Saisissant et terrifiant constat :
« Dans nos sociétés occidentales, un individu peut parfaitement se mettre à l’écart du groupe, pour quelques années, et tenter un galop relativement libre.
Mais tôt ou tard la meute se réveille, se met en chasse, et finit par le rattraper.
Alors elle se venge, et sa vengeance est terrible. Parce qu’elle a eu peur, la meute, et ceci peut surprendre, car elle est nombreuse : mais elle est composée d’individus médiocres, et conscients et honteux de l’être, et furieux que leur médiocrité ai pu, l’espace d’une seconde, être étalée au grand jour ». ■
Michel Houellebecq, Ennemis publics
Repris – avec remerciements – de la page Facebook de
Il n’est que de voir comment est traitée Ségolène Royale qui ose mettre en doute la doxa à propos des atrocités attribuée à la Russie . Souvenons nous de la « fiole » brandie par le ministre de la défense américaine à l’ONU pour inciter le monde entier à entrer en guerre contre l’Iraq. Guy Béard à chanté: « Il a dit la vérité, il doit être exécuté. »
Pour ce qui est de la «meute» sociétale (car il faut bien employer le nov-lexique pour qualifier ce qui est nouvellement apparu dans la psyché avec la modernité), pour cette meute, donc, je recommande une nouvelle de Dino Buzatti, qui figure dans le recueil intitulé «Le K» (Robert Laffont, début des années soixante-dix… Malheureusement, j’ai oublié le titre de la nouvelle, et ne puis le retrouver car, en ces temps reculés, je revendais les livres lus pour pouvoir en acheter d’autres… Dans mon souvenir, cette nouvelle est assez saisissante. Des citoyens se lancent aux trousses d’un couple qui tente un «galop libre», pour reprendre la formule de Houellebec (qui écrit comme un sabot, soit dit en passant).
Cela dit, cette idée de meute prétendument composée d’individus qui auraient collectivement «eu peur» est une notion inventée par le quidam soucieux de son pittoresque, parce que le quidam a, en somme, besoin de la meute qu’il dénonce pour se donner un sentiment d’existence propre.
Il est bien trop égotique de vouloir vomir son prochain et de le réduire au composant du troupeau ; certes, cela permet à bon compte de se figurer alors en fier étalon galopant librement, mais ce n’est qu’un coup d’égo.
Le monde moderne est tant odieux, surtout, parce qu’il conduit les mieux cérébralement lotis d’entre nous à briser tout élan de charité. Or, quelqu’un comme Houellebec use de la rhétorique que cela autoriserait et, hors le talent littéraire qu’il n’a pas, cela revient tout simplement à la tentative de singer Louis-Ferdinand Céline, que les plus «éclairés» satisfaits d’eux-mêmes aiment tant idolâtrer.
Poser un diagnostic observationnel est à la portée du premier venu, sans compter que le moindre diagnostic est, par nature, sensiblement improvisé. Cela ne suffit nullement ; il s’agit de remonter aux sources, d’en déduire les conséquences; bien sûr, mais sur soi-même, avant tout. «Que celui qui n’a jamais péché […]» juge, peut-être, ceux qui lapident volontiers, mais seulement celui-là, s’il vous plaît. Or, celui-là, qui n’aurait jamais péché, il ne se permettrait jamais de céder à la tentation libertaire individualiste.
Ces gens qui fondent leur existence sur le mépris du prochain ne sont, finalement et tout simplement, qu’incapables de chevalerie guerrière, car, pour être digne de livrer combat, il importe de savoir reconnaître dans l’adversaire affronté uniquement ce qui ressemble à notre propre inimitié…
Mais il n’y a plus guère de guerrier véritable nulle part, et celui qui vient de dire tout cela n’appartient pas à une meute, uniquement parce qu’il est un loup solitaire, et que, naturellement, il n’a pas choisi de l’être… Dieu l’a collé là, comme cela, va savoir pourquoi… Il n’y a pas lieu d’en tirer la moindre fierté ni de s’autoriser à jeter des yeux hautains sur «ceux qui ne sont rien», sous peine de voir du Maqueron dégouliner sur les écailles de l’œil.
Décidément, je n’aime en aucun cas le Houellebec non plus.
Je suis toujours surpris de lire un homme de qualité qui ne tient pas Michel Houellebecq pour un des écrivains majeurs du siècle…
Mais c’est ainsi ; nobody is perfect, parait-il