Par Aristide Renou.
Omar Sy est une sorte de puits inépuisable. Quand vous croyez qu’il n’y en a plus, il y en a encore. Peut-être pas exactement un puit de sagesse, mais assurément un puits de formules sentencieuses et moralisatrices. Comme ces vieux sages africains des contes pour enfants qu’on nous lisait à l’école.
Bref, Omar Sy c’est un peu notre grand Schtroumpf à nous qu’on a, ou peut-être plutôt notre Schtroumpf à lunettes.
« On se rappelle que l’homme est capable d’envahir, d’attaquer des civils, des enfants. On a l’impression qu’il faut attendre l’Ukraine pour s’en rendre compte. (…) Je suis surpris que les gens soient si atteints. Ça veut dire que quand c’est en Afrique vous êtes moins atteints ? », nous a-t-il asséné récemment, en agitant l’index devant son visage (enfin, je suppose).
Omar Sy nous reproche donc de ne pas avoir autant d’empathie pour les Africains que pour les Ukrainiens. Ce qui sous-tend ce reproche est tellement évident qu’il a à peine besoin d’être formulé : les hommes sont tous égaux, les hommes sont tous également des êtres humains (vous voyez, les enfants, ça c’est ce qu’on appelle une tautologie), par conséquent notre empathie devrait être dirigée également vers tous les peuples du monde.
Si ce n’est pas le cas – et c’est là le second présupposé de ce reproche – si vous vous intéressez plus au sort des Ukrainiens que des Africains, c’est sans doute parce que vous êtes un peu RACISTES.
Ouh, les vilains ! Ouh, les pas beaux !
Alors, là, Omar m’a tué.
D’abord pourquoi, cher Omar (car nul n’ignore que le Omar est cher…) le fait que nous partagions tous la même humanité devrait-il avoir pour conséquence que tous nos semblables nous soient également proches ? Après tout, par exemple, les femmes sont toutes des femmes, et cependant il y en a une parmi toutes qui est particulièrement précieuse à vos yeux et que vous avez choisi d’épouser. Serait-ce, par hasard, parce que vous vous sentez plus d’affinités avec elle qu’avec toutes les autres ? Ou bien devrait-on vous taxer de misogynie parce que vous n’aimez pas également toutes les femmes ? Ou de racisme parce qu’elle a la peau blanche ?
De même, je suis sûr que vous vous intéressez plus à vos enfants qu’à tous les innombrables autres qui peuplent la terre. Et c’est très bien ainsi.
Donc vous voyez, cher Omar, la ressemblance ou l’identité sur un point n’exclut nullement la différence sur d’autres points, et par conséquent la ressemblance se combine naturellement avec la préférence. Pour les peuples, comme pour les individus. Je sais, c’est un peu basique, mais il fallait que ce soit dit. Ce n’est pas moi qui ai commencé.
Mais surtout, ce qui est très amusant, c’est qu’Omar Sy nous reproche de ne pas nous intéresser suffisamment AUX AFRICAINS. Si ! C’est ce que fait Omar. Et pourquoi donc les Africains en particulier, alors qu’il existe des conflits armés sur pratiquement tous les continents ?
Bin, parce qu’Omar est Africain, banane ! (Oups ! j’ai parlé de banane…)
Enfin, disons plutôt qu’il se sent Africain. Rappelons qu’Omar est né à Trappes et qu’il a toujours vécu en France jusqu’à ce qu’il choisisse l’exil fiscal aux Etats-Unis. Africain, c’est-à-dire : Noir (je doute qu’Omar se sente particulièrement moyen-oriental. Les gens là-bas n’aiment pas tellement les Noirs, à ce que j’ai entendu dire).
Bon, donc Omar nous reproche de faire exactement ce qu’il fait lui-même : nous montrer partiaux pour une partie de l’humanité. Et il le fait au moment même où il nous le reproche. La forme de son accusation contredit le fond de son accusation. Par conséquent, il nous exonère de toute faute par son exemple.
Merci Omar. Et en manifestant qu’il se sent Africain bien qu’étant « Français comme vous et moi », il nous rappelle pourquoi l’immigration de masse est un péril existentiel et pas un « enrichissement » pour le pays d’accueil. Il nous rappelle que les êtres humains, bien qu’étant tous des hommes, ne sont pas interchangeables et qu’une « société multi-ethnique » ne peut être qu’un empire, gouverné despotiquement, ou bien une société de défiance et de conflits incessants.
Merci Omar, vraiment merci pour cette belle leçon de sagesse. Elle n’en est pas moins précieuse pour être involontaire. ■
Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur (4 janvier).
Merci, Aristide!