Par Radu Portocala.
On aurait pu poser la question dans la direction opposée : « Faut-il croire les prévisions des braves espions russes ? » Mais là aucun risque : ce n’est guère que la voix ukraino-étatsunienne que l’on entend chez nous ! C’est ce que nous appelons objectivité ou liberté d’expression.
Je découvre sur le site « Bloomberg » une série d’articles de Hal Brands, professeur d’études internationales à l’université Johns Hopkins et membre de la commission des affaires internationales du Département d’État. Un homme, donc, qui forme et conseille des diplomates américains.
Brands écrit beaucoup de choses intéressantes. Par exemple : « depuis le commencement de la guerre, l’Ukraine a saigné la Russie de manière créative. » « Washington est le grand gagnant du fiasco russe [s’agissant du retrait russe de Kherson] », « Le désastre ukrainien de Poutine », etc.
Dans son dernier article, intitulé « La grande leçon de la guerre en Ukraine : il n’y a qu’une superpuissance » La guerre en Ukraine « a illustré de manière frappante à quel point un monde post-américain pourrait être sombre et brutal ». Ça, c’est un point de vue très intéressant, mais discutable. « Heureusement, poursuit l’auteur, la guerre en Ukraine a offert la possibilité de voir à quel point une Amérique engagée peut être puissante et efficace. »
Brands fait ensuite l’éloge des espions américains, qui ont « reniflé des mois en avance l’agression de Poutine et ont averti l’Ukraine de la manière dont l’invasion allait se produire ». Rappelons, toutefois, que ce sont ces braves espions qui ont annoncé que le stock russe de missiles allait être épuisé en une semaine.
La guerre, selon lui, a montré aussi « la capacité de l’Amérique à infliger la souffrance économique. La Russie sera poussée « vers un avenir de stagnation et sous-développement technologique ».
« Il y a ensuite le contraste entre l’équipement militaire russe – chars qui s’enflamment de manière catastrophique quand ils sont touchés, missiles qui ne s’approchent pas de leurs cibles – et l’équipement militaire américain. En fournissant seulement 20 lanceurs de missile HIMARS, Washington a aidé Kyiv à renverser la vague de la plus grande guerre terrestre européenne depuis 1945. » Est-ce bien ce qui se passe sur le terrain ?
Enfin, dans un autre article, Brands se demande – et là on passe du ridicule à l’inquiétant – si les États-Unis pourraient mener, en même temps, une guerre contre la Russie, l’Iran et la Chine – montrant que la possibilité d’un désastre mondial provoqué par une Amérique malade d’optimisme pourrait être envisagée à Washington. ■
Billet publié hier 13 janvier sur la page FB de son auteur.