Par François Marcilhac.
Nous parlons de sa survie politique, évidemment, ne lui souhaitant aucun malheur personnel. Mais il ne faut pas être devin pour voir en 2023 l’année de tous les dangers pour la macronie, ce qui, en soi, nous laisserait parfaitement indifférent si la France n’était pas de toute nécessité politique, elle aussi, et d’une manière parfaitement républicaine, suspendue en un certain sens au destin de l’oligarque de l’Élysée.
S’adressant aux Français à Noël, le comte de Paris faisait « le vœu que nous vivions en paix dans une société plus libre, que nous nous réunissions autour d’un projet commun fondé sur le respect de l’homme et la justice si chers à notre nation millénaire ». Grâce soit rendue au Prince de nous rappeler que la France est effectivement une nation millénaire ! Peut-être ce rappel primordial est-il dû simplement au fait que le destin de la France et celui de la famille de France sont plus qu’étroitement liés, ils sont intimement, spirituellement et charnellement solidaires, ce qui nous permet de dépasser l’assimilation aussi saugrenue que criminelle de l’histoire et de l’identité de notre pays à une république de rencontre à laquelle, malheureusement, nos hommes politiques ont pris l’habitude de réduire la France.
Le comte de Paris a tenu à s’adresser de nouveau aux Français quelques jours plus tard pour la nouvelle année, mais, cette fois, de manière plus offensive — Noël est avant tout un temps de paix —, plus politique, tout simplement, d’abord pour dresser un bilan sans concession d’un pouvoir qui n’a pas, contrairement à lui, le souci de « réaliser notre bien commun ». La hauteur de vue du propos nous change fort heureusement des recommandations infantilisantes et des mises en garde aussi moralisatrices qu’hypocrites auxquelles se réduit désormais le discours politique, même, et surtout, au plus haut sommet de l’État. Le comte de Paris vise juste et sans concession : « En France les nombreuses réformes engagées ont profondément creusé les inégalités sociales et réduit nos rapports sociaux a minima sous l’effet de mesures de plus en plus contraignantes. Face à ces mauvais choix, souvent contraires aux aspirations des Français, une voie de vraies réformes est certainement possible qui quitte le confort des cercles restreints pour s’adresser au plus grand nombre. » Et de militer pour que nous empruntions « la voie vers un modèle social plus solidaire et juste, un modèle économique plus responsable et équitable, un modèle politique plus décentralisé et indépendant ». Tout est dit.
Malheureusement, sur les injonctions de Bruxelles, l’oligarque élyséen et ses commensaux du gouvernement ou du Parlement ont décidé de suivre le chemin inverse. Sous de faux impératifs économiques et financiers, ils s’apprêtent à enfoncer le pays dans la violence, après l’avoir plongé dans le marasme économique et une « sobriété », notamment énergétique, qui dissimule mal tant l’incurie de nos dirigeants, qui naviguent à vue et selon les aboiements idéologiques les plus forts, que leur soumission à des lois du marché que seule l’Union européenne, et encore pas tous les États membres, suit. Il est vrai que Macron est tout à sa lubie de souveraineté européenne, faisant subir avec zèle aux Français les conséquences d’une politique germano-bruxelloise qui est directement contraire à leurs intérêts — des Français qui ont désormais compris que la guerre en Ukraine n’est qu’un prétexte pour livrer toujours davantage notre pays à la dictature européenne et, au-delà, le noyer dans le grand Tout atlantiste.
Pour Macron, il n’y a pas plus de Bien commun que de culture française. Vivant dans un autre ordre que l’ordre politique et national, notre oligarque obéit à une temporalité qui est celle de la disparition de notre pays. Chaque réforme est, dans ce projet, une étape nouvelle, au prix d’une paix civile et d’une justice sociale qui ne sont pour lui que des mots vides de sens. Loin de pratiquer la politique du rempart, il ouvre notre pays à tous les vents mauvais. Mais faible au plan politique, déconsidéré aux yeux des Français, qui n’ignorent pas que le pouvoir est d’autant plus préparé à user, de nouveau, à leur encontre d’une violence disproportionnée, qu’il se sait chaque jour plus illégitime à leurs yeux, Macron se prépare à une année difficile, dont les plus précaires et les plus faibles de nos concitoyens feront, comme d’habitude, les frais principaux. Or il n’est pas certain, cette fois, que le pays légal ait le dernier mot. Le marasme économique artificiellement provoqué par des règles absurdes fait des ravages au sein du pays réel, qui pourraient achever de consommer le divorce entre une oligarchie soucieuse de son seul « bien » privé et les Français, d’autant que la classe politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite, entre préoccupations sociétales, jusqu’au-boutisme démagogique et suivisme politicien ou idéologique, semble ne pas pouvoir assurer une réponse crédible à la question de la vacance du pouvoir, si celle-ci est posée au cours de l’année.
Souhaitons que ce soit enfin une figure soucieuse du Bien commun, incarnant notre nation millénaire, qui présente ses vœux aux Français pour 2024. Et, surtout, agissons en ce sens. « Il n’y a que des devoirs et des tâches. » ■
J crains fort que Macron ne survive à 2023 parce qu’il sait maintenant lâcher du lest à temps pour tenter de désamorcer la contestation sociale comme vient de le faire son ministre d l’économie en faisant procéder à une limitation à 280 euros le kilowatt/heure le prix de l’électricité. Sera-ce suffisant ?