Archive d’une émission de 1962 (5’13).
Y-aura-t-il une « affaire Barrès », une de plus parmi celles montées par les réseaux déconstructeurs de nos fiertés nationales, littéraires, militaires, artistiques, philosophiques, politiques, religieuses ou autres ? On célèbrera en 2023 un double anniversaire barrésien : celui des cent ans de la mort de Maurice Barrès (1923) et celui des 110 ans de la parution de La Colline inspirée. Les déconstructeurs laisseront-ils passer ces dates sans mot dire contre l’auteur des Déracinés, le patriote lorrain, le nationaliste français qui, sans le rejoindre jamais, fut et resta toujours l’ami de Maurras ? Disons que c’est peu probable et que 2023 – c’est demain – nous aurons affaire à quelques passes d’armes et à divers interdits fulminés contre le patriotisme français. Mieux vaut s’y attendre, voire s’y préparer par la lecture, la réflexion, non l’anathème mais le débat.
Écoutons ici Senghor.
La première remarque qu’on peut se faire, porte sur la tranquille liberté de ton, d’esprit et de parole de Léopold Sédar Senghor qui fut le premier président de la république du Sénégal. Les mots et les réalités qu’ils désignent ne l’effraient nullement, il n’en recherche aucun travestissement, il ne craint pas de nommer les choses, au sens d’Albert Camus : négritude, nègre, nationalisme, race, enracinement, font partie de son vocabulaire courant. Péroncel-Hugoz qui fut son ami nous a souvent rappelé que Senghor recommandait d’en maintenir l’usage : « Dites nègre » ! Dédié aux vains timorés des connotations non-conformes. Nul ne leur tiendra compte de leurs scrupules ni de leurs renoncements.
L’inverse du discours macronien, alambiqué et faux. Le contraire radical de la vague woke d’aujourd’hui. Et, même s’il croit – c’est en 1962 ! – à cette civilisation de l’universel où entrerait le monde actuel, sa référence, bien plus profonde, au nationalisme barrésien, non celui du moi, mais celui d’un nous collectif, son goût pour l’enracinement lorrain qu’il rapproche du sien en terre africaine, forcent l’assentiment et le respect. Il n’hésite même pas à affirmer que la civilisation européenne, et, singulièrement française, est nécessaire à l’accomplissement d’une civilisation africaine.
Emmanuel Macron gagnerait beaucoup, au moment où la France doit repenser sa politique en Afrique, à consulter les paroles et les écrits de ce sage franco-africain que fut Senghor. Nous aussi, d’ailleurs y gagnons beaucoup.
1. Signalons à ceux que le sujet intéresse, qu’il y a dans Hôtes de passage d’André Malraux, de passionnants échanges avec Senghor.
2. Nous avons eu connaissance de cette vidéo sur la page Facebook de Stéphane Blanchonnet. Merci à lui.
Publié le 17.02.2022 – Actualisé le 12.08.2022 et ce jour.
Que voilà une belle vidéo que nous allons faire relayer. Ce sera une belle pièce à verser au dossier du centenaire de Barrès et un bon biais pour y associer des intellectuels africains. bravo également pour le commentaire.