PAR RÉMI HUGUES.
Article en 5 parties, publiées du mardi 24 au samedi 28 janvier 2023.
Comme on l’a déjà dit, Maurice Barrès, auteur des Déracinés, ne se trompa pas : le kantisme est le substrat philosophique sur lequel est bâtie la République dite française. La république universelle, qui est aussi le titre d’un ouvrage du révolutionnaire Anarchasis Cloots publié en 1795, est son Éden-des-temps-de-la-fin. Et non la royauté universelle, telle qu’elle a été prophétisée : « L’Éternel sera le roi de toute la terre. » (Zacharie 14 : 9) Kant, quant à lui, s’oppose « à la fusion de tous les États entre les mains d’une puissance qui envahit toutes les autres et se transforme en une monarchie universelle. »[1]
On en arrive au cœur du sujet : la thèse de Kant est une laïcisation du dessein – non de la nature mais de Dieu – qui veut qu’un jour la planète soit gouvernée par le shilo (Genèse IL : 10), ou Messie. La république est abstraite alors que la royauté est incarnée, elle promet un homme juste et victorieux (Zacharie IX : 9), de même qu’humble (idem). Un Christ-Roi appelé à « frapper les nations » (Apocalypse XIX : 15), non pour les subjuguer, mais au contraire établir le règne de la Justice[2].
Fort peu occupé par ces considérations d’ordre eschatologique, Charles Maurras y a néanmoins mis son apport, en démontrant de façon rationnelle les vertus du principe monarchique.
Et soixante-dix années après la disparition du « Maître de Martigues », en ce début des années 2020, nous sommes les témoins d’une accélération d’un mouvement de fond qui, en définitive, existe depuis la nuit des temps.
Un tel mouvement est géopolitique au sens plein du terme. Ce qu’il vise n’est ni plus ni moins que d’offrir à « Géo » un État à sa dimension. Des écrits vétéro-testamentaires aux épopées babylonienne, perse, grecque et romaine, l’idée d’État-monde taraude l’humanité.
Nombreux sont à penser, notamment parmi l’Élite globale mobile, croient dur comme fer que l’État-monde est sur le point de se réaliser : l’O.N.U. existe et depuis 1989 les États-Unis sont en mesure de revendiquer la suprématie mondiale, les Nations Unies , sises à New York, n’étant que le paravent de l’hyperpuissance américaine.
Beaucoup se posent, et c’est légitime, la question : les États-Unis sont-ils la « République mondiale » évoquée par Kant dans Vers la paix perpétuelle ? Il y a lieu de voir que le contenu de la destinée manifeste à laquelle croit l’administration Biden est cette conception des États-Unis comme instrument messianique de la Paix éternelle terrestre, comme « gendarme planétaire ». Macron, homme-lige des Américains, ne peut que se résoudre à vivre cette réalité, à s’y soumettre, comme avant lui ses prédécesseurs.
La République universelle, voilà le dessein que poursuivent nos élites occidentales : c’est le Global One-Government (GOG) qu’elles façonnent, et qui les façonne. Elles sont ce GOG, cette foi rageuse dans la gouvernance globale.
Consciente de la rupture politique que représente un tel changement d’échelle administrative, cette élite « bancocratique » sème le chaos parmi les peuples. Par exemple en mettant dans la tête de certains ploutocrates « musulmans » – et Allah sait qu’il y en a – que le Califat mondial est en marche.
Ainsi la Global One-Government n’a pas manqué de créer la Muslim Area–Global One-Government (MAGOG) ; la dynastie Bush n’a-t-elle pas fréquenté le clan Ben Laden ? En arabe Al-Qaïda veut dire la base : soit la base-de-la-CIA-en-Afghanistan, comme rappelé par le juge antiterroriste Marc Trévidic[3]. L’Armée syrienne libre (A.S.L.), soutenue par les Occidentaux face au « tyran » Bachar al-Assad, n’était qu’une couverture de l’État « islamique » en Irak et au Levant (E.I.I.L.), qui fut proclamé Califat par Abu Bakr al-Baghdadi en juillet 2014 depuis la ville irakienne de Mossoul. Le MAGOG est l’instrument utile dont dispose GOG pour accomplir sa tâche.
Mais ce dernier, à savoir l’Occident – ou ordre « anglobaliste »[4] – est confronté à un obstacle qui fait office de caillou dans sa chaussure : la Russie, adossée à la Chine. ■ (Suite et FIN).
[1]Ibid., p. 125.
[2]Aujourd’hui une pléthorique quantité de vidéos postées notamment par des rabbins annoncent que la délivrance viendra de France, leur source biblique étant le livre d’Abdias (ou Ovadia), verset 20 : Sarepta (ou Tsarfat). Si un jour un roi de France doit étendre son empire à toute la terre, ce ne sera pas par la contrainte mais par l’assentiment de la part des nations, lesquelles sont prédisposées à accepter un tel état de fait. Ce qui semble paradoxal, c’est que l’Antéchrist aidera à cette entreprise. En vérité, les voies du Seigneur Tout-Puissant sont impénétrables : à charge pour cette petite corne aux yeux semblables à des yeux d’homme, et à la bouche tenant des propos délirant (cf. Livre de Daniel, VII : 11) de mettre sur pieds le gouvernement mondial, avant d’être neutralisé par le Roi qui s’assoira sur son trône et sera à la tête du globe terrestre. Peut-être est-il erroné de dire ses yeux concernant cette petite corne ; les lignes suivantes de l’Écriture suggèrent qu’elle n’aura qu’un œil, au sens propre : « Car voici, je susciterai dans le pays un pasteur qui n’aura pas souci des brebis qui périssent; il n’ira pas à la recherche des plus jeunes, il ne guérira pas les blessées, il ne soignera pas les saines ; mais il dévorera la chair des plus grasses, et il déchirera jusqu’aux cornes de leurs pieds. Malheur au pasteur de néant, qui abandonne ses brebis ! Que l’épée fonde sur son bras et sur son œil droit ! Que son bras se dessèche, Et que son œil droit s’éteigne ! (Zacharie XI : 16-17)
[3] « Al-Qaida est un mot arabe que l’on peut traduire par “la base”. Ces dernières années, les théories se sont succédé sur les raisons pour lesquelles ce mot a finalement été choisi pour désigner la plus grande organisation terroriste du monde. Il est même difficile d’accorder la paternité de ce choix à qui que ce soit. Il fallait bien un nom car toute chose doit être nommée. Certains disent qu’il s’agit de désigner avant toute chose une “base militaire”, d’autres soutiennent qu’il s’agit d’une base de données. Force est de constater qu’Al-Qaida a été les deux. », Au cœur de l’antiterrorisme, Paris, JC Lattès, 2011.
[4]https://vigile.quebec/articles/le-peril-anglobaliste
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
La dualité quantité/qualité évoquée par l’auteur est surtout d’ordre philosophique. Sous un angle plus sociologique, cette prééminence de la seule quantité pourrait se résumer au triomphe de la médiocrité. La France est devenue après 1000 ans de Royauté l’un des plus beaux pays du Monde et surtout celui de l’excellence dans tous les domaines. Deux siècles de république auront suffi pour en faire un dépotoir. Certes, la France n’est pas isolée dans cette dégringolade mais c’était l’épicentre de la richesse européenne : richesse économique, diplomatique, culturelle, artistique, scientifique…et donc, partant de la qualité. Comme le dit l’auteur, tout est quantifié c’est à dire réduit à l’aune de la production-consommation. Mais, il n’y a plus de génie là dedans. Au bout du compte, les Lumières puis les mondialistes ont fabriqué une sorte de collectivisme aussi sinistre et arasé que le marxisme. Pour nous le vendre à vil prix, les républicains nous mettent sous le nez leur fameux « contrat social », en nous faisant croire qu’on est obligé de le signer « sans engagement de votre part » selon la formule consacrée.
Un texte d’une grande profondeur qui témoigne d’une culture impressionnante, qui nous révèle la clé de l’évolution du monde : la quantité ( Kantité ).
Le rationel contre le relationnel
Le rationalisme de Platon ( Idéalisme ) contre le relationnisme d’Aristote ( L’homme est un animal politique, hors de la Cité, il est soit un dieu soit une brute. Il existe donc que par ce relationnel ).
Aristote disait de Platon, c’est mon ami mais, il parle creux
Platon est l’arrière grand père de la Révolution, ( l’application du rationalisme au phénomène politique ). Et a fait des petits….
Nietzsche : Descartes, le père du rationalisme, le grand père de la révolution
Pas seulement de la Révolution française ….
Le nom scientifique de la doctrine communiste, le matérialisme dialectique se fonde sur le postulat que : le réel est rationnel
Salutation à l’auteur qui m’a fait beaucoup réfléchir avec ce texte remarquable.