PAR RÉMI HUGUES.
Suite d’articles (5 parties), continuée les prochains jours.
Adepte de saint Augustin, qu’il cita lors de son discours d’investiture du 20 janvier 2021 – reprenant sa définition du concept de peuple[1] – Joe Biden revendique être le chef suprême d’une la guerre juste faite à Vladimir Poutine.
Les considérables efforts militaires et financiers déployés pour soutenir l’Ukraine sont justifiés parce que la cause est juste : il y a « un agresseur à repousser, des vies à protéger, une oppression à faire cesser, une injustice à réparer »[2]. C’est l’ultime recours : l’armée russe est présente sur le sol ukrainien, elle lance des missiles dévastateurs, au langage des armes on ne peut répondre que par le langage des armes. De plus l’intention est droite : faire respecter le droit international, les droits humains de la population ukrainienne. L’autorité est en outre légitime : un groupement d’États souverains associés au sein d’une alliance militaire autour des valeurs telles que les libertés publiques, la démocratie et le souci de l’état de droit. Il y a proportionnalité dans la réponse : l’objectif est de repousser l’ennemi sans qu’il y ait de confrontation directe entre OTAN et Russie, il n’est pas d’envahir le territoire de cette dernière. Enfin l’espérance de succès existe car l’OTAN est la première puissance militaire au monde. Il est donc raisonnable de penser qu’elle va réussir à dompter l’ogre russe.
Certes l’Ukraine est portion congrue à côté de la Russie, mais elle bénéficie de l’appui de l’Occident, formé par les États-Unis et « son jumeau européen »[3] ainsi que des pays satellites comme le Canada ou l’Australie, dont historiquement la puissance repose sur sa suprématie techno-économique, « née à Manchester et achevé dans ses grandes lignes à Chicago et à Saint Louis un siècle plus tard. »[4]
Voilà pourquoi des mois après son commencement le conflit s’enlise : ce n’est pas une guerre entre l’Ukraine et la Russie, c’est une guerre entre la Russie et l’Occident, une guerre plus ou moins directe, par proxy, où ce dernier feint d’être un modèle en matière de respect du droit international, le garant par excellence de la charte des Nations Unies, qu’il avait pourtant bafouée en 2003 au moment de la seconde guerre du Golfe.
L’OTAN, sans le soutien de l’Allemagne et de la France (qui n’était pas encore revenue dans son commandement intégré), avait envahi une nation souveraine, l’Irak, sur la base d’un prétexte fallacieux, un mensonge, en violation totale des règles instituées par l’ONU.
Mais cela The Economist, l’hebdomadaire de la City de Londres, n’en a cure : c’est oublié… Et l’on se dit, en lisant son éditorial qui pointe du doigt les mensonges russes, que c’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, si l’on nous concède cette expression triviale. Dans son numéro du 17 septembre 2022, il est indiqué que le peuple ukrainien « se bat pour ses maisons et ses camarades citoyens. Les troupes russes se battent pour un tas de mensonges : que l’Ukraine est dirigée par des ‟Nazis”, ce qui constitue une menace pour la Russie, que sa population veut être libérée par la Russie. »[5]
À lire les colonnes du magazine l’on constate effectivement que Poutine, dépeint comme un « tyran avec des illusions de grandeur historique » (« tyrant with delusions of historical grandeur »), a face à lui l’Ouest, qu’en déclarant la guerre à l’Ukraine il a déclaré la guerre à l’Occident, à cet ensemble surpuissant mais en déclin qui va de l’Alaska à la Nouvelle-Zélande en passant par la Turquie. En attestent ces préconisations faites par The Economist : « L’Ouest devrait essayer de creuser un fossé entre le régime et le peuple russe. Les dirigeants occidentaux devraient insister sur le fait qu’ils s’opposent à M. Poutine, pas à son peuple. Les pays occidentaux devraient accueillir les déserteurs russes, en particulier les plus diplômés. »[6] ■ (À suivre).
[1]« Many centuries ago, Saint Augustine, a saint of my church, wrote that a people was a multitude defined by the common objects of their love. », autrement dit en français: « Il y a plusieurs siècles, Saint Augustin, un saint de mon église, écrivit qu’un peuple est une multitude définie par ses volontés communes d’amour », https://www.whitehouse.gov/briefing-room/speeches-remarks/2021/01/20/inaugural-address-by-president-joseph-r-biden-jr/
[2]Christian Mellos, op. cit., p. 592.
[3]Alexandre Adler, L’Odyssée américaine, Paris, Grasset & Fasquelle, 2004, p. 14.
[4]Ibid., p. 20-1.
[5]En version originale : Ukraine’s people « are fighting for their home and fellow citizens. Russia’s troops are fighting for a basket of lies : that Ukraine is run by ‟Nazis”, that it poses a threat to Russia, that its people want to be ‟liberated” by Russia. », p. 9.
[6]« The West should try to drive a wedge between the regime and the Russian people. Western leaders should stress that their quarrel is with Mr Putin, not his subjets. Western countries should become Russian defectors, especially the most educated. », idem.
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
On pouvait espérer qu’une victoire républicaine conduirait Biden à réviser l’attitude envers l’Ukraine et forcerait celle-ci à la négociation; cela ne semblera pas le cas même si les républicains contrôlent le Congrès.
Les « accros » à la démocratie bourgeoise rêvent d’un nouveau ELSINE, un incapable , cornaqué par les services américains ( CIA ) , qui leur permettra de diriger le monde et imposer leurs lubies ( transgenre, woke, cancel culture, SANS AVOIR à FAIRE la guerre qui deviendrait vite impopulaire , ruineuse et dévastatrice