Imagine-t-on de telles images, ressorties du vieux fond traditionnel de l’âme russe, dans les rues de Paris, Grenoble ou Marseille ? Il y en a bien d’autres, d’un autre style, avec d’autres personnages qui ont de plus en plus rarement le visage et l’habit des gens de chez nous. Dans un pays où les crèches sont exclues de l’espace public, les statues déboulonnées, les églises vandalisées, la langue massacrée, etc. etc. une telle présence de la Tradition serait interdite et punie.
À Moscou, des icônes ont remplacé des publicités. Comment est-ce possible s’interroge le site d’où ces photos sont reprises* ? Ce miracle a été rendu possible grâce à une société sacrifiant des bénéfices pour faire face aux temps que nous vivons…
Dans les commentaires, sur Facebook Gérard POL a noté :
« Staline aussi, se souvenant d’avoir été séminariste en Géorgie, avait fait marcher les popes et les icônes en tête des troupes russes face aux armées d’Hitler. »
La Russie en guerre – plus difficile que prévu – fait appel au tréfonds de la Tradition selon son Histoire pour mobiliser toute son énergie.
Et nous ? D’abord, nous reste-t-il des énergies ? Ensuite, à quoi les employons-nous ? Et quelles sont les images dominantes dans nos rues, et celles mises en avant de tout l’espace public, familial, éducatif, politique, médiatique, culturel ? Toutes ou presque catégorie par catégorie (passez-les en revue !) sont des images qui postulent et organisent notre déclin, en vue de notre extinction comme peuple et comme nation historique. Des images de mort.
Nonobstant, brutalité, propagande, faiblisses de tous ordres, Poutine n’a pas tort : à cette heure, le camp de la Révolution et de la décadence est plutôt à l’Ouest. Réaction partout, voilà le vrai mot d’ordre.
Magnifiques images. Il faut regarder sur You Tube des vidéos montrant au théâtre Mariinsky de St Petersbourg un choeur de plusieurs centaines d’enfants chantant l’hymne national russe, le public se mettant debout comme un seul homme, applaudissant à tout rompre pour voir ce que c’est qu’un peuple fier de lui-même.
https://www.youtube.com/watch?v=s-1256MAw8A
En France il est bon ton de détester son pays, d’insulter son histoire, de cracher sur sa culture ou de dire, comme l’ineffable Macron, qu’elle n’existe pas. La Russie expose des icônes dans ses rues, nous, nous sommes condamnés à regarder des affiches publicitaires où la quasi totalité des modèles sont d’origine africaine ou arabe, pour bien nous faire entrer dans la tête que nous sommes un pays occupé, en voie de créolisation, pour reprendre les termes de l’islamo-gauchiste Mélenchon, un peuple en voie d’être remplacé, et nous sommes sommés de nous incliner et d’applaudir et pour ceux qui ne seraient pas contents, il y a la XVII° chambre correctionnelle. Je pleure sur mon pays.
Bien plus jolies que les images hideuses de Halloween, qui commencent à apparaître..
La Russie comme «dernière chance de l’Occident»… C’est pour ainsi dire ainsi que je vois sensiblement les données politiques internationales.
Je me rappelle les processions d’après la fin de l’URSS (je ne saurais plus dire l’année) dans lesquelles les Russes portaient d’immenses portraits des derniers Romanoff, des icônes… Cela m’avait bouleversé.
Je ne suis pas étonné des images qui nous sont ici présentées.
J’ai eu l’occasion de passer trois jours à Moscou, au début des années 2000… J’avais une «guide». Celle-ci m’avait proposé diverses «distractions touristiques» entre lesquelles choisir. Je refusai chacune d’elles, en déplorant que nous n’ayons pas le temps d’envisager quelques «spectacles culturels»… Sur quoi, la jeune femme me proposa la visite d’un certain monastère… Eh bien voilà ! Allons-y.
Elle m’y conduisit et, durant le temps que j’allais et venais dans ce véritable «Paradis» – l’organisation des jardins est de nature édénique, évidemment, afin que les moines y accomplissent «les travaux et les jours» assignés par le Seigneur à l’Homme : «cultiver et garder le Jardin» –, ainsi donc, tandis que j’allais et venais ici et là, elle m’abandonna tout à fait et accomplit l’adoration des icönes… Mon indiscrétion m’a permis d’assister à quelque chose de stupéfiant : en un instant, la jeune femme s’est transformée, elle est devenue une dévote, pourrait-on dire, mais non, il y avait un élément d’une nature supérieure encore à la dévotion : elle s’est SPIRITUALISÉE, là sous mes yeux, et avec le plus grand naturel… Alors, j’ai eu honte de moi-même, de ma «culture» abrutissante, laquelle m’empêchait de saisir instantanément l’essentiel, car, si j’avais su le saisir, évidemment que j’eusse été capable de me signer mille fois et de baiser les icônes de mon côté… Ensuite, nous sommes repartis ; elle est redevenue la guide docile et bien élevée ; moi, j’en suis resté chaviré et, vingt ans plus tard, je me la rappelle avec la même émotion.
La Russie n’a pas rompu avec l’Esprit. Cela tient à son peuple, sans doute… Cela pourrait-il tenir encore à l’effroi communiste, qui aurait tenu les peuples en hibernation, leur offrant ainsi un asile spirituel paradoxal ? Je l’ai quelquefois pensé, notamment au spectacle d’un extraordinaire reportage sur la Géorgie actuelle (du moins, d’il y a une petite dizaine d’années). On y voyait spécialement trois illustrations digne de la plus haute attention :
1. l’équivalent d’un de nos «conservatoires de musique, de danse et d’art dramatique», dans les pratiques duquel était dispensé la danse traditionnelle à des enfants, dès six ans, ainsi, dès six ans, ils exécutaient des tours et des figures collectives de toute beauté, et ce qui va avec, comme des mines délicieuses, des sourires épanouis, la plénitude heureuse de la modestie ;
2. des femmes travaillant à l’usine, vivant dans des blocs d’immeubles du plus désespérant réalisme socialiste, vêtues de vilains tissus, les traits prématurément vieillis, brefs, bien tristes dames, qui, pourtant, «après l’turbin» (comme dit notre détestable “faire peuple” moderne), se réunissaient dans une lugubre salle et chantaient !… Elles chantaient des polyphonies traditionnelles, d’origine paysanne, qu’elles n’avaient pas oubliées, en dépit des trois et quatre générations sous le joug de la modernité soviétique, et leurs chants étaient aussi sublimes qu’aux premiers temps du monde, alors, elles en devenaient belles à pleurer ;
3. dans un village, un vieux bonhomme expliquait craindre que la transmission de son art du chant traditionnel puisse venir à disparaître mais, en attendant, il faisait encore ce qu’il pouvait et, pour commencer, il chantait, tandis que de rares jeunes hommes, autour de lui, l’imitaient…
Il ne faut pas imaginer «une» Russie, mais se rappeler que ce grand peuple est formé de peuples multiples et oser dire LES Russies, desquelles relèvent, bien évidemment et traditionnellement, l’Ukraine… Les fondateurs, les «Rouss» proprement dits, d’ailleurs, n’étaient pas des Slaves mais des Norrains, ce que, si l’on y songe un peu, complique encore davantage l’idée que nous tâchons de nous faire, du côté Atlantique, de ce qui se produit à l’Oural.
Vive la Sainte Russie !!!
En effet, n’idéalisons pas la Russie. Et ne nous laissons pas tromper par cette pieuse mise en scène, la déchristianisation frappe la Russie comme elle frappe la France. Si une alliance avec la Russie est nécessaire (et encore, j’en suis pas sûr), ce doit être pour défendre nos intérêts, pas parce que Poutine serait un nouveau tsar défenseur de la foi orthodoxe.
Pour David ce témoignage daté du 9 août 1942 du journal de Hans Scholl , effectuant un stage médical en Russie
» Il y a huit jours nous étions à Viazma. Là-bas, j’ai pu aller dans une église russe ; c’était une autre liturgie plus riche que celles de nos pays de la ‘Mitteleuropa’. On pénètre dans une vaste salle. Le plafond est noir de suie, le sol est en bois. Une chaude pénombre envahit la pièce. Seuls des cierges placés sous l’autel et les icônes, images sacrées rayonnant d’or, les fidèles sont là dans le plus grand désordre, des hommes barbus avec des visages sympathiques, portant des caftans admirables, des femmes avec des fichus colorés emprisonnant leurs cheveux. Certains s’inclinent en faisant avec de grands gestes le signe de Croix Orthodoxe et embrassent le sol. L’or des cierges illumine leur visage rougi, et pendant que le murmure des voix s’éteint le pope élève la voix et commence à chanter à pleine voix. Un chœur lui répond par de somptueux accords. De nouveau le pope chante, et de nouveau le chœur lui répond, mais des voix nouvelles s’ajoutent maintenant, des ténors à la voix cristalline et des basses merveilleuses de douceur. Les cœurs des croyants vibrent à l’unisson, on sent le mouvement des âmes, qui s’épanchent, qui s’ouvrent après un long et terrifiant silence, des âmes qui ont enfin trouvé leur chemin, leur vraie patrie. Je voudrais aimer et rire, car je vois qu’au-dessus de ces hommes brisés toujours vole un ange, qui est plus fort que les puissances du néant. »