Par Radu Portocala.
Ce court billet est paru le 7 décembre sur la page Facebook de son auteur. Oui, nous avons perdu le parler vrai, direct, ironique et lucide sur nous-mêmes, nous avons perdu cette liberté.
L’épidémie nous a laissé en héritage quelques mots, expressions et euphémismes qui enrichissent la langue stupide, celle qui cherche obstinément à maquiller la vérité.
Ainsi, « les plus fragiles » semble destiné à une carrière durable. Ce sont les vieux et les gens diminués par des maladies chroniques. On n’ose plus les nommer. On les cache derrière cette formule grotesque comme si leur état appelait un adoucissement gêné.
Tout cela, bien entendu, nous vient des délires linguistiques du politiquement correct, qui a transformé le concierge en gardien, le balayeur et technicien de surface et les putes en travailleuses du sexe. Et tant d’autres…
Conviction idiote des progressistes que la réalité devient autre, plus présentable, si on la dissimule derrière des mots nouveaux. ■
Oui.. mais être » mal voyant » ce n’est pas être aveugle tout comme « mal entendant » ce n’est pas être sourd..surtout si vous ajoutez » comme un pot »
Autrefois on disait plus volontiers une « personne âgée » plutôt qu’un « vieux » , simple question de politesse car le terme « petit vieux » n’édulcore rien au contraire.
Appelez tout comme vous voudrez ça ne changera hélas rien à la chose hormis apporter quelques paillettes à des habits ordinaires. Être « employée de maison » plutôt que « bonne à tout faire » n’évite pas de cirer le parquet mais on a l’impression quand on en fait partie d’entrer dans la catégorie très enviée des « secrétaires ».
Quant aux « malades » devenus des « patients » il y aurait beaucoup à dire car il s’agit là d’une exagération patentée , à moins que ce soit un vœu pieux c’est un mensonge et une plaisanterie car la patience dans la douleur n’existe que pour le masochiste.
Ce qui est le plus curieux , ce sont les personnes en situation de handicap : s’il s’agissait de
simples patients marchant provisoirement avec béquilles du fait d’une entorse (par exemple) cela pourrait se comprendre , mais il s’agit en langage euphémisant d’infirmes définitifs (sauf miracle) . C’est inadéquat .
Autre domaine , et puisque c’est d’actualité ; le « ballon rond » qui nous vaut le foot-ball , (ce qui pourrait s’admettre comme mot, point récent, pour un jeu d’importation anglaise semble -t-il) , mais les coatch (entraîneurs) , les supporteurs ( un contresens , quoique …) c’en est trop ! Et ce même si les joueurs l’emploient (en langage professionnel). Qu’est il besoin de reprendre dans les commentaires journalistiques saturant les écrans actuellement.