses suzerains, son système. ■
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon. Notons-le : Il vient de publier Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche (Nouvelles éditions de Passy).
DIEU qu’il a raison. Respecter un peuple qui nous montre sa cohésion face au deuil d’une famille royale. Je respecte et j’admire le faste vidéo, bien que mes ancêtres aient choisis les Romains. Ont ils eu tord, ce que l’on appelle Français; qui sont ils ? Et le pseudos journalistes qui nous assènent leur inculture et leurs opinions personnelles. La France vaut bien une messe disait Henry IV.
La Grande-Bretagne a une responsabilité dans l’instauration d’une République en France. Les colonies Anglaises en Amérique du Nord grâce à l’aide du Roi Louis XVI quittèrent la couronne. Ainsi un esprit de vengeance naquit du côté de la Tamise envers la Seine. La France avec son aide pour l’indépendance des Etats-Unis, avait des dettes. Révolte puis révolution. Sous le règne de Napoléon, son conseiller, Talleyrand, lui proposa de trouver une paix avec la Grande-Bretagne. Jamais répliqua l’Empereur, ce qui le conduisit à St-Hélène. Il fallut attendre 1905, pour une entente cordiale entre Londres et Paris. Celle dura jusqu’à la venue du Général de Gaulle, qui mit fin à cette politique. Celui-ci, mis en scène par Churchill dans une grande trahison, livra la France dans les destinées de l’Allemagne. Que la Grande-Bretagne, n’oublie pas sa faute dans les malheurs de notre République.