Par Jacques Trémolet de Villers.
Une proposition de loi visant à inscrire dans la Constitution le droit à l’avortement a été adoptée par l’Assemblée Nationale à une très large majorité.
Nous ne savons pas encore, à l’heure où nous bouclons, ce que fera le Sénat mais il est à craindre que le vote aille dans le même sens. On dit que l’aboutissement d’une telle procédure n’est pas pour demain mais ceux qui ont gardé quelque mémoire de ce combat commencé en 1971 avec des propositions visant seulement à autoriser l’avortement dans des conditions exceptionnelles savent que l’acharnement des partisans de la culture de mort ne se relâche pas et que ce qui paraissait invraisemblable est devenu une réalité. Jérôme Lejeune le disait à l’époque : cette exception deviendra un droit et ce droit une obligation. Qui peut penser qu’une objection de conscience subsistera face à un droit doté de la force constitutionnelle ?
Nous savons par expérience ce qu’il ne faut pas faire : se battre sur des détails de procédure sans aborder le fond du sujet. La question n’est pas que juridique. Elle est morale, philosophique, théologique et, dans un certain sens, eschatologique. Elle appelle la mise en œuvre de toutes les ressources de l’intelligence et de la force dans un combat qui ne s’arrêtera que lorsque la vérité de la science, du droit, de la philosophie, de la théologie et du respect de la vie sera reconnue. C’est pourquoi, à l’opposé d’une simple défense en position de retraite sur des détails de procédure, il importe d’opposer à cette provocation une véritable contre-attaque dont l’objectif est d’inscrire dans la Constitution le respect de la vie humaine de la conception à la mort naturelle.
Constitutionnaliser le droit à la vie !
Cette proposition est conforme à la vérité scientifique qui nous dit que dès la conception la vie humaine est là – et l’embryon a les droits d’une personne. Elle est conforme à la morale naturelle qui interdit de porter atteinte à la vie humaine innocente. Elle est conforme à la « métaphysique naturelle de l’esprit humain » et, bien sûr, à la théologie. Elle prend en compte la dimension eschatologique de ce combat qui est l’affrontement entre la Vie et la Mort en délimitant clairement la place de chacun.
L’inscription du respect de la vie humaine de la conception à la mort naturelle est bien du domaine de la Constitution car cette vertu, au sens fort du mot, est constitutive de l’être de la nation que l’État a pour première mission de protéger contre les forces de mort. Il se peut que les membres de cet État aient perdu le sens de cette finalité, mais le peuple, dont le service et la protection sont les seules raisons d’être de cet État, lui, garde le droit de réclamer ce respect de la vie, de façon imprescriptible, et rien ni personne ne pourra lui retirer ce droit. Malgré la carence ou contre l’inconscience de ses gouvernants et de ses députés, le peuple a le droit de prendre la parole et le devoir de se mobiliser pour sa survie et la survie de la nation dont il est l’incarnation présente. C’est, pour lui, un cas objectif de légitime défense. Aux armes, citoyens ! ■
A lire de Jacques Trémolet de Villers
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Jacques Trémolet de Villers est dans le juste, la justesse, la Justice ; il n’y a rien à redire, trois fois rien à ajouter et, selon les uns et les autres, un peu à renchérir… Dans ce renchérissement, il y a lieu de bien concevoir ce dont il s’agit, selon ce que la Chine ancienne retient comme une espèce de «doctrine des Dénominations», doctrine «lumineusement» exposée par Confucius en ces termes :
« Mettez en ordre les dénominations et les définitions. Quand les dénominations sont incorrectes, les raisonnements sont incohérents ; quand les raisonnements sont incohérents, les affaires vont de travers, on néglige de cultiver la musique et les rites ; quand la musique et les rites sont négligés, les punitions sont disproportionnées en plus ou en moins ; et alors le peuple ne sait plus sur quel pied danser ni que faire de ses dix doigts. »
Nous dénommons donc ici la «vie humaine» ; Jacques Trémolet de Villers «met en ordre la définition» par la précision «de la conception à la mort naturelle». Seulement, voilà, notre conception occidentale à péché dans cette conception (si j’ose dire), dans la mesure où, depuis des temps bien anciens, nous sommes accoutumés à borner la période «vivante» avec la parturition, si bien que celle des neuf mois antécédents nous apparaît culturellement plus nébuleuse ; et cela ouvre la voie à toutes les spéculations imaginables sur cette phase imaginée «prénatale», dès lors concevable comme pouvant ne pas ressortir exactement à la sphère vivante… Je veux dire que la naissance datée du moment de l’expulsion hors de la matrice collabore à la notion ontologique que l’ordre social pourra se faire de ce qu’est «la vie humaine» et, par conséquent, de comment il y a lieu d’envisager la «mort humaine». Les plus anciennes traditions spirituelles font «débuter» la vie humaine à l’instant de la conception ; cela change absolument tout à la représentation que l’on peut se faire de la vie et, pour ce qui nous occupe présentement, change radicalement la possibilité des mille sophismes auxquels on peut recourir pour justifier ceci ou cela. En effet, dès lors que l’on SAIT «naturellement» qu’il y a naissance à l’instant de la conception embryonnaire, toute la «culture» éventuellement suivante ne pourra pas se permettre de couper en quatre le cheveu de la vie : celle-ci est VIE bien «avant» la venue au monde et, soit dit en passant, par conséquence logique, bien «après» la sortie du monde…
Du coup, la question du retrait de la vie ne peut plus se poser dans les termes d’une estimation physiologiquement définie du quand (???)…
Dans le monde matério-darwiniste, évidemment que la question de savoir si l’on commence à vivre «réellement» à tel ou à tel autre moment de «l’évolution» foetale apparaît tout à fait pertinente… Il faut alors se rappeler Rodion Raskolnikov, qui établit intérieurement que l’usurière équivaut sensiblement à un moustique… N’a-t-il pas raison, au fond ?… Eh bien, mesdames et messieurs les députés, il aurait été bon que vous y eussiez trouver quelque chose pour vous tourmenter la comprenette… Mais, pour cela, il s’agit de savoir s’en remettre à des notions qui dépassent notre résiduel entendement de ce que peut-être la vie humaine. La connaissance SOCIALE de celle-ci en aurait été grandement facilitée si nous avions commémoré nos anniversaires respectifs avec la correction des neuf mois de gestation.
Je suis tout-à-fait d’accord avec ce qu’a dit avec talent Jacques Tremolet de Villers. Le vote des députés illustre à la fois la décadence morale de notre société et la démagogie des élus. La loi Viel avait été présentée en 1974 comme un pis-aller face à des situations de détresse. Aux anciens de Ginette, Bernard Debré l’avait défendue en disant qu’ils ne voulaient plus voir arriver dans son Service des femmes ensanglantées à la suite d’une tentative d’avortement. L’avortement est devenu un droit et un moyen de contraception. Pour des raisons morales et politiques (en raison d’un taux de fécondité insuffisant des Françaises et spécialement des Françaises de souche), il faut tout faire pour convaincre les femmes de ne pas avorter et faciliter l’adoption. Parallèlement, reprendre une politique nataliste en particulier en rétablissant les allocations familiales indépendamment du revenu. Il y va de la survie de la Nation.