Par Blanche De Mérimée*.
Cet article qui est une recension est paru dans Causeur le 9 janvier. Il est dans la ligne anti-immigrationniste de Causeur, dont on ne peut que se féliciter.
Pire qu’un déclin, une métamorphose… Dans un nouvel essai, Driss Ghali supplie les Français d’ouvrir les yeux.
Driss Ghali publie « Français, ouvrez les yeux ! » (L’artilleur)
« Que l’on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté ! » C’est par cet avertissement que Georges Pompidou achevait sa lettre adressée au Premier ministre Chaban-Delmas pour demander la suspension de l’abattage des arbres le long des routes, notamment celui des platanes, pour qui le président avait une sensibilité particulière. La beauté dont parle Pompidou est celle de la France, de ses paysages si particuliers selon les régions.
Arrêtez d’emmerder les Français !
Pour celui qui avait à cœur de laisser vivre les Français loin des « emmerdements » provoqués par les normes sécuritaires et hygiénistes dont la perspective inflationniste commençait déjà à se dessiner, ce désir de préserver ces platanes qui habillent les routes du midi, n’était guère mué par une sorte de fanatisme écologiste mais par un profond attachement à ce qu’est et doit demeurer la France.
La France était alors considérée comme un chêne ou un platane, De Gaulle puis Pompidou en étaient les jardiniers attentionnés, prenant soin de ses racines enfoncées dans la terre du passé comme de ses branches pointant vers le ciel de l’avenir.
C’est par cette métaphore sylvestre que Driss Ghali évoque également la France mais en prenant un autre type d’arbre plus ramassé. Autre époque, autre France, autre arbre. En 50 ans, la France est passée d’un chêne majestueux à un bonsaï rabougri.
La comparaison résonne fortement avec l’effondrement dramatique de notre souveraineté à tous les étages : de notre parc nucléaire saccagé à l’hôpital public tiers-mondisé en passant par nos boulangeries sacrifiées sur l’autel du marché européen de l’électricité. Dans son dernier livre, Français, ouvrez les yeux !, l’essayiste et auteur de Causeur, dresse le portrait d’une France qui est en train non seulement de décliner mais de perdre son âme. La France, nous dit-il, se métamorphose. Et c’est pire. Car contrairement à la pente du déclin qui malgré tout peut se remonter, la métamorphose, elle, est définitive sans machine arrière possible.
Le sentiment d’être étranger dans son propre pays
La France se métamorphose pour devenir autre, étrangère à ce qu’elle a toujours été : un pays où naquit un esthétisme architectural et artistique incomparable, un goût prononcé pour le raffinement et l’élégance des manières où la place de la femme était primordiale, une douceur de vivre insufflée par une certaine idée de la gastronomie, des génies littéraires que le monde entier nous enviait, et un paysage varié et marqué par l’héritage de 1 500 ans d’histoire et de catholicisme dont le blanc manteau d’églises caresse encore chaque village français. Ghali jette un regard sans concession tant la rupture avec ce monde d’hier est béante. On se laisse alors emporter par sa plume trempée dans l’encre noire de la colère et de l’amertume.
Pour l’auteur, la mutation de la France porte un nom : la tropicalisation. Notre avenir sera tropical et cela n’a rien à voir avec le changement climatique, ironise-t-il. Certes, cette mutation est en lien avec sa démographie de plus en plus marquée par une immigration de peuplement : « La France n’est plus le pays des Français mais celui d’un peuple d’immigrés » ose Driss Ghali qui évoque sans ambages, au risque d’être accusé de xénophobie (un comble au regard de ses origines marocaines !) par les bonnes âmes immigrationnistes, le « grand remplacement », rappelant que ce concept s’appuie sur une réalité démographique et factuelle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 21% de la population française est immigrée ou née d’un parent immigré et 13% est extra-européenne. A titre de comparaison, le Maroc, lui, ne compte que 0,3% d’immigrés dans sa population et la Turquie, 7%. Conséquence : « Marrakech s’est installé dans le 18ème » et les Français sont plus dépaysés que les touristes marocains visitant Montmartre, tacle l’auteur, tel un Zadig à rebours.
Mais si la France se tropicalise c’est aussi parce que notre pays partage de plus en plus de caractéristiques avec certains pays de l’Amérique latine, comme l’impunité des élites qui ne sont plus responsables de rien. On l’a bien vu lors fiasco du Stade de France en mai dernier où le ministre de l’Intérieur a ouvertement menti sur la véritable identité des fauteurs de trouble. Autre trait en commun : la favelisation de la société française avec l’ensauvagement des mœurs, l’explosion de la violence gratuite, l’amplification des guérillas urbaines, les règlements de compte entre bandes ethniques rivales sur fond de trafic de drogue. Ghali ne manque pas une occasion de rappeler que la greffe du multiculturalisme ne prend pas sur le sol français et ne peut que dégénérer en une société multiconflictuelle.
Mais pour l’auteur, le trait le plus emblématique de la tropicalisation de la France est le renoncement des élites à préserver ce qui a forgé l’identité, la personnalité, l’idée France comme dirait Hegel… Bref, ce qui fait l’unicité même du pays.
Démission régalienne
Pour Ghali, si la France se métamorphose, c’est parce qu’on a laissé faire. Si la loi du plus fort a détrôné la douceur de vivre à la française, si « chaque métropole française a son Chicago », c’est parce que l’Etat, censé avoir le monopole de la violence légitime, a renoncé à imposer la force régalienne. En convoquant l’histoire, Ghali nous fait mesurer la perte : la France des Rois de France avait réussi à faire reculer la violence primaire par la civilisation des mœurs unique en son genre. Cette démission régalienne ne fait que nous déciviliser. Voilà comment on dilapide l’héritage acquis.
« Les anciens ont fait Versailles, nous on l’a tagué. » Dans l’espoir de sortir les Français de leur léthargie, et qu’ils se rendent compte du changement irréversible qui est en cours, dans l’espoir qu’ils arrêtent de le cautionner par un lâche suivisme moutonnier, Ghali enchaîne ce genre de formules cinglantes. La Boétie n’est pas cité mais sa présence plane au-dessus de la plume de l’auteur. Pour illustrer cette démission volontaire, Ghali prend le cas de l’école. Hier, l’école faisait de nos enfants les descendants de Richelieu et de Molière. Aujourd’hui, on fait tout pour qu’ils soient orphelins. L’héritage historique est remplacé par un héritage traumatique, le lien relié au passé n’est plus chronologique mais psychologique, les récits ne sont plus destinés à cultiver une flamme patriotique mais à entretenir des pleurnicheries victimaires devant une histoire devenue un repoussoir.
Résultat : « Nos écoles fabriquent des individus qui ne sont plus en mesure d’entrer en résonnance avec le pays où ils sont nés ». Pour Ghali, l’un des instruments de cette dépossession est l’écriture inclusive qui, sous couvert de lutter contre les discriminations sexuelles et sexistes, détricote, en réalité, le fil conducteur qui reliait le présent vécu à la littérature du passé. Bien sûr, Ghali aurait pu également évoquer la politique du « pas de vague » et la culture de l’excuse à l’Education nationale et notamment de son ministre Pap Ndiaye face à l’accroissement des incivilités et actes de violence et la poussée des revendications religieuses. Mais cette crise de l’école mériterait un essai entier, tant les maux sont nombreux.
Au détour de ces pages crépusculaires, on lit que « renoncer à son identité, c’est renoncer à exister ». Si l’identité de la France est bien son premier atout pour enrayer notre déclin collectif, quand notre pays se réveillera-t-il pour sauver ce qui lui reste ? Le vent de la révolte viendra-t-il de ces gens ordinaires, peuplant la France périphérique, si bien identifiés et analysés par le géographe Christophe Guilly quand ils en auront assez d’être dépossédés, par les effets conjugués de la gentrification et de l’immigration de masse, de leur ville, de leur littoral, de leur statut de référent culturel et de subir de plein fouet les choix politiques idéologiques qui ont mené à la crise énergétique actuelle ? Dans les pas de Georges Pompidou, ce seront peut-être ces dépossédés qui s’opposeront, à leur tour, au grand remplacement des platanes par des champs d’éoliennes… ■
Merci merci de dire tout ce que pensent les vieux du quatrième âge qui vont bientôt quitter cette France qu’ils ont aimée et défendu toute leur vie durant . Il ne reste plus qu’à tirer l’alarme. Ce que nous observons est exactement décrit ici avec en prime l’impression d’être un étranger dans son propre pays. Cette époque où le robot est roi et où l’intelligence artificielle prend le pouvoir n’a plus rien d’humain. Sans idéal patriotique sans religion et adorateurs de veaux d’or le peuple déboussolé se retrouve dans le vide en laissant la porte ouverte à toutes les chimères . On n’écoute jamais Cassandre et on réalise toujours quand c’est trop tard.
Ne soyons pas pessimistes mais réalistes, ce n’est pas la France qui se tropicalise mais Paris, sa région et les Métropoles.
Pour s’en convaincre, il suffit de vivre dans la France périphérique, chez les bouseux, chez les culs-terreux, chez ces gens ordinaires qui se foutent pas mal de ce qui se passe à Paris et dans ses banlieues.
Ce n’est pas demain la veille que le grand remplacement s’opérera au fin fond de la Corrèze, de l’Ardèche, des Cévennes, etc…
Pour vous en convaincre, vous les parisiens, allez voir les vidéos de la collection « Des racines et ailes » et soyez rassurés : la France éternelle est bien vivante.
Je voudrais bien le croire….. mais je ne le crois pas !
Analyse très sensée. Si « grand remplacement » il y a (mais je n’y crois guère), il ne touche que Paris et quelques grandes villes, certainement pas les provinces.
Et pourtant !
J’habite une petite bourgade bourguignonne et le grand remplacement, sans guillemets inutiles, la créolisation comme dit Méchant C…, la tropicalisation selon Driss GALLI , existe bien.
Malheureusement .
Une sous-préfecture vieillissante du centre de la France : le bulletin municipal fait état de l’obtention de subventions de l’Etat pour l’accueil de « nouvelles populations ».
Et pourtant , la municipalité est de Droite « modérée « .
(Le buste de Napoléon III est encore dans la salle des mariages de la mairie.)
» Un homme de droite est un homme qui commence par donner raison à son adversaire » . De mémoire P. Boutang dans un entretien 1956.