Par Michel-Yves Michel.
Éric Zemmour s’est déclaré « philosophiquement favorable à la peine de mort » alors qu’à plus de 40 ans de son abolition la doxa dominante unanime célèbre l’événement avec lyrisme – en dépit de ce que les Français en pensent majoritairement. Sur ce sujet délicat, Michel Michel mène une réflexion déjà ancienne. Nous avons jugé bon de proposer aujourd’hui aux lecteurs de Je Suis Français de lire ou relire le dernier article qu’il a publié sur ce sujet, alors que ce dernier revient périodiquement au premier plan de l’actualité.
55 % des Français sont partisans de la peine de mort ; ça vous donnerait presque l’envie de devenir démocrate…
L’opinion publique quand elle est pour l’avortement des bébés devient « volonté générale » ; mais elle est populisme négligeable quand elle penche pour l’élimination de Marc Dutroux. Or le populisme est méprisable quand il ne coïncide pas avec « l’opinion autoproclamée éclairée » exprimée par les médias
Le Pape François a décidé de retirer du catéchisme de l’Eglise catholique la possibilité d’appliquer la peine de mort.
Cela ressemble un peu à un ralliement à l’esprit du temps où la mort est devenue “la nouvelle pornographie” selon le mot de l’historien Philippe Ariès. On sait bien que cela existe mais on (se) le cache.
On cache la mort aux enfants qui n’ont plus guère l’occasion de voir un cadavre, on ne se met plus “en deuil”, on conseille à ses amis touchés par la mort d’un proche de se distraire pour “penser à autre chose”.
L’usage de la crémation se répand, ce qui, si j’ose dire, signifie : faire disparaître le cadavre insignifiant…
Une association crématiste (si, il y a des militants pour ça !) s’était inventé comme slogan : ”c’est quand même mieux de laisser la terre aux vivants”, sans s’apercevoir que la terre est faite de déchets organiques, de morts qui font vivre les vivants…
Jadis, il existait des “confréries de la bonne mort” où les participants devaient se préparer à l’épreuve ; aujourd’hui on conseillera à celui qui se préoccupera de ce destin, d’aller voir un psychiatre.
Même dans les cérémonies religieuses on tend à parler du défunt de son vivant, mais on prie de moins en moins pour son salut post-mortem…
C’est dans ce contexte du tabou de la mort qu’il faut replacer le thème de l’interdit de la peine de mort.
Pourquoi relancer le débat sur la peine de mort, apparemment usé dont on ne pourra débusquer l’enjeu qu’en déplaçant la question : pourquoi la peine de mort, aujourd’hui si largement réprouvée par les beaux esprits, a‑t-elle été la norme quasi unanimement acceptée dans toutes les sociétés autres que la nôtre et reste plébiscitée par l’opinion ? Au point que les archéologues reconnaissent qu’il y a des humains dès lors qu’il y a des rites funéraires.
J’en rechercherai la réponse dans une intuition de Baudelaire qui, au siècle dernier, s’interrogea aussi sur le déplacement culturel qui rendait déjà incompréhensible la peine capitale : « La peine de mort est le résultat d’une idée mystique, totalement incomprise aujourd’hui. La peine de mort n’a pas pour but de sauver la société, matériellement du moins. Elle a pour but de sauver (spirituellement) la société et le coupable… Bien que le sacrifice soit parfait, il faut qu’il y ait assentiment et joie de la part de la victime. Donner du chloroforme à un condamné à mort serait une impiété, car ce serait lui enlever la conscience de sa grandeur comme victime et lui supprimer les chances de gagner le paradis ». (“Mon cœur mis à nu”).
Goût du paradoxe ? Cruauté d’un disciple de Joseph de Maistre ?
Suspendons pourtant les réactions de notre sensibilité « moderne » pour remarquer que l’histoire a laissé la trace d’un certain nombre d’exécutions exemplaires où le coupable était par son sacrifice réconcilié avec sa communauté, avec ses dieux, et avec lui-même, réintégré dans sa dignité.
Pensons à l’étonnant procès de Gilles de Rais où « Barbe-Bleue » est pardonné et embrassé par les parents des enfants qu’il avait torturés. Pensons à la Ballade des pendus de François Villon.
Est-il insignifiant qu’un supplicié de droit commun — le” bon” larron — soit le premier homme à qui la porte du salut ait été ouverte. Ouverte par le supplice- même du Christ ?
Au moment où l’anthropologie contemporaine redécouvre l’importance des « sacrifices » (cf. Georges Bataille et René Girard : « La violence et le sacré »), pouvons-nous encore nous défendre de ces conceptions — si étranges pour nous — en les qualifiant de mentalité archaïque ou barbare ?
Au contraire, la désuétude de la peine de mort où tendent nos sociétés industrielles prométhéennes n’est-elle pas l’un des symptômes de la désacralisation qui nous atteint ?
Dans les sociétés traditionnelles, la peine de mort témoignait de ce qui dépasse la vie elle- même, de ce qui dans “l’homme passe l’homme” (Pascal).
Non que la vie n’y soit pas une valeur, mais une valeur parmi d’autres, dans une hiérarchie de valeurs qui constituait d’ailleurs la vie comme valeur.
Sommes-nous encore capables de comprendre ce drame trop exotique, le “hara-kiri” de Mishima Yukio, en 1970, au Grand Etat-Major de Tokyo ? Non ! Comme l’avait compris Nietzsche, les valeurs (« ce qui vaut la peine de » c’est-à-dire du sacrifice) sont des dieux. Et la « mort de Dieu » inaugure le nihilisme que les sociologues, dans leur jargon, appellent anomie.
Îl est donc normal que, dans ce monde où l’homme ne reconnaît pas ce qui le dépasse, tous ceux dont les exigences intellectuelles ou morales vont au-delà de la réaction instinctive un peu obtuse, soient opposés au rétablissement de la peine de mort.
Condamner… « au nom de » quoi ? De quoi le supplice serait-il « signe » ? Quelle absurdité qu’un « sacrifice » qui n’est plus un « faire sacré ». (Dans les derniers temps de son application en France, la guillotine avait cessé d’être un spectacle public).
Pour ma part, je suis forcé de reconnaître que dans ce contexte — la peine de mort est injustifiable, car insignifiante.
Faut-il pour autant s’en réjouir ?
Considérons d’abord que notre époque, si sensible aux souffrances des bébés phoques, est aussi celle des grands massacres organisés, celui des avortements de masse, des échafauds de 1793 aux goulags et aux camps de concentration. Car dans les sociétés dominées par les grandes idéologies modernes où s’est investie l’irréductible aspiration de l’homme à l’absolu, les « croyants » n’ont point de scrupule à sacrifier aux idoles. “Mon corps est à moi”, Progrès, sens de l’Histoire, libération de l’homme, race ou classe, « les dieux ont (toujours) soif »…
Mais, affirmera-t-on, nos sociétés de tolérance dans leur insignifiante permissivité, ne nous permettent-elles pas d’échapper à ces totalitarismes ?
Ce serait trop vite se rassurer.
En effet, dans les sociétés « libérales », au pouvoir d’une justice terrible qui, jadis, tranchait et retranchait dans une mise en scène dramatique où se jouaient le corps, la responsabilité et le salut, succède une administration judiciaire fonctionnelle rattrapant, sans passion, les bavures qui auront pu échapper aux services des éducateurs, psychiatres, animateurs, permanents ou experts en manipulation des organisations qui nous prennent en charge de la naissance à la mort (cf. Michel Foucault : “Surveiller et punir”).
Ce n’est pas seulement la peine de mort que nous abolissons, mais toute peine dans la mesure où elle implique la responsabilité personnelle d’un coupable. « Humanistes », gauchistes ou technocrates : tous les discours ne peuvent qu’affirmer l’irresponsabilité du justiciable qui ne se retrouve devant un tribunal que par une erreur de gestion des organisations sociales ou de l’Etat-providence : il ne s’agit pas de condamner, mais de “rééduquer”.
Le criminel n’est plus responsable parce que plus personne n’est responsable. (Et les prisons débordent ; déjà ou bientôt remplacées par des établissements psychiatriques …)
Le totalitarisme, c’est aussi quand la vie et la mort sont devenues des marchandises à gérer tranquillement, « fonctionnellement », sans drame et sans chocs pour nos sensibilités douillettes (avortement-pardon IVG, euthanasie, banques d’organes, GPA, etc.).
Aussi cette désuétude de la peine de mort est-elle probablement moins l’effet d’une « humanisation » que l’indice de l’insignifiance de la mort (cf. le Tabou de la mort mis en évidence dans notre société par Philippe Ariès) et la « dévalorisation » de la vie.
On ne retire plus guère la vie parce que la vie ne vaut plus guère.
Le tabou de la peine de mort témoigne d’un déni ; le refus de reconnaître que chaque individu est inéluctablement condamné à la peine de mort.
Cette peine de mort est une de peines liées au péché originel, avec le travail (“à la sueur de ton front”) et la souffrance (“tu accoucheras dans la douleur”). Il serait sans doute temps de comprendre que la peine est également le remède (cf. la revalorisation du travail par les bénédictins : ora et labora). ■
* MICHEL YVES MICHEL
Psycho-Sociologue, écrivain
Action Française
1ère publication le 25.09.2020
Condamner à la peine suprême c’est d’une certaine façon rendre justice au condamné lui-même , lui donner l’occasion de réparer , et même parfois de s’amender .
Oui : cf. la mort de Gilles de Rais où le « Barbe bleue » de l’époque, repentant, marche au supplice accompagné par les parents de ses victimes qui chantent avec lui les mêmes cantiques.
Bonjour à vous et merci pour votre excellent article. Pour Gilles de Retz il faut se souvenir que l’Eglise aussi lui a pardonné ; en effet si la pendaison, appliquée, relève de la Justice royale, la crémation, sanction de l’Eglise, ne sera pas appliquée, son corps étant dépendu avant qu’il ne soit dévoré par les flammes. Gilles de Retz sera inhumé dans la chapelle des Carmes, chapelle ducale. La crémation sera assurée par les révolutionnaires, en 1793, lors de la profanation des tombeaux (dont ceux de François II et de Marguerite de Foix, parents d’Anne de Bretagne).
Du côté de la république et non plus du coupable, les valeurs à défendre (VAD) sont si faibles : des abstractions, qu’il est bien normal de ne les guère défendre, si ce n’est par des discours. On se bat lorsque l’on a des valeurs « ce qui vaut la peine de » à défendre. Sinon, comme la justice, on est laxiste.
L’histoire de Gilles de Rais, et donc de sa mort, est longuement relatée dans « Là-bas », ce très grand livre de JK Huysmans.
Michel a parfaitement raison d’écrire que les critiques contre la peine de mort sont valables contre tout type de peine, car le châtiment infligé est toujours irréversible. Je ne sais pas si la peine de mort contient nécessairement la notion de rachat, car les sociétés antiques ne connaissaient pas ce fondement du Salut chrétien. Ni d’ailleurs la notion de péché originel, au sens biblique du mot. Ce qui est sûr en revanche, c’est le lien entre la peine de mort et la souveraineté. Maistre a écrit là-dessus des lignes étincelantes. Pierre Manent a repris le thème dans son livre « Sagesse des Nations ». Il a émis l’idée que, si l’Église catholique a jeté progressivement depuis un siècle l’interdit sur la peine de mort, c’est pour sanctionner à l’égard de l’État la perte de souveraineté subie par l’Église. Il explique ensuite que l’interdiction progressive elle aussi, de la légitime défense relève de la même démarche, de la part de l’État à l’égard du sujet de Droit: puisque l’État a renoncé à être souverain, alors le citoyen doit en faire autant en ce qui concerne la « souveraineté retenue » de la légitime défense. Il est donc impensable de songer à reconstruire un État souverain sans rétablir la peine de mort.
Il y a trente ans j’avais organisé dans ma classe de première, ma foi fort sympathique, un débat sur la peine de mort, à propos de mon cours d’initiation au droit. J’ai a juré qu’on ne m’y reprendrait plus (j’ai continué à organiser d’autres débats moins chauds!) tellement le débat devint passionnel, certains élèves pleuraient, et il était difficile , pour ne pas dire impossible, de prendre un peu de la hauteur. De quoi avions nous peur , sinon de mettre à nue cette peur de la mort refoulée systématiquement, comme l’explique fort bien Michel Michel.
La peine de mort supprime la récidive.
Point.
Combien de personnes ont été tuées par un récidiviste qui aurait dû être guillotiné ?
Pensez aux victimes avant de penser aux assassins.
Certes, vous avez raison. Le meurtrier pendu ne peut recommencer. C’est sans discussion. Cependant on ne peut se contenter de cela, car les abolitionnistes invoquent de grands principes, qui ne sont que des chimères que l’on doit faire s’évaporer.
~ Vive ! la peine de mort & je suis très favorable pour son retour !!! ;
» Les tueurs de toutes sortes méritent d’être tuer sans avoir un grand procés,
cela coutera moins cher, sauf en cas de la légitime défense ;
§ Message d’un: « Royaliste-Lozérien ».
Avant tout ..d’accord avec Bicole . La peine de mort est avant tout la protection de la société , personne sinon ne peut s’ériger en juge et Dieu seul à le pouvoir de vie et de mort..si on est croyant.
Il paraît que les US ont évalué qu’une exécution de condamné coûtait plus cher qu’une incarcération..?,,,, chez-nous elles sont le plus souvent avec des remises de peine …
Je suis extrêmement sceptique sur la vertu exemplaire de la peine de mort ; pour qu’elle le soit, il faudrait qu’elle soit fréquente et, si je puis dire, automatique (ce qui n’est pas du tout conforme à l’esprit du Droit).
Les derniers temps de son application, il y avait une ou deux exécutions par an :le type qui y passait n’avait pas eu de chance : dans le département d’â côté, le jugement rendu par les Assises pour un crime analogue ne donnait que de la prison, quelquefois même non perpétuelle. Une loterie sanglante en quelque sorte.
Donc il faudrait fréquence importante et retransmission télévisée du guillotinage. Sommes-nous certains – hors propos matamoresques – que nous accepterions cela ?
Encore une fois, ce n’est pas avec des arguments d’utilité que la peine de mort se justifie. On n’oppose pas une solution pratique – l’exemplarité – à un principe fondamental – le caractère sacré de la vie humaine. Car il suffit alors d’en discuter la pertinence pour faire tomber en poussière l’idée même de châtiment suprême. En fait il y a deux principes d’égale dignité, deux sacralités qui s’opposent: d’un côté le respect de la vie individuelle, de l’autre la légitimité du pouvoir souverain. L’existence de la peine de mort proclame: la société passe avant l’individu. Et ce symbole conditionne l’existence de toutes les peines et la possibilité de sanctionner les crimes. La fréquence et la publicité sont des points secondaires, que ne manquent pas de monter en épingle les abolitionnistes, comme Peyrefitte ou Varaut, ou Foucault, mais lui était logique avec lui-même car il considérait carrément que la société n’avait pas le droit de punir.
Autrement dit, on instaure une Loi qu’on n’appliquera pas dans les faits.
C’est là de la philosophie, nullement de la politique.
Ce n’est absolument pas ce que j’ai dit. L’application de la peine de mort est du domaine du juge, délégataire réversible du pouvoir souverain. Il ne s’agit nullement de massacrer tous les prévenus, ni de les épargner systématiquement. Pendant les dernières années de la peine de mort, des crimes abominables ont été punis de la prison parce que, précisément, les juges doutaient de la légitimité de la décapitation. Son rétablissement ferait s’évaporer les doutes.
Autrement dit, ce sera, comme jadis, « au petit bonheur la chance » ; il y aurait deux ou trois exécutions par an et le sentiment d’injustice des proches du décapité serait bien compréhensible..
En fait, la peine de mort, si elle était rétablie, serait inapplicable pour les raisons exposées plus avant.
Je ne sais plus qui a dit qu’une Loi inappliquée n’est pas seulement une Loi inutile, mais une Loi nuisible puisque le peuple voit bien que c’est une faribole .
Arguties que tout. cela. Si la peine de mort est rétablie, les juges sauront qu’en l’appliquant, chaque fois que la survie du criminel serait trop injuste, ils ne s’opposeront pas à une vague irrépressible de l’esprit public. Quant à l’argument de la variabilité des sentences, il est valable pour n’importe quelle peine. L’abolition de la peine de mort est en fait la dissolution de l’idée même de châtiment.
Parce que avant 81, les jurys d’assises (et non les juges) « savaient » ? Il y avait fort peu de condamnations.
On ne voit pas pourquoi il y en aurait davantage…
La peine de mort, c’est de la blague symbolique…
Avant 81? La loi concernant les jurys ne date pas de 81 mais de Vichy.
Il me semble que la peine de mort pour tout preneur d’otages qui tue sa victime est un argument dissuasif énorme dans la main du négociateur. Celui qui enlève un enfant pour une rançon et refuse de dire où il l’a caché, doit savoir qu’il sera executé au cas où l’enfant mourrait. Idem pour le terroriste qui a posé une bombe et ne veut pas dire où . Pour certains éxégétes, l’Evangile ne dit pas : » Tu ne tueras point », mais tu n’assassineras pas, ce qui n’est pas pareil. Landru, Fournirer, Petiot sont des assassins méthodiques , réflechis, multi récidivistes, et, dans ce cas, pourquoi les épargner ? Une rédemption éventuelle ? Dieu s’en chargera…
Depuis 1981, les assassins sont logés, et nourris aux frais du contribuable.
Dans de meilleures conditions, paraît-il, que les retraités en maison de retraite.
Rétablir la peine de mort fera de la place dans les prisons et ..
@Antiquus : je veux dire avant l’abolition de la pein e de mort.
@Brarisain Monrose : c’est tout à fait ce que j’ai écrit plus haut : pour pouvoir être appliquée de façon équitable, la peine de mort doit être automatique ; notre conception du Droit n’admet pas cette orientation ; on peut en changer, ce qui ne me dérangerait pas, mais ça me semble très improbable
@Nicole : quelle mesquinerie !
Condamner un criminel à la réclusion à perpétuité est une horreur, le supplice du désespoir et coute cher à la nation; heureusement les condamnés pourront bientôt demander l’euthanasie pour raisons psychologiques et j’espère que l’Etat fera droit automatiquement à leur demande; cela mettra fin au débat.
Il est vrai que la perspective de la mort peut inciter un criminel à se repentir et à demander pardon à ses victimes, comme Gilles de Rais, et dans l’excellent film « Dead man walking » avec Sean Penn; mais dans un monde sans transcendance qui se souvient qu’il a une âme immortelle?
Préalablement au « grand » débat, ne faut-il pas poser la question : pourquoi garder la guillotine ? L’euthanasie, justement évoquée par Claude Armand Dubois, gagne du terrain dans l’opinion et les mentalités. Discutons donc d’euthanasie, de belle et douce mort, comme pour les chiens enragés ou les orques déboussolées . Nos contemporains fuient les responsabilités et les mots bien plus surement que les mises à mort elles-mêmes. Administrée par des médecins, remboursée par la sécurité sociale, ainsi (ou autrement) renommée, la mort n’a, à leur yeux, plus rien d’abominable. Elle est même devenue un droit !
Etrange situation que celle d’un peuple dit souverain, mais incapable de faire valoir son avis sur cette situation.
Sinon, je trouve quand même qu’il y a deux arguments fort discutables en faveur de la peine de mort : l’idée que le condamné pourrait se convertir avant son exécution (alors que le cas d’un Jacques Fesch est une exception) et la même irréversibilité de toute peine, pas seulement la capitale (alors que le condamné peut être indemnisé dans un cas et non dans l’autre).