Cet entretien est paru dans Figaro Vox hier 22 septembre. Nous ne discuterons pas les explications d’ordre technique données par Fabien Bouglé, lui-même expert en politique énergétique. D’autant que nous partageons son point de vue, plus général, sur le fait que le nucléaire est pour l’heure la solution qui s’impose et surclasse toutes les autres. A noter que, de son côté, Le Figaro-papier de ce matin même, publie une tribune allant dans le même sens, signée de Patrice Cahart et ainsi titrée : « La prolifération des éoliennes, prochain désastre après le fiasco du nucléaire ». Patrice Cahart est ancien élève de l’ENA. Ancien haut fonctionnaire au ministère des Finances. Il est notamment l’auteur de La Peste éolienne (Éditions Hugo & Cie, 2021).
Entretien par Ronan Planchon.
« Pour faire face à la crise, il nous faudra une électricité puissante, pilotable, disponible à la demande et seul le nucléaire peut apporter ces solutions. »
ENTRETIEN – Emmanuel Macron a inauguré jeudi 22 septembre au large de Saint-Nazaire le tout premier parc éolien en mer, dont il entend accélérer le déploiement. Mais cette énergie renouvelable produit beaucoup moins d’électricité que le nucléaire, explique l’expert en politique énergétique Fabien Bouglé.
LE FIGARO. – Emmanuel Macron inaugure jeudi 22 septembre au large de Saint-Nazaire le tout premier d’une série de parcs éoliens en mer, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique. Quel regard portez-vous sur cette stratégie ?
Fabien BOUGLÉ. –Cette inauguration par Emmanuel Macron est l’inauguration d’un grand échec français, celui du déploiement des énergies renouvelables et en particulier des éoliennes. Il faut se souvenir que cette centrale de 80 éoliennes sur 78 km² a été lancée il y a plus de dix ans. Les élus et les riverains de Saint-Nazaire ou La Baule ont pu constater la différence notable qui existe entre les photomontages pixelisés de l’époque et la réalité de l’installation en place aujourd’hui. La pollution visuelle du littoral est particulièrement visible puisque les éoliennes sont à 12 km seulement des côtes, créant une sorte de mur de l’Atlantique.
Le président de la République semble avoir voulu faire de cette centrale éolienne le symbole de la régénération de l’électricité en pleine crise énergétique. Or selon les chiffres de WindEurope (NDLR, une association européenne basée à Bruxelles, qui promeut l’utilisation de l’énergie éolienne), la centrale éolienne en mer au large de Saint-Nazaire, de 78 km², produira 8% de ce que produit la centrale nucléaire de Bugey, près de Lyon, installée sur seulement 1 km². Afin de parvenir à une production électrique équivalente à la centrale nucléaire de Bugey, il faudrait construire 13 parcs éoliens comme celui de Saint-Nazaire soit 1 000 éoliennes sur 1 000 km² . C’est inconcevable.
Le chef de l’État a en revanche mis le frein sur l’éolien terrestre, avec un doublement de la capacité actuelle non plus sur 10 mais 30 ans. Il a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l’horizon 2035. Peut-on concilier nucléaire et éolien en mer ?
Les annonces de Belfort auxquelles vous faites référence font la part belle aux renouvelables, avec une multiplication très notable des panneaux solaires et des éoliennes en mer: entre 4 et 5 000 sont envisagés. On est loin d’un grand plan massif du nucléaire que j’appelle de mes vœux.
Pour faire face à la crise, il nous faudra une électricité puissante, pilotable, disponible à la demande et seul le nucléaire peut apporter ces solutions. Les renouvelables, éoliens ou photovoltaïques sont des sources d’énergie intermittentes qui nécessitent des centrales à gaz ou au charbon en complément. C’est le modèle allemand, avec 45% d’éoliennes et de panneaux solaires, 45% de pétrole, gaz et charbon. Résultat : l’Allemagne émet 10 fois plus de gaz à effet de serre que la France. Il est illusoire de croire que l’on va pouvoir développer une énergie électrique puissante en France avec des renouvelables même s’ils viennent en complément.
Mais à ce stade, la loi qui va arriver au Sénat puis à l’Assemblée nationale doit encore être discutée par les parlementaires, qui sont souverains et devront décider de notre politique énergétique. Le souhait d’Emmanuel Macron est une chose, la volonté politique des parlementaires en est une autre. J’ai bon espoir que les parlementaires retrouvent une forme de lucidité et reviennent à des fondamentaux comme le plan Messmer, en créant les conditions pour atténuer les conséquences très négatives que peuvent avoir les éoliennes pour les citoyens.
Dans un contexte d’envolée des prix des hydrocarbures et devant les risques de pénurie liés à la guerre en Ukraine, les renouvelables intermittents permettent-ils d’assurer notre souveraineté énergétique ?
C’est un leurre puisque la raison de la crise énergétique que nous connaissons est liée à la faible production d’électricité des renouvelables en Europe, notamment via le Pacte vert européen. On veut répondre à une crise en accentuant la raison pour laquelle nous sommes entrés dans la crise. En outre, aucune éolienne, aucun panneau solaire, n’est conçu et construit en France. Pour la fourniture des usines électriques renouvelables, nous restons totalement dépendants de l’étranger.
Le Parlement européen se trompe lorsqu’il veut développer le renouvelable. C’est un échec retentissant. D’ailleurs, la Cour fédérale des comptes allemande l’avait expliqué en mars 2021 évoquant une multiplication des coupures d’électricité et une explosion de la facture électrique si l’Allemagne continuait cette politique. Inutile de dire qu’elle ne s’est pas trompée. Nous sommes dans une situation où il est urgent d’effectuer un virage à 180°.
Avec cette inauguration en grande pompe, Emmanuel Macron cherche-t-il surtout à donner des gages aux écologistes ?
En tout cas, il tente de camoufler l’échec de sa politique énergétique. Il a fermé Fessenheim, alors que l’EPR de Flamanville (Manche) en construction n’a toujours pas démarré, a mis fin au projet Astrid en 2019, qui visait à utiliser les déchets nucléaires pour les transformer en électricité, a maintenu la loi de baisse de la part du nucléaire de 14 réacteurs nucléaires et de baisse à 50% du mix électrique qui est toujours en cours aujourd’hui, et donc il porte une responsabilité extrêmement forte sur la crise énergétique que nous connaissons.
Emmanuel Macron tente de faire croire qu’il fait quelque chose en matière énergétique. Or ce parc a été lancé à l’époque par Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet, sous Nicolas Sarkozy. Sur le plan du soutien de l’opinion publique, je ne crois pas non plus qu’il y gagne en inaugurant un parc particulièrement contesté et par les élus locaux et par les habitants. ■
Fabien Bouglé est expert en politique énergétique. En 2019, il est auditionné par la commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables de l’Assemblée nationale, et publie un premier ouvrage au retentissement important : Éoliennes, la face noire de la transition écologique (éd. Du Rocher). Chef d’entreprise dans le secteur financier et culturel, il est également élu municipal (divers droite) à Versailles. Son dernier livre, Nucléaire, les vérités cachées, est publié aux éditions du Rocher.
Un parc éolien au large du Touquet , c’est pas mal !
Mais ce projet semble avoir été abandonné comme par hasard …faites aux autres ce que vous n’aimeriez pas que l’on vous fasse …
Les décisions ne sont prises qu’en termes d’«amortissements comptables» : il faut donc «amortir» les coûts astronomiques des cabinets d’études et autres bureaucraties ayant triangulé des décennies durant la convergence des différentes sources d’énergie…
Ce sont des stupides, tout simplement, et, en tant que tels, ils s’obstinent dans leur stupidité et leur idéologie… Comme on dit populairement : «indécrottables»… La seule question étant de savoir combien de temps encore ils vont bien pouvoir faire durer ces choses-là… La catastrophe pointe son nez à l’orée d’un futur pour ainsi dire immédiat ; avec cette précision que, à l’échelle des «grands temps», les décennies représentent une chiquenaude d’écoulement, si bien que nous ne pouvons pas rapporter à rien qui nous soit mesurable la durée restante. Cependant, la passion pour l’abomination esthétique, pour la grossièreté des sens, manifeste par ces «parcs éoliens» exactement comme par les scénographies d’opéras, les panneaux publicitaires, les blue-jeans, les costumes-cravates uniformisés, les mégatonnes de plastique, les moralines ricanantes et tout le reste des adiposités décérébrées à l’étal des marchés internationaux, tout cela manifeste à coup sûr qu’il va bien devoir se produire l’anéantissement de quelque chose… Il reste à l’atome de sujétion royale, intérieure à chacun, de trouver comment nous mettre au service de la dentelle dans laquelle je déclare que nous sommes commis de faire, faire dans la dentelle – réellement intellectuelle et, par conséquent, fulminante – ayant charge de verser les déflagrations de synthèse et leur barda larmoyant dans le Cocyte de l’Illusion.
On pourra me trouver passablement «rêveur», cependant, il y a lieu de regarder en face l’ensemble hallucinant de l’apothéose moderne et, comme cela se réfléchit si souvent désormais, il y a dix ans, nul n’aurait pu imaginer cela ; par exemple les confinements, la vaccination obligatoire, l’unilatéralisme occidental, ses «évolutions» bellico-idéologiques……………
D’une certaine façon, le science-fictionnesque panorama offert par ces formidables imbécillités à tous vents devrait permettre que les quelques débris de «sens commun» (au sens où l’entendait Chesterton) anesthésiés dans «les cités de la nuit écarlate» (titre d’un roman de l’effroyablement prophétique William Burroughs) secouent leur torpeur et file le coton d’un renouveau.
Au large du Touquet , mais bien sur, et pourquoi pas au large de Nice et de Cannes, ils sont capables de tout. La France n’a plus d’ingénieurs. Ce qui arrivent en technicité sont refusés en connaissance de l’Anglais qui est éliminatoire . Il faut obligatoirement blablater la langue anglaise, les connaissances techniques devenant secondaires. Alors qui va moderniser la France, les « pinsouilles » politiques que nous laissons nous diriger. C’est la raison de notre actuelle vision du progrès.