De la page Facebook de Julien Langella.
« Frédéric Mistral, fondateur du Félibrige, ne les goûtait guère [les corridas], même les locales, et ne leur réserva qu’une maigre place dans ses œuvres. Pourtant sa participation à la corrida nîmoise de protestation en 1894 révèle une première évolution. Il déclara préférer les jeux provençaux et montra qu’il n’était pas dupe de l’amalgame opéré par les aficionados.
Néanmoins, il accepta d’inclure la corrida dans la défense des traditions régionales et des libertés municipales : « Sans être partisan personnellement des courses espagnoles, j’aime tout ce qu’aiment mes compatriotes ».
Une position précisée par Emile Ripert : « bien qu’il se souciât assez peu de se faire, comme il le disait, « le porte-drapeau de la tauromachie espagnole « , il n’avait pu se défendre de présider une manifestation où semblait engager la défense des libertés méridionales ».
L’intégration de la corrida s’acheva trente ans plus tard avec le marquis de Baroncelli qui considéra la Camargue comme le sanctuaire de la Provence épargnée par le progrès destructeur, se fit manadier (éleveur de taureaux) en son sein et promut les courses au rang de symbole de l’identité méridionale. » ■
Eric Baratay. Comment se construit un mythe : la corrida en France au XXe siècle. In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 44 N°2, Avril-juin 1997. pp. 307-330.
Notre époque n’a plus le sens du Tragique. D’où le tabou de la mort (la nouvelle pornographie disait Philippe Ariès), l’interdit de la peine de mort, l’interdit du bizutage (et de la totémisation dans le scoutisme), l’incompréhension de l’initiation, et bien sûr de la corrida.
Adieu les mythologies antiques de la Crête, adieu les tragédies grecques, adieu l’amor fati.
Nous sommes tous condamnés à mort, mais bien plus, à l’insignifiance de cette mort.