Cette tribune de Gilles-William Goldnadel est parue dans FigaroVox hier, 5 décembre. Redisons-le tout simplement : 1. Goldnadel est courageux, il a son franc-parler, et, le plus souvent, il dit vrai, 2. Sur la plupart des sujets cruciaux pour le Pays, il est dans la ligne du camp national ou celle qu’il devrait avoir. Cela suffit. Enfin, nous retiendrons sa conclusion qui est d’une parfaite honnêteté. ■
Par Gilles-William Goldnadel.
CHRONIQUE – Le rappeur a fait l’éloge d’Adolf Hitler dans une interview accordée au complotiste américain Alex Jones. L’avocat déplore que ce type de déclarations ne suscitent aucune indignation de la gauche morale lorsqu’elles émanent d’artistes issus du camp progressiste.
Toute déclaration antisémite, même infime, émanant d’un Français de vieille extraction sera toujours regardée avec une infinie sévérité, recevra la plus grande publicité et la responsabilité de certains partis recherchée avec célérité.
Les récentes déclarations en faveur de Hitler du rappeur Kanye West ont fait couler beaucoup d’encre électronique. Dans une interview délirante de trois heures le 1er décembre, il a déclaré : «Je vois de bonnes choses chez Hitler.» Puis : «J’aime les juifs, mais j’aime aussi les nazis. »
C’est ainsi que le Monde de samedi, à l’instar d’autres médias de gauche, insistait sur la gêne que celles-ci étaient censées «provoquer dans les milieux conservateurs».
Il faut dire qu’à rebours de nombre de ses collègues artistes, Kanye West n’a jamais caché sa sympathie pour Donald Trump chez qui il s’est rendu récemment.
Les faits ci-dessus rappelés ont donc, légitimement, défrayé les chroniques médiatique, politique et artistique.
Là où le bât blesse, et motive cet article, est que l’on sera conduit à constater, un peu navré, que si Kanye West avait appartenu, comme tous les autres rappeurs et artistes au camp dit libéral, pareilles déclarations antisémites n’auraient aucunement questionné la gauche morale en général et le camp démocrate américain en particulier.
Retour vers le passé : Louis Farrakhan est le fameux leader de Nation of Islam. Il collectionne les déclarations en faveur d’Adolf Hitler. Il a traité les juifs de «sangsues», ce qui n’est pas très aimable . Accessoirement, les blancs seraient des «diables aux yeux bleus». Pourtant, Spike Lee , le célèbre cinéaste ne cache pas son amitié pour Farrakhan. L’un des autres amis de Lee s’appelle Al Sharpton . Ce dernier servit de modèle au regretté Tom Wolff dans son remarquable Bûcher des vanités, pour camper le truculent pasteur maître chanteur Bacon. Le révérend est révéré pour avoir célébré l’homélie de George Floyd. Cet honneur douloureux lui a été accordé sans barguigner en dépit qu’en 1991 , il encouragea de violentes émeutes mortelles dans le quartier juif de Crown Heights à Brooklyn où il lança : « Les Juifs sont des marchands de diamants avec du sang sur les mains .»
Ces amitiés particulières et revendiquées sans gêne n’ont pas empêché Spike Lee (qui lui-même a mis en scène des personnages juifs controversés et n’est pas avare de déclarations peu aimables pour les blancs) d’être nommé président du jury du très progressiste et antiraciste Festival de Cannes. Puis d’être reçu à l’Élysée dans la foulée.
Les déclarations d’une actrice noire américaine, la célèbre et talentueuse Whoopi Goldberg permettent de mieux cerner cet antisémitisme noir qui sévit aux États-Unis depuis que la tendance des Black Muslim de Malcom X l’a emporté sur celle du très pacifique et chrétien Martin Luther King.
Le 31 janvier dernier, l’émission co-animée sur la chaîne ABC par l’artiste précitée abordait la décision prise par une académie du Tennessee de supprimer du programme scolaire certains ouvrages «problématiques». Parmi ceux-ci, le fameux Maus d’Art Spiegelman . Réflexion intéressante de l’intéressée : «La Shoah n’a rien à voir avec le racisme car il s’agit de deux groupes de blancs».
Et pour mieux préciser sa pensée, Whoopi Goldberg ajouta le soir, invitée par le très démocrate Stephen Colbert sur le très progressiste late show de CBS : «Comment pouvez-vous dire que c’est une question de race quand vous vous battez les uns contre les autres ?»
Enfin, pour terminer ce rapide tour de l’horizon antisémite afro -américain, je renvoie mes lecteurs au remarquable article du Monde qui décrit, sans fard, le caractère antijuif du mouvement Black Lives Matter. Ce qui n’empêche nullement son journal de traiter le premier aimablement .
Pour comprendre le phénomène, il suffit de revenir à l’essai du grand écrivain noir James Baldwin en 1967 publié dans le New York Times et dans lequel il écrit : «Les Noirs sont antisémites parce qu’ils sont anti-blancs.»
De ces faits objectifs ainsi rappelés, je ne puis qu’en tirer les déductions suivantes difficilement contestables .
Dans la psyché médiatique dominante travaillée par l’idéologie gauchisante :
⁃ Les Juifs qui pourraient , au regard de leur passé pour le moins tumultueux, concourir à la peu enviable palme, ne font pas partie des peuples «racisés» qui méritent , par compensation, compassion particulière .
⁃ Ils n’en font pas partie par ce qu’ils sont ,surtout depuis la création de leur état – nation occidentale , regardés comme des blancs dominateurs et non plus comme des victimes.
⁃ Les blancs ne peuvent être victimes de racisme car «appartenant au peuple dominant», pour reprendre la formulation de notre ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye.
⁃ L’antisémitisme afro-américain n’est donc pas moralement condamnable sauf, par exception, s’il émane d’une personnalité de droite. La faute rejaillissant dans ce cas sur le Parti républicain, vecteur du racisme blanc.
⁃ En France, une telle situation est parfaitement transposable concernant l’antisémitisme d’origine arabo-Islamique et les partis qui le regardent avec bienveillance.
⁃ Bien entendu toute déclaration antisémite, même infime, émanant d’un Français de vieille extraction sera toujours regardée avec une infinie sévérité, recevra la plus grande publicité et la responsabilité de certains partis recherchée avec célérité.
À VOIR AUSSI – Kanye West: «Tout être humain a apporté quelque chose ayant une valeur, surtout Hitler», déclare-t-il sur le plateau de l’émission du complotiste américain Alex Jones. ■
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon. Notons-le : Il vient de publier Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche (Nouvelles éditions de Passy).
Lorsque je viens à la rencontre de vos textes je revis, de nouveau l’espérance s’offre à moi malgré mon âge et tout ce que j’ai pu voir !