Il a suffi d’une citation de Jacques Bainville – décontextualisée et souvent utilisée à mauvais escient pour justifier l’acceptation d’une invasion migratoire dont Bainville n’a pas eu à connaître – pour soulever un tollé politico-médiatique. Nous reprenons simplement quelques extraits du compte-rendu du Figaro d’hier. (7.12.2022).
Ce mardi 6 décembre, le ministre de l’Intérieur a déclenché les foudres de La France insoumise en citant une phrase de l’historien Jaques Bainville, figure majeure de l’Action française, lors des débats concernant le projet de réforme sur l’immigration.
C’est une référence que l’on n’attendait pas entre les murs de l’Assemblée nationale. Du moins dans la bouche de Gérald Darmanin. En marge d’un débat sans vote sur le projet de réforme sur l’immigration, le ministre de l’Intérieur a cité dans son discours l’historien monarchiste Jacques Bainville, sous les sifflets outrés des élus de La France insoumise.
« Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race, c’est une nation. Unique en Europe, la conformation de la France se prêtait à tous les échanges de courants, ceux du sang et ceux des idées. La France est un isthme, une voie de grande communication entre le Nord et le Midi », a déclamé Gérald Darmanin, indiquant : « comme (Bainville), nous pensons que l’immigration fait partie de la France et des Français ».
« Clin d’oeil et mamours à l’extrême-droite »
Habile manœuvre du ministre de l’Intérieur, qui a donc mentionné une figure majeure de l’Action française, aujourd’hui largement affilié à l’«extrême droite»… pour louer les mérites historiques de l’immigration. Mais à gauche comme à droite, cette référence n’a pas eu l’effet escompté. Sur Twitter, La France insoumise n’a pas manqué de s’offusquer après coup. «Gérald Darmanin cite tranquillement l’historien Jacques Bainville, figure de l’Action française et ami de Maurras. Clin d’œil et mamours à l’extrême droite dans l’hémicycle. Ça va, on vous dérange pas ?» a écrit la chef de file du parti mélenchoniste, Mathilde Panot.
Darmanin a peut-être gardé quelques restes de son passé camelot. Sinon, sans doute faut-il faire attention en interprétant cette phrase de Bainville. Celui-ci fait sans doute référence à la fameuse conférence de Renan « Qu’est-ce qu’une nation », où il définissait la nation comme une association de personnes fondée sur l’histoire commune et la volonté de rester ensemble (le « plébiscite de tous les jours »). Est-ce à dire qu’une nation exclut toute référence ethnique ? Ce serait une erreur, non moins que celle, très allemande, consistant à faire de la nation un pur groupe ethnique (ce que Renan ne manque pas de réfuter dans sa conférence). Une erreur, car si la nation est le produit de l’histoire, alors celle-ci n’a pas manqué de former des familles relativement homogènes ; or une race est un ensemble de familles, ou une famille en grand (j’entends le mot « race » au sens de Mistral, évidemment).
Il faut voir la vidéo, c’est grotesque : Darmanin doit rester les yeux rivés sur le texte , à le lire , mot à mot , comme s’il le découvrait et peinait à comprendre .
Oui, à croire qu’il n’est pas l’auteur du discours
@Grégoire Legrand, je doute que cet individu fut camelot, eu égard aux conditions requises pour le devenir. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’ait pas lu de bons livres ou fréquenté l’AF 🙂
Bien sûr que non, il n’a jamais été camelot du roi, je ne sais même pas s’il a jamais fait un acte militant, à part boire des demis avec des gens d’AF et écrit deux ou trois articles dans Politique Magazine.