Par Radu Portocala.
Tom Rogan est un jeune et fougueux éditorialiste américain qui publiait le 15 mai 2018 un article dans « The Washington Examiner » suggérant que l’Ukraine devrait bombarder le pont de Crimée construit par la Russie, et que les États-Unis devraient soutenir cette action. Soucieux de la vie humaine, il affirmait que la longueur du pont garantirait un nombre réduit de victimes – ce qui est un calcul étrange.
Hier, 24 janvier, toujours dans « The Washington Examiner », Tom Rogan proposait la suspension de la Turquie et de la Hongrie de l’OTAN. À ses yeux, la Turquie est coupable de s’opposer à l’adhésion de la Suède et de la Finlande, qui se sentent, on ne sait pas très bien comment, menacées par la Russie.
Quant à la Hongrie, elle est coupable d’avoir un premier ministre, Viktor Orban, qui « fait des courbettes » à Vladimir Poutine et à Xi Jinping. En plus, Orban a ébranlé les sanctions européennes contre la Russie, sanctions qui renforcent (on se demande comment) la sécurité de l’OTAN. Orban est ensuite traité de « vice-roi/serviteur de Xi et Poutine dans l’OTAN et l’Union européenne », formule qui rappelle fâcheusement les « laquais de l’impérialisme » dont parlait il y a longtemps la propagande communiste. La roue tourne, mais elle demeure la même et reste sur place.
M. Rogan laisse entendre que la seule menace de suspension pourrait mener à des changements de régime – autrement dit, il espère des « révolutions de couleur » ou des « maïdan » en Turquie et en Hongrie. « Jusqu’à ces changements », dit-il, ces pays doivent être séparés de l’alliance, à l’intérieur de laquelle ils font plus de mal que de bien.
Ainsi, M. Rogan donne une vision assez précise de l’OTAN en tant qu’instrument de soumission à la volonté américaine et de pression sur la vie politique interne des États membres. C’est très peu réjouissant. ■
Billet publié le 27 janvier sur la page FB de son auteur.