Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Affirmer que le Qatar est un « pays ami » de la France, comme on le dit ou le laisse entendre dans les milieux proches de l’Elysée, revient à se payer de mots. Tout au plus doit-on constater qu’il faut compter avec lui. Les plus aveuglés des supporteurs du P.S.G. mis à part, tout le monde (ou presque) a en France, mais aussi ailleurs en Europe, au moins une bonne raison de ne pas apprécier cet émirat. Les deux principales sont qu’il est un grand producteur et fournisseur de ces énergies fossiles qui ravagent la planète et qu’en outre on le soupçonne d’entretenir des relations troubles et parfois inquiétantes avec les milieux islamistes les plus radicaux. Or, à l’occasion de la coupe du monde de foot-ball, le voici plutôt critiqué pour son non respect des droits de l’homme et surtout pour le sort qu’il réserverait aux « minorités ». Nombreux sont donc ceux qui, en guise de représailles, ont appelé à ignorer purement et simplement l’événement. On aurait pu en rester là.
C’eût été oublier les groupes de pression LGBTQ+ et leurs relais médiatiques. Les manifestations, qui se voulaient spectaculaires, auxquelles on a assisté au début de la compétition paraissent, cela dit, tout à la fois grotesques et inconséquentes. L’admiration béate de la presse française bien-pensante devant le prétendu courage qu’il aurait fallu à certains sportifs ou politicien(ne)s notoires pour donner la leçon aux qataris sur leur propre sol, cette admiration est ridicule.
Petit échantillon et honneur aux dames ! Mardi 22 novembre, Mme Thorning-Schmidt, qui fut Première ministre du Danemark, porte en tribune une robe aux manches arc-en-ciel et se photographie avec un brassard « One Love ».
Pour ne pas être reste, mercredi 23, Mmes Lahbib, ministre belge des Affaires étrangères, et Faeser, ministre allemande de l’Intérieur, portent elles aussi en tribune le brassard « One Love ». Certains hommes, en l’occurrence des « footeux », vont plus loin : les onze joueurs allemands posent pour la photo d’avant-match, une main devant la bouche pour dénoncer la censure ; et le capitaine anglais Harry Kane arbore un brassard « no discrimination » lors du premier match. Quelle audace, à en croire les médias ! On en tremble encore pour elles et pour eux !
Sans être dupe de quoi que ce soit, car l’univers du foot-ball est d’abord régi et pourri par l’argent, force est de reconnaître un certain bon sens aux propos du capitaine français Hugo Lloris : « Quand on accueille des étrangers, on a souvent envie qu’ils se plient à nos règles et respectent notre culture. Je ferai de même au Qatar. » Evidemment, cela détonne et n’a pas plu du tout aux propagandistes excentriques de la mouvance LGBTQ+ car c’était souligner leur inconséquence de donneurs de leçons : au nom de leur « intersectionnalité », ils se montrent toujours prêts à exiger qu’en France même on respecte et valorise certaines cultures d’importation, cultures qu’ils vont contester dans les pays d’origine dès lors qu’elles ne cadrent pas vraiment avec leurs schémas idéologiques. En l’occurrence, nos LGBTQ+ et leurs soutiens n’ont rien compris à une culture musulmane qu’ils méprisent par leurs rappels à leur propre contre-morale mais surtout ils s’inscrivent dans une démarche universaliste rien de moins que contestable. En réalité, ce qui devrait nous déranger, parce que cela nous concerne directement, c’est la poussée islamique en France (et en Europe), pas le respect de l’islam en terre(s) d’islam.
A la grande époque de l’empire colonial français, un certain Lyautey, qui fut Résident général au Maroc et maréchal de France, avait imposé de respecter les us et coutumes, religion incluse, des habitants de l’Empire chérifien. Sans commentaire. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
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