Bérénice Levet répond aux questions d’Ivan Rioufol. (À partir de 22,50′ – Durée env. 20′)
Plus loin, nous reprenons de Sens critique la présentation de son dernier ouvrage Le Courage de la dissidence, L’esprit français contre le wokisme – 2022.
En effet, cette présentation restitue en substance le fond de son entretien avec Ivan Rioufol, où, comme toujours, elle se montre à la fois passionnée et profonde, ou encore militante, comme elle le dira elle-même à Ivan Rioufol.
Nous reprenons souvent les fortes méditations de Bérénice Levet, données sur Causeur ou sur Le Figaro. Les lecteurs de Je Suis Français la connaissent bien. Il s’agit cette fois-ci de l’écouter et l’on en sortira plus intelligents, plus dissidents, et, si l’on en est capable, plus courageux.
Livre de Bérénice Levet · 2 novembre 2022 (France)
Vous êtes las d’entendre parler à tout-va d’identités, de diversités, de minorités ? Leurs sommations, leurs bûchers, leurs revanches victimaires vous impatientent ? Ce livre est pour vous.
Il ne s’agit pas ici de dresser un nouvel état des lieux des avancées du wokisme, prête-nom des idéologies diversitaires, en France. Ces ouvrages existent. Ils sont nécessaires et précieux. Mais à quoi bon, objecte Bérénice Levet, multiplier les enquêtes, alerter sur l’extension du domaine des revendications identitaires, si nous n’avons rien de substantiel à leur opposer ? Réalité cruelle peut-être, mais criante : ânonner le catéchisme républicain ou faire tintinnabuler la clochette de l’identité nationale, ces voies empruntées jusqu’ici se sont révélées bien impuissantes à endiguer la déferlante wokiste.
La philosophe se propose donc de prendre à bras-le-corps le défi qui nous est lancé. Pourquoi (et au nom de quoi) devons-nous refuser d’entrer dans Eschyle ou Colette comme dans Gauguin ou Balthus, Rameau ou Bizet, par le prisme féministe, lgbtiste ou racialiste ? Pourquoi devons-nous refuser de déboulonner les statues de Voltaire ou de Colbert comme de les escorter de cartels dits pédagogiques ? En quoi les black, gender, cultural studies sont une régression et non une avancée ? Une perte et non un gain ?
Haut les cœurs !, nous enjoint Bérénice Levet. Si, de tous les pays attaqués par le wokisme, il ne devait en rester qu’un, que la France soit celui-là. Ayons le courage de la dissidence civilisationnelle ! ◊
Grâce soit rendue à Bérénice Levet pour sa vaillance et son talent. Sous un angle plus étroit, je ne peux que revenir à une idée qui ne me lâche pas. L’expression politique de tout un chacun a été étouffée, neutralisée, inhibée, soumise, crispée, intimidée, par le discours économiste. Discours, bla-bla, baratin, oui, car la prétention à la science est déjà mise à mal sans que les professionnels de la chose et, avec eux les journalistes pseudo-économique (type Lenglet) aient jamais cessé d’embrouiller la réflexion, de perpétuer la condescendance, prônant – vendant, c’est ainsi qu’ils raisonnent – de façon plus ou moins subreptice, tels les docteurs Knock, l’idée suivante : c’est très compliqué, ne cherchez pas à comprendre, de toutes façons il n’y a – scientifiquement, bien sûr – pas d’alternative. De même que les Knock en tous genres exploitent le souci naturel pour la santé, la beauté, etc. de même nos éconocrates instrumentalisent notre souci naturel du lendemain. Faisons un exception pour Thomas Piketty et ses émules. On peut appuyer ce point de vue en regardant la video d’Elucid ci-après où Jacques Généreux présente son récent livre, « la connerie a pris le pouvoir ». J’ai été frappé que son aveu ne l’ai pas conduit à renoncer à « enseigner la science économique » depuis quarante ans. J’en conclus « et elle n’est pas près de le lâcher, ce pouvoir » !
https://www.youtube.com/watch?v=OCypn_jjC9k
Sans vouloir défendre le bric-à-brac idéologique qu’est le woke, évitons d’avoir un regard univoque. Reconnaissons la décomposition et la fin de l’orgueilleuse « philosophie des Lumières » et de ses prétentions universalistes égalitaire, masquant (mal) le plus naïf des ethnocentrisme.
N’ayons pas honte de notre colonialisme ; depuis toujours les sociétés les plus fortes imposent leur ordre aux autres, nous n’avons fait que suivre le modèle des colonies grecques, phéniciennes ou des légions romaines. Et d’ailleurs dans ces interventions coloniales, combien nous avons délivrés de peuples de l’esclavage auquel des tribu dominantes de razzieurs les réduisaient.
En revanche il faut reconnaître que les colonisations françaises du XIXe siècle ne se sont pas faites au nom du christianisme, mais au nom des « grands principes » de la Philosophie des Lumières ». Nous serions bien bête de nous retrouver en soutien de la dernière vague des rejetés par l’idéologie subversive à la mode (du style des Badinter ou des archéoféministes comme Gisèle Halimi).
Ne nous rallions pas à la révolution d’hier contre la révolution d’aujourd’hui. Les « grands principes républicains » d’un Jean-Michel Blanquer pouvaient encore donner l’illusion d’un éducation « nationale », le wokisme manifeste de Pap Ndiaye enlève toute illusion. C’est donc, paradoxalement, un progrès pour les contre-révolutionnaires.
La république en France perd sa phraséologie qui lui assurait un semblant de légitimité. Ne soyons pas nostalgiques de « l’ordre républicain » et préparons le retour du Roi que la décrépitude du Régime actuel facilite.
On pourrait vous répondre que le colonialisme est une attitude intrinsèquement révolutionnaire (ou plutôt « contre-contre-révolutionnaire »), puisqu’il postule d’imposer à un peuple une culture qui n’est pas la sienne au détriment de ses particularismes. Et en tous cas, je pense que les royalistes ne devraient pas perdre leur temps à défendre la colonisation républicaine. Ils devraient plutôt la critiquer, précisément pour faire ce que vous avez fait vous-même : que cette colonisation a pour origine l’idéologie révolutionnaire, les droits de l’homme (ou plutôt une certaine vision des droits de l’homme) et les bienfaits de la république, le tout mâtiné d’une attitude franchement raciste (voir les « races inférieures et supérieures » chères à Jules Ferry).
Récemment, l’AF, sans doute soucieuse de désamorcer les ridicules accusations de racisme à son endroit, a publié un article célébrant le combat de Pierre Pujo pour conserver Mayotte à la France. Thèse assez inopportune lorsqu’on regarde l’état actuel de Mayotte. Je ne sais pas si j’irais aussi loin que certains lecteurs de ce site, qui proposent de se débarrasser de nos terres ultra-marines, mais enfin on peut quand même se poser des questions.
Cette réserve mise de côté, je partage votre analyse.
J’ai écrit sur un autre site, devant la dégradation continue de la situation à Mayotte, île islamique devenue un coupe-gorge où débarquent chaque jour des Comoriens affamés et violents que « Si des crétins finis ne s’étaient pas démenés pour que Mayotte restât « française » (!), l’immigration clandestine des îles comoriennes n’aurait pas lieu et les Mayottais (?) resteraient tranquilles dans leur sous-développement. Là ils ont tout : misère et violence. Bravo Pierre Pujo, grand penseur !!! »
Nous ne sommes pas capables d’assurer la sécurité des habitants en seine Saint-Denis et même à Paris et on voudrait la faire régner à Mayotte et en Guyane. C’est du même niveau de réalisme politique que de dire que « quand le Roi sera revenu », l’avortement sera interdit…