PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cet article – qui constate simplement l’évolution de type révolutionnaire de l’actuelle réalité politique française – est paru dans Le Figaro de ce samedi 19 novembre. Cette « tentation de la violence », ou même de formes à peine renouvelées de la Terreur, nous en connaissons ici l’origine historique dont le Régime demeure irrémédiablement marqué. Nous n’ajouterons rien de plus, cette fois-ci, laissant ce soin, s’il y a lieu, aux lecteurs parfaitement compétents et talentueux de JSF.
CHRONIQUE – Le chef de la France insoumise a invité ses militants à devenir miliciens sans que l’immense majorité des médias n’en parle…
Face aux «milices» imaginaires de l’extrême droite,
Jean-Luc Mélenchon a multiplié dans sa longue carrière les outrances, mais il a peut-être franchi un cap sans que les médias ne s’en aperçoivent lors de son discours de Clermont-Ferrand, le 14 novembre, en succombant à ce qu’il faut bien appeler une forme de tentation milicienne.
Dans un élan halluciné, il a présenté la France comme un territoire patrouillé par des milices d’extrême droite «prétendant contrôler les gens qui passent dans la rue» ou «contrôler des gens qui montent dans le bus», en parlant de «milices en train de se balader dans Lyon, en foutant la trouille à tout le monde, en tabassant des gens». Il n’a pas hésité à en rajouter: «Ils sont dangereux. Et pendant qu’on vous montre les “islamo-gauchistes” du doigt, pendant ce temps-là, c’est les autres qui foutent la trouille à tout le monde, qui tabassent, qui font du racisme une pratique de rue.»
Face à cela, le chef Insoumis a lancé un appel à la mobilisation. «Vous autres, les militants (…), va falloir commencer à vous organiser, les camarades. Parce que nous, à Marseille, on a dû y aller avec des méthodes impactantes.» Qu’entendre ici par «méthodes impactantes»? Face aux «milices» imaginaires de l’extrême droite, on y verra un appel à constituer des milices Insoumises, contestant par ailleurs le monopole de la violence légitime exercé par l’État. Imaginons un instant que Marine Le Pen faisait un semblable appel. La République serait jugée en péril.
Dans un récent entretien à la Revue des deux mondes, Jean-Luc Mélenchon avait présenté la violence révolutionnaire comme une contre-violence, comme une violence défensive ; autrement dit, comme une violence légitime. «La violence de la contre-révolution, dit-il, est toujours un multiple de la violence révolutionnaire.»
De ce discours halluciné, qui décrit une France fascisée n’existant que dans le cerveau idéologiquement intoxiqué de la gauche radicale, on se demandera s’il relève du délire ou du cynisme.
Dans le premier cas, Jean-Luc Mélenchon confesserait la vision apocalyptique d’un monde dominé par une violence de rue exercée par des gangs racistes et fascistes. Cette description étant simplement fausse, on se désolera alors de voir le vieil orateur sombrer dans un univers parallèle. On ne peut rien faire pour un homme qui n’habite plus la réalité, même si on peut se désoler de le voir entraîner une partie de la population dans son délire.
Milices antifascistes
Dans le deuxième cas, s’il s’agit de cynisme, on verra dans ce discours de Mélenchon une stratégie d’enfumage du réel pour dissimuler une réalité dont il ne peut pas ne pas être conscient: la violence politique de la gauche radicale est la seule qui existe réellement aujourd’hui et qui exerce une vraie force d’intimidation dans la vie civique.
Vient d’abord à l’esprit celle des antifas, naturellement, véritables milices devant lesquelles les autorités aiment se dire impuissantes, en prétextant qu’elles ne seraient pas structurées à la manière d’une organisation formelle, officielle. Ces milices se permettent d’attaquer des librairies, mais aussi des conférences, des meetings, chaque fois avec l’idée de créer une terreur décourageant désormais les propriétaires de salles de les accueillir, pour les frapper concrètement d’une interdiction sociale.
À hauteur de l’histoire, on y verra les supplétifs du régime diversitaire, se permettant de charger physiquement ceux qu’ils désignent à la vindicte publique à la manière de parias, de rebuts civiques. Il y avait quelque chose de lunaire, à Clermont-Ferrand, à entendre Mélenchon se désoler qu’il faille désormais exercer une fouille à l’entrée de ses meetings, alors que ce sont les militants de l’ultragauche qui ont pris l’habitude d’attaquer les meetings des candidats «populistes».
À la violence des antifas on ajoutera celle des activistes trans radicaux, qui s’adonnent à une terreur décomplexée pour empêcher les événements qu’ils accusent de verser dans la «transphobie», et cela, sans que les médias ne s’en émeuvent. L’annulation récente d’un colloque sur les enfants transgenres par la mairie du 3e arrondissement de Paris en témoigne.
On pourrait aussi ajouter celle des écolo-gauchistes qui n’hésitent pas à verser dans le sabotage et à affronter les forces de l’ordre comme on l’a vu dans les Deux-Sèvres. Mais le système médiatique, encore une fois, ne met pas en récit cette violence, sauf lorsqu’il s’agit de la minorer ou de la justifier.
Alors on en revient à Jean-Luc Mélenchon, qui invite ses militants à devenir miliciens sans que l’immense majorité des médias n’en parle, soit parce qu’ils ne l’entendent pas, soit parce qu’ils sont convaincus, comme lui, qu’un discours de droite est bien plus dangereux qu’une manifestation violente de gauche. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois(éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime(Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
Première remarque :
Il va bien falloir arrêter, un jour ou l’autre, de nous rapporter les moindre faits, gestes et paroles de M. Mélenchon car le pire qu’il puisse lui arriver c’est de prêcher dans le désert. Il se retrouvera alors comme ces vieux cabots qui s’entêtent à jouer devant une salle vide.
Si, malgré tout, vous tenez à commenter les actes de ce quidam, tenez-vous en à cette phrase de Michel Audiard : « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît »
Seconde remarque :
La violence des antifas et autres et inversement proportionnelle aux risques qu’ils courent. Habitant dans la France profonde, je peux vous assurer que l’on n’en a JAMAIS vu au pays des chasseurs.
Je vous trouve un rien péremptoire, mais ce n’est pas l’important.
1. En somme, vis à vis des antifas qui agressent nos militants, interdisent nos conférences, menacent et molestent ceux qui y assistent, vous nous conseillez de faire l’autruche et de se ou leur réciter la phrase bien connue d’Audiard.
2. Idem vis à vis de Mélenchon dans l’attente ou l’espoir que, grâce à notre silence ?,il ne parle plus un jour ou l’autre que devant des salles vides. Si c’est comme « l’an prochain à Jérusalem », l’attente risque d’être longue et notre silence irresponsable.
3. Vous niez la violence des antifas au prétexte que vous ne l’avez pas rencontrée dans la France profonde. Tant mieux pour vous ! Mais votre indifférence aux autres force le respect ou provoque l’indignation, comme vous voulez. Peut-être les eux, au fond.
D’accord avec GP. Il faut prendre conscience que la carence régalienne de l’Etat macronien engendre la nécessité de l’auto-défense.
D’autre part, le Grand Prêtre lui-même fut un vrai prophète lorsqu’il condamna le Messie en disant : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas ». (St. Jean 11-50). Mélanchon est une vieille carne trotskyste qui a l’instinct de ce qui dépasse le petit calcul électoral. Comme les animaux qui fuient la côte avant un tsunami, il attend, guette, pressent la montée des circonstances révolutionnaires. Et nous aussi devons y être attentifs, non que nous souhaitions le désordre social, mais parce que nous savons que le changement de Régime que nous voulons, ne sera possible que dans ces circonstances exceptionnelles. Nous ne sommes pas à la source de l’anarchie, mais nous devons nous préparer à en tirer profit.
D’accord avec Michel. Quant au dernier point, cela signifie-t-il que nous (j’entends les royalistes) devons canaliser le populisme en notre faveur ? Si oui, comment ?
C’est la question centrale de la stratégie.
Mais il me semble que nous devons organiser en parallèle du « mouvement-école »:
– Des réseaux militaires discrets (dans la gendarmerie plus que dans la marine), mais bien centrés sur le politique et pas uniquement sur le « métapolitique »; puisque en situation de troubles civils et de flou dans les consignes de l’Etat, l’armée reste relativement organisée…
– Un corps de techniciens de l’Agit-Prop entraînés à cornaquer les foules, à infléchir les agitations et mouvement sociaux (ça ne s’improvise pas),
– Des contacts avec les partis politiques au pouvoir ou susceptibles d’y arriver, pour y trouver des complicités. Il faut rendre quelques menus service à des ambitieux, pour qu’il tolèrent les deux précédents points (comme le macronisme tolère les anti-fa ou que naguère le PS faisait monter du personnel nouveau par l’ascenseur de SOS racisme).
Nous aurions tort de ne pas prendre au sérieux l’outrance, la mauvaise foi et la violence des menaces de Mélenchon. Inutile de chercher son programme, il n’en n’a pas, sinon comme le fait très bien remarquer Michel Michel, d’humer les effluves du chaos social, du « tsumani » , qu’il appelle de ses vœux pour exister. On peut aussi noter- et c’est effrayant- sa sourde complicité avec le pouvoir en place, lui aussi d’extrême gauche sur le plan sociétal. On dirait deux enfants qui prennent un plaisir pervers à casser ce qui reste de société. Nous devons nous tenir prêts pour recoller, reconstruire, c’est une longue histoire, la nôtre. .
Mélenchon est un dangereux personnage politique démagogue et qui cherche à créer le chaos en espérant en tirer un bénéfice électoral ou de subversion.
Ses déclarations fracassantes sur les dangers d’un risque terroriste de la droite extrême reflètent le fond de sa pensée de révolutionnaire trotskiste raté. Il fait penser aux révolutionnaires exaltés lors des diverses insurrections qui ont suivi 1789, qui ameutaient, tel Camille Desmoulins, le peuple de Paris en toute occasion contre de soit disant complots et mobilisations contre-révolutionnaires des nobles en vue de mater les révoltes populaires alors que rien n’existait de tel en vérité car le roi n’a jamais rien entrepris afin de mater la révolution même dans ses pires excès, laissant ainsi se faire massacrer les gardes suisses sensés le protéger physiquement contre les violences de la foule déchaînée, après avoir ordonner à ceux-ci de rester immobiles l’arme aux pieds sans tirer le moindre coup de feu contre le peuple qu’il chérissait par principe.
Hélas pour lui, trop de bonté de sa part envers le mauvais peuple rempli de haine ne l’a conduit qu’à sa perte.