Par Xavier Raufer.
Cette contribution de Xavier Raufer parue sur Atlantico le 2 janvier fait un point lucide et expert comme toujours sur la situation explosive de la France en matière de sécurité au début de cette année. Dans le lourd climat de déni et même de mensonge qu’imposent la classe politique et les médias sur ce sujet sensible, Xavier Raufer aura été de ceux – on lui en sait gré, ici, depuis des années – qui auront assuré par leur compétence et leur sérieux un minimum de clarté. Clarté pour l’instant encore non autorisée…
La sécurité se dégrade à travers l’Hexagone. L’origine de la crise criminelle repose sur plusieurs facteurs.
« Ah, si le roi savait ça… », déploraient, sous la monarchie, les paysans et gueux en proie à l’avidité nobiliaire. Mais à présent, le président de la République, lointain héritier de ces rois jadis bienveillants, connait-il l’état réel du chaos dans la France de 2022 ? Campagnes pillées… Cités hors-contrôle… Émeutes anti-flics… Cambriolages et agressions… Les petites villes mutant en colonies du 9-3 ? Oui, il le sait. Preuve indéniable, « La nuit tombe deux fois » (Fayard, 2022) livre révélateur de Corinne Lhaik et Éric Mandonnet. On y lit ceci, qui n’a jamais été réfuté : « Tous les soirs, Emmanuel Macron reçoit une longue note confidentielle. Elle dit les horreurs de la société française, ses drames, ses dérives…. Miroir sans tain de la noirceur et de la souffrance humaine ». Face à cette litanie crime-terreur, le président est-il lucide ? Oh que oui : « confronté au défi de l’autorité… Il sait ces sujets sensibles, notamment pour les classes populaires… (À) l’été 2019, il laisse percer ses craintes : on est en train de perdre les prolos… ».
« Les prolos » – noter en passant l’insondable mépris de classe.
L’anarchie gangrenant la France, son environnement criminologique et géopolitique, nourriront cette chronique « Enjeux sécurité », durant l’an 2023. Ce que cachent tant et plus l’Élysée et le ministre de l’Intérieur – mais que révèlent nos bases documentaires, désormais musclées par l’intelligence artificielle – nous l’exposerons ici chaque semaine, preuves à l’appui : la « noirceur, la « souffrance humaine » ; pourquoi Macron, Darmanin & co., sont de fait, « en train de perdre les prolos » – même, bien au-delà, car voici de récents sondages : (BFMTV-Elabe) « la sécurité se dégrade », oui, 68% (+10% depuis 2020). Pourquoi ? Chacun a compris l’origine de la crise criminelle (Le Figaro) « Il y a trop d’immigrés en France, oui 72% » (63% en 2018).
Aggravant la situation, car créant un redoutable « effet cocotte-minute », l’attitude de médias asservis, arrosés de millions (sans lesquels ils seraient morts), pour nier le réel criminel. Médias polarisés matraquant sans fin leur propagande – dont un sondage de « Challenges » (15/12/2022), montre que la population se fout éperdument : « Qui doit bénéficier de la solidarité ? » – Tout en bas de la liste : accueil et secours des réfugiés et migrants… lutte contre le racisme… défense des droits LGBT… actions dans les quartiers difficiles…
Mais lisons le révélateur récit d’un somnambule de Libé (du 12 novembre passé). Déjà, son titre effraie : « À Nantes, on n’est pas non plus à Chicago » : aïe – c’est ce que bêlait jadis ce pauvre M. Gaudin à Marseille, après les tueries entre gangs. Mais là, Nantes, ses cités chaotiques depuis près d’un demi-siècle (Les Dervallières) ; Nantes, ses émeutes anarchistes anti-flics et ses fusillades à répétition (Clos-Toreau… Parc du Crapa…). Nantes et ses 5 magistrats pour 100 000 habitants (moyenne en Europe, 18/100 000…). Sous la plume du docile rêveur, cela devient « Sentiment subjectif… chiffres (du crime) difficiles à évaluer… rumeurs… faits-divers… crispations… Effet C News… Sentiment de vivre dans une ville dangereuse… ».
Cette prose négatrice enrage bien sûr ceux qui subissent, chaque jour plus, le crime et les voyous. D’abord, ceux qui opèrent dans des commerces ou l’industrie – là où l’on distribue des salaires et crée de la richesse. Pour leurs locaux ou boutiques, voici les chiffres officiels de janvier-août 2022, sur les mêmes mois de 2021 : vols à l’étalage, + 17% ; vols à main armée et cambriolages, + 13% ; vols avec violences, + 10%. Avis au somnambule de Libé : des vols, pas des sentiments de larcins.
À Marseille (qui n’est pas Chicago, on s’en souvient) 5 vélos volés par jour en 2022 (+ 10% sur 2021). En fait, bien plus, car il ne s’agit-là que des plaintes pour vols au commissariat.
À Paris, au premier semestre 2022 (sur 2021, mêmes mois) les « atteintes aux biens » explosent de + 27%, plus de 95 000 faits. Dans le XIXe arrondissement, haut lieu du crack, les cambriolages sont à + 89% ; bon nombre du fait des « personnes-en-situation-d’addiction », pour parler la novlangue de nos bienséantes précieuses ridicules.
En Seine Saint-Denis – quotité stratosphérique – les vols affectent 34 habitants sur 1 000.
Au conseil de quartier de Bordeaux-Maritime, zone hors-contrôle comme la France en compte des centaines, les habitants s’enragent (le 8 décembre) : rodéos… tapages nocturnes… cambriolages… marchés de la drogue… agressions… « Où est la police ? », crient ces victimes. Qu’ils se rassurent : bientôt, le maire écolo leur allouera des pistes cyclables, des « fermes urbaines », voire des urinoirs unisexes ; le somnambule de Libé viendra déplorer leurs « crispations » et mégoter sur le nombre des « faits-divers ».
Ah lala ! Tous ces pauvres débiles qu’égarent leurs « sentiments »… Vraiment, ce peuple émotif, qu’un rien effraie, aurait l’urgent besoin d’une avant-garde. On connaît la musique. ■
Xavier Raufer
Docteur en géopolitique et criminologue.
Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)
L’on voit bien le travers de l’opposition de Droite (politiciens, médias, prétendants à la succession Macron -maladroitement assimilé au « lointain héritier de ces rois jadis bienveillants »- sic) : augmenter les effectifs de la police -effectifs que l’homme au kascher avait réduits- , mais rien sur le dérisoire budget de la justice (on glisse en vitesse sur Cniouz-qui n’est le pire- sur le sujet.) . Que peut on faire des délinquants après leur arrestation si les magistrats sont en nombre insuffisant pour traiter les dossiers dans des délais raisonnables, si l’argent manque pour construire des prisons au point qu’il faille les faire construire par de grands groupes privés à qui sera versé un loyer ? Nul n’en parlera .
Les faits relatés, les débats fastidieux ou l’on noie le poisson dans l’eau ne valent que pour
satisfaire au voyeurisme ainsi qu’au goût pour la discussion .
Chacun son rôle : le macroniste relativise les faits ou ment effrontément, le Nupes absout (à ce sujet pourquoi feindre l’indignation surprise comme si l’on n’avait entendu parler des « socialement proches »?), le LR attend son heure (pour les ors de la république, les amis à placer, les affairistes à satisfaire ?), la Droite dure se voulant consensuelle s’occupe d’histoires de voiles et de salons de coiffure non mixtes .
Il reste, pour le béotien voulant s’informer, l’internet qui s’appui sur des rapports : 0,2 du budget de l’ Etat sont consacrés en France à la Justice, la moyenne européenne étant de 0,33 entre autres éléments de notre insuffisance .
Ce n’est pas l’argent qui manque pour construire des prisons ; l’argent, il y en a pour tout tant et plus. Ce qui bloque la construction, c’est la geignardise des populations qui souhaitent des incarcérations mais « pas dans leur ville ». Il faut que l’État donne des claques aux roitelets locaux parce que l’intérêt général doit l’emporter sur les intérêts particuliers.
C’est la même chose pour les centrales nucléaires, les centres de détention, les incinérateurs… Dès qu’on laisse les prérogatives locales se manifester, c’est le bordel.