Criminologue, Xavier Raufer analyse pour Boulevard Voltaire la hausse de l’insécurité en 2022 avec les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Marc Eynaud. La quasi-totalité des indicateurs de la délinquance en France sont en hausse en 2022. C’est une année record en matière d’insécurité. Êtes-vous surpris ?
Xavier Raufer. Je ne suis pas surpris et je remarque, une fois de plus, que le petit Gérald nous a tout fait ! Il publie cela au moment d’une grève générale, au moment où les gens ont l’esprit ailleurs et toute la presse est aux ordres. Lorsque Gérald Darmanin va au secours d’un chaton perdu dans un arbre ou vers une église, une mosquée ou une synagogue menacées par des terroristes, on retrouve sa photo.
Ici, il s’agit de la délinquance et de la criminalité, édulcorées par les médias asservis. Ces chiffres sont affreux. Lorsqu’on dit que les coups et blessures volontaires ont augmenté de 15,3 %, ça ne part pas de zéro. Cette augmentation s’ajoute à tout ce qui existait l’année précédente. Le ministère de l’Intérieur parle de 353.583 faits connus. Il y a également tous ceux pour lesquels on n’a pas porté plainte à la police ou à la gendarmerie car ça ne sert à rien. Ils vous font signer une main courante et ensuite vous n’en entendez plus parler.
Ces phénomènes s’ajoutent les uns aux autres. J’ignore si c’est par incompétence ou par désir de noyer le poisson, mais tout est mélangé avec tout. Chacun sait que les violences intrafamiliales, par exemple, n’ont rien à voir avec les coups et blessures volontaires. Pour les violences intrafamiliales, les gens portent davantage plainte. Ce sont des phénomènes de coups d’accordéon médiatique. Les coups et blessures volontaires et les vols sans violence contre les personnes sont une autre catégorie.
M. E. Si, dans la rue, on me menace avec un couteau pour me voler mon téléphone, sans me frapper, c’est un vol sans violence ?
X. R. Là, il s’agit d’un vol sous la menace d’une arme !
Dans le rapport, il y a également les autres coups et blessures volontaires dans deux catégories : on ne sait pas s’ils se surajoutent. Ce travail est mal fait. Pour l’usage des stupéfiants, on mesure l’activité de la police. Pour les violences sexuelles, avec l’effet MeeToo, les victimes portent davantage plainte. Pour les vols dans les véhicules, il y a une augmentation de 9,3 %, soit plus de 246.000 effractions. Il y a également les escroqueries sur Internet, le trafic de stupéfiants. Tout ce qui gêne la vie des gens et, pour parler clairement, pourrit la vie des Français, est en augmentation.
M. E. Tout ceci est confronté à une barrière de laxisme judiciaire…
X. R. Ce n’est pas une barrière de laxisme, car dans 80 % des cas, les magistrats n’ont pas les moyens. Un magistrat m’a dit qu’il devait traiter 300 dossiers à peu près en même temps, il lui en faudrait seulement 30 pour faire un travail de justice serein. Il y a peut-être 20 % de juges idéologues et gauchistes et le reste n’a pas les moyens de faire son boulot. On a une justice clochardisée. Pour 100.000 habitants, la France a moins de procureurs que l’Albanie. La criminalité, comme les homicides et les vols à main armée, ainsi que les délits dont nous venons de parler, augmentent sévèrement. Comme nous ne cessons de le dire depuis des années, le travail de Gérald Darmanin est à peu près factice. Si le pilonnage qu’il annonce contre les supermarchés de la drogue était efficace, le prix de la drogue augmenterait. S’il avait réussi à mater les bandits, ils ne s’entre-tueraient plus. Les homicides, en particulier les règlements de compte entre bandits, augmentent de 25 %. À Marseille, c’est 35 %.
C’est une augmentation colossale, et pendant ce temps-là, M. Darmanin protège les chats dans les arbres…
M. E. Pourquoi Gérald Darmanin s’est-t-il ému de ce chat fauché par un train ?
X. R. Lorsqu’il était ministre du Budget et qu’il avait les douanes sous sa responsabilité, on le voyait toutes les semaines lorsqu’il y avait des saisies de drogue. Il se sert des gens et des causes, dans l’idée absurde qu’il est le nouveau Sarkozy et qu’il veut devenir président de la République. Donc, il est prêt à tout. Il veut se faire repérer comme étant l’homme de la situation. Mais ce qui compte, c’est que les cambriolages de logements ont augmenté de 11 %. Le ministre ment en cachant que les cambriolages affectent aussi des locaux industriels et agricoles, ainsi que les résidences secondaires. Si on compte tous les cambriolages, affectant toutes les catégories de lieux cambriolables, c’est 40 % en plus que les cambriolages de logement. Cela fait plus de 300.000 par an.
Les gens ont des yeux pour voir : quand on leur demande si l’insécurité augmente dans notre pays, 68 % ont répondu « oui », selon un sondage de BFM TV de décembre 2022.