Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
La petite crise d’approvisionnement en carburant qui semble s’achever n’aura pas été qu’un épisode psychodramatique de plus, une sorte de jeu de rôles attendu entre la C.G.T. et le gouvernement. Ce serait une erreur de négliger les interrogations latentes qu’elle a fait réapparaître. Certes, les difficultés ont moins concerné les villes, notamment les populations plus ou moins boboïsées des centres-villes, que leurs périphéries ou les campagnes environnantes. Est-ce une raison pour ne pas s’en inquiéter ?
Coïncidence : sous l’emprise politique de la Commission européenne et sous l’influence idéologique des groupes de pression écologistes, M. Macron vient de confirmer la disparition des véhicules thermiques à l’horizon 2035 : « Nous assumons cet objectif de 100 % de véhicules électriques en 2035. » (M. Macron, Les Échos, 17 octobre). L’intention peut paraître louable : les véhicules automobiles polluent et cette pollution semble insupportable dans un contexte de dégradation climatique.
C’est toutefois vouloir aller un peu vite en besogne, dans la mesure où le « saut technologique » qui seul rendrait le véhicule électrique moins « carboné » (dans sa production) et plus performant (dans son utilisation), ce « saut technologique » quoique partiellement possible reste globalement incertain. Incertaine aussi la garantie de l’alimentation électrique des véhicules et celle du recyclage intégral des batteries. En revanche, et c’est certain, le coût à l’achat sera toujours élevé puisque fonction de celui des matières premières, qui explose, et de moyens de fabrication dont la France ne s’est pas encore dotée.
Tout cela n’est pas encourageant. M. Macron s’était déjà trompé sur le nucléaire : aussi, plutôt que de faire de la « bagnole » le bouc émissaire idéal, il eût été plus raisonnable de se montrer moins radical, plus pragmatique, et de fixer une échéance à plus long terme assortie d’une phase transitoire – rappelons ici que de gros progrès ont été faits pour des véhicules thermiques devenus de moins en moins polluants.
Au contraire, le pari macronien, s’il est perdu, pénalisera d’abord et surtout tous ceux que le mode de vie actuel contraint à utiliser un véhicule et qui pourraient bien n’avoir jamais la capacité financière de se doter d’un joujou électrique, lequel joujou, de toute façon, « ne remplacera[it] pas le véhicule thermique sur tous ses usages » selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
A l’inverse des bobos des centres-villes que la décision de M. Macron ne peut que satisfaire, tous ceux qui n’ont pas ou plus les moyens de se loger en ville peuvent donc commencer à s’inquiéter. Il est vrai qu’aux yeux des « élites », ils ne sont que des « souchiens », bouseux ou périphériques, qui « clope[nt] et roule[nt] au diesel », pour reprendre les propos misérables du misérable Benjamin Griveaux (2018), archétype du petit marquis parisien.
Autre coïncidence, vient de paraître le dernier essai du géographe Christophe Guilly. Après les « sacrifiés » de sa France périphérique, (2014) voici Les Dépossédés : « Ils subissent un éloignement géographique, social, politique et culturel. Ils sont la majorité. […] Ils sont les dépossédés. » Sacrifiés, dépossédés et même humiliés et offensés : ils sont aussi, souvent, les abstentionnistes ou les stigmatisés du vote « extrême », c’est-à-dire le terreau des révoltes à venir. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Sans oublier tous ceux qui travaillent avec un véhicule et ils sont nombreux, ces futurs chômeurs du nouveau monde.
On ne nait pas Français , on acquiert l’esprit Français. Cette bonne pensée est unique en Europe, parce qu’il sous tend le modernisme tout en gardant ses racines, offrant la possibilité de faire ou de ne pas faire ensemble et en toute liberté acceptée, dans l’espoir d’atteindre le but recherché. Ou est passé le projet national de vouloir construire ensemble un avenir Français.
On casse tous les jours. Le peuple ne comprend pas cette théorie , cette doctrine , cette religion nouvelle verticale sans souplesse qui s’impose sans délicatesse. Ce n’est pas aux politiques sortis tout droit de l’école d’imposer un nouveau mode de vie insaisissable.
Au lieu d’annoncer une promesse qu’il ne pourra pas tenir, en 2035, il aura disparu des radars politiques, le locataire temporaire de l’Elysée aurait pu s’inspirer du sketch de Fernand RAYNAUD : dans un CERTAIN TEMPS, aucun risque d’erreur