Sabrina Sebaihi, notre sorcière bien-aimée

---

PAR RÉMI HUGUES.

En réaction à la demande de dissolution de l’AF

Mardi 25 octobre 2022 la députée Europe Écologie-les Verts Sabrina Sebaihi a réclamé la dissolution de l’Action française[1] d’un ton rageur, ce qui fait tache quand on prétend lutter contre la haine. Cela fait tache aussi d’avoir comme initiales de son patronyme S. S. quand on se veut l’ennemi des « néo-nazis ».

Mettons-nous un instant à son niveau intellectuel. Elle accuse l’Action française de comploter contre sa chère République, la-péripatéticienne-Marianne. Sabrina Sebaihi donc conspirationniste !

Cette députée lance ses anathèmes, procède par amalgames et raccourcis historiques, dit autrement, elle parle de plomb – Charles Baudelaire aurait sans doute préféré l’emploi de l’expression elle parle de boue. Madame S. S. si l’Action française était raciste, pourquoi aurait-elle offert une tribune[2] à une femme qui comme vous est d’origine algérienne, à savoir Farida Belghoul, la « Zinedine Zidane de la Manif pour tous », qui via ses Journées de retrait de l’école (J.R.E.) fut la seule à marquer des points durant cette séquence politique d’attaque en règle de la Loi naturelle par le Pouvoir républicain ?           

« S. S. », en désignant l’Action française comme l’ennemi public n°1 risque de s’abîmer, tel Manuel Valls qui est totalement sorti du jeu, ce qui prouve que sa croisade républicaine contre Dieudonné, très apprécié par nombre de Français, lui a été préjudiciable.

En outre, Valls avait été le meilleur impresario du maître de l’humour noir. Et c’est pour cela que nous nous devons de bien aimer S. S., qui gratuitement vient d’offrir à l’Action française une prestation qui coûte un bras chez Publicis.

Dans L’essence de la modernité, paru en 2018, nous écrivions ceci : Toute société a ses censeurs, qu’ils soient violents ou pacifiques, c’est une évidence.

Mais ce qui l’est moins, c’est que le censeur est un Janus. Comme le dieu de l’Antiquité romaine, il a deux faces : le censeur de tel artiste est aussi son meilleur publicitaire. Qui se souviendrait de Voltaire s’il n’avait pas été ‟embastillé” ? On n’en sait rien, la postérité est faillible… Les fascistes n’ont-ils pas, également, permis à Antonio Gramsci un succès posthume à l’échelle internationale, faisant de lui le plus grand intellectuel italien du XX^e siècle, en le claquemurant dans leurs geôles ? Ou encore, l’immensité de l’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne, son homologue russe, n’est-elle pas redevable de la barbarie bolchevique ?

Le censeur est à la fois le meilleur ami et le meilleur ennemi de l’artiste qui a le génie de s’attirer les foudres du pouvoir en place, en produisant une œuvre subversive. Car le propre du Génie, c’est d’accéder à la notoriété par la vocifération des censeurs, plutôt que par les éloges du monde. »[3]

Si c’est la figure de l’artiste qui est évoquée dans ce passage, cela peut à la vérité tout aussi bien s’appliquer aux affaires politiques.

Nul doute que le plus embarrassé dans cette histoire ce n’est pas le collectif formé par les militants de l’Action française, ravis qu’ils pourraient bien être que l’on parle de leur organisation au sein même de l’Assemblée nationale mais le lointain successeur de Valls, le ministre de l’Intérieur, à qui s’est adressée S. S. – Gérald Darmanin –, lequel a été un temps acquis aux idées nationales voire royalistes, allant jusqu’à écrire quelques papiers pour Politique Magazine, mensuel de référence de notre mouvement, fondé par Hilaire de Crémiers.

Si Darmanin n’accède pas à la demande de S. S., ces excités de la Nupes, qui font des royalistes – qu’ils traitent de « fachos » – les boucs émissaires parfaits, ne manqueront pas de lui rappeler ce passé à leurs yeux coupable. Alors qu’il aurait dû démissionner après l’horrible homicide de Lola, il ne manquait plus que cela au locataire de Beauvau.

Fragilisé par les ravages causés par l’inflation galopante, qui a amené une crise énergétique sans précédent (dont la dernière victime est la prestigieuse boulangerie Poilâne), le Système est aux abois. Il s’attend à l’irruption d’une colère sociale totale, dont le mouvement des Gilets jaunes aurait été la répétition générale.

La secrétaire d’État à la Citoyenneté Sonia Backès l’a admis dans sa réponse à la députée S. S. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) – le contre-espionnage français – est aux aguets : si elle surveille de près tous les partis antisystème ce n’est plus tant pour prévenir d’éventuels attentats ou troubles à l’ordre public mais pour mater tout début de rébellion.

Un fait arrivé récemment, relaté par le journaliste de BFM Business Matthieu Pechberty le 28 octobre 2022, en témoigne :

« Jour de grève au sein du Réseau de transport électrique (RTE) ce vendredi. La CGT appelle à la mobilisation alors que quatre salariés de l’entreprise vont être licenciés. Leur procédure disciplinaire commence aujourd’hui pour l’un d’entre eux. Mais surtout, ils ont été renvoyés devant le Tribunal correctionnel en février prochain après une plainte de RTE l’été dernier pour entrave et sabotage. L’affaire a fait grand bruit alors qu’ils ont été placés en garde à vue pendant trois jours, début octobre, dans les locaux de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Entre le 15 juin et le 22 juillet, ces quatre salariés de RTE – dont un seul est syndiqué – ont participé à des grèves dans le Nord de la France, pour réclamer des hausses de salaire. Au cours de ces cinq semaines, ils ont participé à 17 opérations consistant à rompre la communication entre le réseau local dans le Nord et le réseau au niveau national. Cette manipulation vise à ‟reprendre en locale” selon le jargon, la gestion d’une petite partie du réseau, et de la détacher du niveau national. Une manière de le rendre ‟invisible” depuis Paris, sans toutefois qu’il soit coupé. Cela oblige RTE à envoyer un technicien pour ‟rebrancher” la boucle locale sur le réseau principal.

Concrètement, ‟il n’y a eu aucune coupure de l’approvisionnement électrique, reconnaît-on chez RTE. Mais on a perdu la vision des postes. Dans ces conditions, il est plus difficile de piloter le réseau et cela met en péril la sécurité d’approvisionnement”.

RTE a le statut d’opérateur d’importance vitale. Mais les syndicats de l’entreprise réfutent ces arguments. «Il n’y a eu aucune coupure d’électricité et ce genre d’opérations est souvent réalisée pendant les grèves”, assure Francis Casanova, responsable CGT chez RTE.

Le 26 juillet, l’entreprise a déposé plainte. Trois jours plus tard, le Parquet de Paris a ouvert une enquête et confié l’affaire à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSI). Une décision étonnante alors qu’habituellement, les grévistes passent seulement quelques heures dans un simple commissariat. »[4]

Désormais le Pouvoir pratique la politique de la mano dura contre les opposants politiques. Depuis décembre 2018 Macron éprouve une peur panique à l’égard du peuple français. Normal : c’est un peuple régicide. ■

[1] Voici la vidéo : https://videos.assemblee-nationale.fr/video.12362966_6358263682c5d.questions-au-gouvernement—mardi-25-octobre-2022-25-octobre-2022

[2] Le 2 avril 2014 au Cercle de Flore. En voici la preuve : https://vimeo.com/91271271 ;  https://vimeo.com/91967018 (vidéo en deux parties) Le blog « Je Suis Français » la soutient en annonçant certaines de ses émissions sur YouTube (la dernière fois le 18 septembre 2020).

[3] Édilivre/Aparis, 2018, p. 57.

[4] https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/pourquoi-les-services-secrets-ont-traque-quatre-salaries-de-rte_AN-202210280030.html

---

À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)

 

 

 

© JSF – Peut être repris à condition de citer la source