Par Aristide Renou.
Il est facile et, en un sens, irrésistiblement tentant de se moquer d’une Sandrine Rousseau, lorsqu’elle vient défendre publiquement, avec le plus parfait sérieux et la plus parfaite conviction, la notion risible d’« androcène ».
Il est pratiquement impossible de ne pas rire en entendant des sorties comme : « Aujourd’hui de nombreuses militantes sont menacées par le burn-out. L’androcène c’est aussi le visage froid et dur de la domination patriarcale, qui augmente le risque d’éco-anxiété. »
Il est naturel, et nécessaire, de pointer du doigt le fait que ses affirmations concernant, par exemple, les sorcières (des femmes « torturées » et « brûlées vives » parce qu’elles « ne dépendaient pas des hommes » et qu’elles pratiquaient une médecine « populaire et naturelle ») n’ont à peu près aucun rapport avec la réalité historique.
Mais rire ne doit pas nous empêcher de réfléchir et d’essayer de comprendre la réalité de ce qui se joue devant nous.
Ce que Sandrine Rousseau nous donne à entendre, c’est tout simplement la langue de bois féministe. Car il existe une langue de bois féministe, tout comme il a existé une langue de bois communiste, et pour les mêmes raisons.
La langue de bois n’est pas seulement une expression proverbiale désignant un discours fait de formules stéréotypées, c’est un terme technique visant à décrire la forme très particulière que prend le langage en régime idéologique.
Le féminisme Post-Beauvoir est une idéologie, tout comme le communisme, dont il peut d’ailleurs être considéré comme une dérivation. Il est la « composition d’une religion corrompue et d’une science corrompue », selon la formule profonde d’Alain Besançon, et son langage est une fusion du liturgique et du scientifique. Ce langage remplit des fonctions bien précises :
« Il est le signe de la communion du parti dans l’idéologie. Le progrès du militant, son niveau d’éducation communiste, se mesurent à sa capacité de traiter avec le monde extérieur en usant des moyens d’analyse canoniques, des mêmes coupes de raisonnement, des mêmes figures de style, en s’installant à l’intérieur de la vision centrale de telle sorte qu’elle se confonde avec sa vision propre.
L’usage correct du langage idéologique signifie donc le succès de l’identification de la personne qui l’emploie avec son modèle. Comme moyen de communication, il signifie entre les interlocuteurs l’accord sur la vision centrale, la naissance et la subsistance entre eux, le temps qu’ils parlent, de la réalité idéologique. Le langage n’est pas un échange entre deux subjectivités différentes, mais une communion constatée à une même réalité. Il est ainsi un sacrement d’unité. Dans le monde communiste, la malédiction de Babel est levée puisque la multiplicité des langues est surmontée par l’uniformité du style et que les gosiers individuels renoncent à proférer d’autres sons que ceux de ce qu’on appellera bientôt la « langue de bois ». »
Remplacez « communiste » par « féministe » dans ce qui précède et vous avez une parfaite description de la langue de bois féministe parlée par Sandrine Rousseau et toutes ses camarades de parti.
L’idéologie est la tentative de plier la réalité à une idée fixe, d’expliquer la totalité du monde par une formule simple et indéfiniment répétable. Être féministe, aujourd’hui, c’est mettre la « domination masculine » à la base de tous les phénomènes sociaux et, on le voit avec Sandrine Rousseau, même à la base des phénomènes naturels. C’est expliquer les différences entre les sexes par la volonté masculine de dominer les femmes, de se les soumettre, et ce depuis l’aube de l’humanité et partout dans le monde. Puis, de proche en proche, c’est étendre cette grille explicative à toute chose.
Par conséquent, il est inévitable que l’idéologie secrète la langue de bois, aussi sûrement que la vipère secrète son venin.
Comme l’explique Alain Besançon, « La langue de bois est la langue que devraient parler les hommes si la réalité se conformait à l’idéologie. Comme la réalité s’y refuse, la langue de bois se substitue à elle. Elle devient une pédagogie permanente, un conditionnement de la conscience, une figure de la terreur. »
« L’uniformité de la langue de bois, qui signifiait, avant la prise du pouvoir, la communion dans la vision centrale, représente, après la prise du pouvoir, la soumission à ce même pouvoir. Le conformisme linguistique est en effet le test principal de l’allégeance. L’hétéroglossie est le signe premier de la rébellion. »
Sandrine Rousseau et ses camarades de parti n’ont pas encore le moyen d’imposer l’uniformité de leur langue de bois à toute la société, et la terreur qu’elles peuvent faire régner n’opère encore que dans un cercle limitée. Mais cette terreur est bien réelle. Demandez ce qu’ils en pensent à tous les hommes publiquement accusés sans la moindre preuve d’inconduite sexuelle, au nom de la sacralité de la « parole des victimes ». Quant à la langue de bois féministe, elle infiltre presque chaque jour un peu plus les discours, ceux des hommes politiques, des journalistes, de tous ceux qui s’expriment dans la sphère publique. Pensez par exemple aux termes ou expressions comme « féminicide », « plafond de verre », « patriarcat », « libération de la parole », « identité de genre », dont l’emploi est devenu pratiquement obligatoire, pour ne rien dire de la progression apparemment irrésistible de l’écriture dite « inclusive », qui n’est rien d’autre qu’une langue de bois écrite.
Il est facile et, en un sens, irrésistiblement tentant de se moquer de Sandrine Rousseau. Mais ceux qui déduisent du ridicule qui s’attache à sa personne qu’elle est insignifiante et qu’il vaudrait mieux l’ignorer se trompent.
Sur ce point aussi, l’histoire du communisme devrait nous éclairer et nous guérir de notre complaisance.
Qu’était-ce que Lénine, au début de l’année 1917 ? Un petit homme aux vêtements élimés, à la barbiche hirsute, qui vit dans un appartement minable avec une femme fort laide. Ses journées se passent à la bibliothèque de Zurich, à potasser on ne sait quoi, à dévorer les journaux, à fulminer contre des ennemis imaginaires. « Sa vie se dépense en discussions, rapports, comités, meetings parfaitement vains. Il flotte autour de lui une odeur de poussière, de tabac froid, de papier et d’encre. » Qu’il est ridicule et chimérique ce petit bonhomme sans amis, sans argent, sans influence, possédé par ses idées fixes ! Un an plus tard, il prend la tête de la Russie et le régime totalitaire qu’il mettra en place durera trois générations. Certains disent même qu’il n’a jamais vraiment disparu.
Le fait que Sandrine Rousseau soit une petite femme ridicule ne devrait pas nous aveugler sur le fait qu’elle est une femme authentiquement dangereuse, qui, avec beaucoup d’autres, travaille chaque jour, sans relâche, infatigablement, à faire advenir la tyrannie « éco-féministe » dont l’idée la possède. Il ne suffira pas de se moquer d’elle pour l’empêcher de parvenir à ses fins. ■
Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur (8 septembre).
Il s’agirait de qualifier les Sandrine Rousseau en tous «genres» : «sulfureux», «nauséabonds» – employer le vocabulaire qu’ils accaparent et qui leur est consubstantiel.
(Mon usage du pronom personnel masculin n’est pas neutre, soit calembourdé en passant.)
En outre et surtout ! Il y a lieu d’insister sur le fait que cet «écolo-féminisme» n’est pas plus féminin qu’il n’est écologique . C’est essentiel à pointer du doigt.
Dans son évolution historique, l’Occident a favorisé les travers masculins et, du coup, les rapports de domination suivent les inclinations de la masculinité. Conséquence : les «bonnes femmes» se métamorphosent en «mèquetons» et, dirai-je, en mèquetons plus abjects que nature, si tant est que ce fût possible…
Toute subversion se range à la parodie de ce qui veut être supplanté (les générations de «p’tits chefs» et des improvisées «adjupettes» fournissent la simiesque illustration de ce que je signale).
Le monde moderne étant lui-même une parodie, on assiste à quelque chose d’imprévu : la parodie du parodique… Mathématiquement, voilà qui devrait s’annuler… Dans ces conditions, il devrait suffire de «laisser faire» ; ainsi les vilains bonshommes grossiers et les lamentables mégères, jalouses de leurs paritaires diplômes de doctes abruties, devraient s’entredéchirer menu-menu… Mais non… Car il y a désormais la non-genrerie : le trou-du-cul est enceint et l’gamin pond des œufs, s’il vous plaît ! Total : la gonzesse se fait égoûtière.
La physionomie de la binoclarde parle d’elle-même (même sans ses lunettes) ; du moins, elle me parle, à moi, et j’en éprouve un souverain dégoût ; le dégoût de la sacro laïque «science» et de ses roulements de tambour sanitaire.
En effet, dans notre époque, Sandrine Rousseau représente le «danger» majeur ; principalement, parce que la galanterie et la haute courtoisie «moyenâgeuse» empêchent tout «homme» bien né d’accepter qu’un procès en dégénérescence puisse lui être intenté, sauf !… La crapule Robespierre déclarait : «Celui qui ne croit pas à l’immortalité de son âme se rend justice.» Dans la même veine inquiétante, désespérément, je pourrais en venir à conclure que celle-là qui dénonce les stéréotypes de «genre» à son niveau n’est tout simplement pas une femme.
«Et prions Dieu que tous nous veuille absoudre »
Sandrine Rousseau n’est forte que de notre lâcheté qui encourage la sienne, pure complaisance. Cela vient de loin. « Miroir , miroir , dis moi qui est la plus belle » demande la marâtre de Blanche Neige. Qu’elle relise ce conte et s’y reconnaisse.
En effet cette petite femme ridicule a tout du commissaire politique bolchevique s’essayant à rééduquer les gens. Elle fait aussi penser à ces prédicateurs protestants fanatiques de la Bible Belt dans les États du sud des USA, parcourant les campagnes en fulminant contre le règne de Satan (ici le climatiseur, la voiture diesel et le mâle blanc hétérosexuel) et demandant à ses fidèles de se mettre à genoux pour expier leurs péchés et en exorcisant les possédés. Cette ridicule petite femme est dangereuse parce que les médias, la publicité, l’industrie du cinéma ne sont déjà que trop enclins à reprendre à leur compte et à formater les esprits. Ses délires commencent à polluer l’espace public et l’on voit monter un obscurantisme haineux de tout ce qui a fait et fait encore notre civilisation que ce marécage woke putride essaie de détruire.
Je parie que sa fable préférée est : la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, ou plutôt que la vache
Arrêtez, vous les médias, de faire de la pub à cette cinglée………….
L’analyse d’Aristide Renou est d’une justesse de haut vol
Merci