Cet entretien avec Gilles-William Goldnadel est paru dans FigaroVox hier, 30 décembre. Redisons le tout simplement : 1. Goldnadel est courageux, il a son franc-parler, et, le plus souvent, il dit vrai, 2. Sur la plupart des sujets cruciaux pour le Pays, il est dans la ligne du camp national ou celle qu’il devrait avoir. Nous sommes néanmoins en désaccord avec sa condamnation assez convenue, radicale et sans nuance de l’intervention russe en Ukraine. Nous partageons en revanche son éloge du patriotisme, admiré s’agissant de l’Ukraine, proscrit chez nous, de même que sa critique des institutions européennes et autres sujets. ■
Avec Gilles-William Goldnadel.
Dans l’inconscient médiatique de la gauche extrême, seul un blanc peut être vraiment raciste et donc coupable.
ENTRETIEN – Alors que l’année touche à sa fin, Goldnadel revient sur les évènements et changements qui ont marqué 2022. Selon lui, le lexique émotionnel de la gauche et l’aveuglement idéologique des dirigeants ont abouti, ces douze derniers mois, à un laisser-aller catastrophique.
FIGAROVOX. – Élection présidentielle, guerre en Ukraine, crise énergétique, violences au Stade de France, inflation… l’année passée a été riche. Selon vous, quels événements ont marqué l’année écoulée sur le plan politique, social et sociétal ?
Gilles-William GOLDNADEL. – Sur le plan international, il ne fait aucun doute que l’invasion brutale par les Russes du territoire ukrainien représente l’évènement le plus marquant de la défunte année. Si on fait abstraction de la question morale qui discrédite à jamais le dictateur du Kremlin, quand bien même certains territoires seraient sujets à discussion, on peut faire trois remarques : l’armée russe a été surévaluée et la merveilleuse résilience du peuple ukrainien sous-estimée ; l’Occident demeure un espace garant des valeurs de liberté et d’humanité fondamentales ; un État-nation européen indépendant et ses frontières souveraines méritent le sacrifice suprême. Il est étrange que l’Europe politique sans âme et certains Français, si ouverts à défendre ces valeurs pour l’Ukraine, soient hermétiquement fermés quand il s’agit de leur propre nation soumise à une autre sorte d’invasion, et je songe d’abord à la France. Sur le plan intérieur, nul ne saurait douter que la situation s’est considérablement dégradée. La pantalonnade du Stade de France incarne de manière ubuesque cette dégradation : l’impuissance de l’État à inspirer la crainte aux voyous et l’incapacité du pouvoir à désigner ceux-ci. On peut donc, même injustement, montrer du doigt un Occidental anglais, mais il n’est pas convenable de dire la vérité sur la délinquance immigrée orientale.
La situation énergétique est dramatiquement révélatrice du pouvoir destructeur de l’idéologie gauchisante et conformiste. Pour complaire à des écologistes plus braillards que compétents, on aura délibérément saboté notre fleuron industriel national, le nucléaire, seul domaine dans lequel la France dominait encore noblement. L’actuelle première ministre qui nous demande généreusement d’être avares de notre électricité est celle qui, sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, aura fermé Fessenheim dans le but final revendiqué avec allégresse d’en terminer avec le nucléaire. Nous voilà réduits, comme les Allemands, à mendier le gaz et à retourner au charbon polluant.
La situation financière a dépassé le seuil d’alerte et le terme de dette abyssale relève du truisme euphémique. On continue de poursuivre la politique de l’argent magique, quoiqu’il en coûte, même si le prix devait en être la faillite, car l’on ne saurait imaginer remettre en cause, même un moment, le niveau de vie occidental, de peur de déchaîner la rue. Le plus tragique réside dans le fait que cette politique suicidaire accroît encore le mécontentement d’une population élevée dans le ressentiment, et à qui nul n’a osé dire combien, par comparaison, elle aura connu des années d’opulence. On a expliqué à des enfants gâtés par la vie, qu’ils vivaient un enfer d’injustices.
C’est dans ce contexte psycho-économique que le président a été réélu par défaut. Il ne se sera révélé ni libéral ni patriote. Avec son «en même temps» proche de la schizophrénie politique. Je l’avais comparé dans ces colonnes, au début de son premier mandat, à la chauve-souris de la fable : «Je suis un oiseau de droite, voyez mes ailes de financier contre l’impôt, je suis un Européen contre le nationalisme de droite, vive les rats !» Aujourd’hui, avec son impuissance à régler les problèmes d’immigration et d’insécurité, notre souverain tient davantage du rongeur édenté. Que d’intelligence et de talents gâchés.
Dans vos chroniques, vous avez régulièrement dénoncé le «magistère de la gauche» dans l’espace public. Cette tendance s’est-elle selon vous renforcée en 2022 ? La droite a-t-elle gagné du terrain ?
Je continue de soutenir que la droite a gagné la bataille des idées. Mais, plus important, l’extrême-gauche médiatique et artistique, toujours en majesté, continue de gagner la bataille de l’émotion au moyen, notamment, de l’outil lexical décérébrant. Je maintiens que dans ce cadre, l’audiovisuel public subventionné par l’impôt, imperméable au pluralisme démocratique, joue un rôle déterminant que la droite n’a ni le courage ni l’intelligence de dénoncer. Il existerait donc une extrême-droite, mais nul n’est taxé d’extrémiste de gauche, ce planisphère politique truqué n’aurait soi-disant qu’une seule extrémité.
Je prendrai deux exemples récents pour le démontrer aisément : lors de l’assassinat de la petite Lola, la droite a été taxée de «récupération» indécente pour avoir osé souligner le fait que la meurtrière n’aurait pas dû se trouver sur le territoire national – et donc pouvoir commettre son crime – car il s’agissait d’une algérienne irrégulière visée par des OQTF. En revanche, l’extrême-gauche médiatique et politique, notamment Libération et les Insoumis, a pu inventer des «ratonnades» imaginaires dans toute la France au lendemain du match France-Maroc… Les uns ne peuvent déplorer la réalité, tandis que les autres ne se gênent pas pour récupérer un fantasme.
Un autre exemple de manipulation lexicale encore plus récente et tout aussi indiscutable concerne la composition du nouveau gouvernement israélien. Sans rentrer dans des considérations politiques, mon propos concerne avant tout les vocables : certains de ses membres sont taxés de «suprémacistes», d’«ultra-nationalistes», d’«ultra-orthodoxes» , ou simplement d’«extrême droite». Je mets au défi quiconque de me justifier le bon usage de ces appellations pour qualifier le personnel politique de pays orientaux. Pour expliquer cette asymétrie, je ne mobiliserai pas ici un improbable antisémitisme, mais plutôt l’aversion pathologique anti-occidentale. Dans l’inconscient médiatique de la gauche extrême, seul un blanc peut être vraiment raciste et donc coupable.
Un message d’optimisme pour 2023 ? Que peut-on en attendre ?
Je ne suis pas capable de me livrer à cet exercice annuel de l’optimisme obligatoire dans lequel je n’excelle pas. Je demanderai seulement au camp patriotique, celui de la liberté de penser, de dire et d’assumer sans honte ni vanité ce qu’il veut voir demeurer, d’être enfin courageux. Ce n’est pas encore obligatoirement perdu. ■
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon. Notons-le : Il vient de publier Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche (Nouvelles éditions de Passy).
Les pauvres nord-africains ont été assigné au statut de non blancs! Au temps de l’apartheid, le gouvernement sud-africain avait pour des raisons économiques classé les japonais comme blancs, ce que n’était ni les chinois, ni les malais; les indiens étaient relégués au statut de « coloured »
Les marocains, algériens ou tunisiens et même syriens sont donc interdits de parole comme blancs mais bienvenus comme « racisés’? A mon avis mes amis du pays du Cèdre, où je suis né, sont probablement considérés comme blancs pour des raisons politiques et on ne bénéficie pas impunément d’une longue amitié avec le peuple français et de n’avoir jamais été colonisés.
« Toute dégradation morale individuelle ou nationale est annoncée de façon rigoureusement proportionnelle par une dégradation dans le langage » Joseph de Maistre (les Nuits de Saint Pétersbourg)
Quel est le jour ou le racisme aura dépassé la couleur de la peau ( que nous devons aux Anglais) et considérera la différence des esprits par civilisation.
Étranges observations que vous faites, Avec. D’abord vous souhaitez un « racisme » culturel, qui ne devrait rien au phénotype – mais alors pourquoi l’appeler racisme? Ensuite vous nous dites que la perception de la couleur de peau nous vient des Anglais. Or, Hésiode, Eschyle et Euripide, dans les « héliades » et « Phaéton », donc aux VIII°, V° et IV° siècles av JC, se font l’écho du mythe selon lequel les Éthiopiens (les Noirs) auraient été victimes de la folie du fils de leur roi Mérops, Phaéton, qui voulut conduire le char du soleil et aurait ainsi brûlé leur terre et leurs habitants. Idem pour le mythe de Cham et de Noé, les Noirs ayant été victimes de l’impiété filiale de leur ancêtre. Pour finir, il me semble qu’il est hasardeux de considérer que seul le contenu spirituel de la personne mérite l’attention. Et à ce titre, je vous rappellerai l’opinion de Maurras qui écrivait que nous sommes « l’infinie république de notre corps,(..) dont la direction et même le sentiment nous échappent complètement ».