Nous n’avons pas vraiment l’intention de rajouter quoi que ce soit à cet excellent billet assez amusant et bien tourné paru le 1er février dans Causeur. Nous sommes un certain nombre ici à nous sentir plus Romain que Gaulois, mais vu comme ça…
Par Dominique Labarrière*.
Et vous, vous allez voir « Astérix » ou « Vaincre ou mourir », au cinéma ?
Dans notre France désabusée et déclinante, même Astérix et Obélix en viennent à manquer d’allant. Ils ont le souffle court et le cœur n’y est plus. On sent le désenchantement. Obélix ne distribue plus ses baffes avec la même alacrité ni ne dévore le sanglier avec la même insatiable et joviale gourmandise. Astérix et lui s’éprennent de la belle captive au point qu’on se demande si la potion magique n’a pas viré philtre d’amour pour ados attardés. En fait, tout cela manque de Romains. Le tonique argument de la résistance villageoise contre la marée invasive fait cruellement défaut. C’est pourtant là qu’il faut chercher l’ADN de l’œuvre géniale de Goscinny et d’Uderzo. En 1959, lorsqu’ils donnent vie à leurs héros de la castagne, dont le seul credo est de bouter les légions romaines hors de leur chez-soi, la Résistance contre ce qui envahit et occupe est encore une notion positive, noble et enthousiasmante dans les esprits et les cœurs. Aujourd’hui, là où on pense comme il faut et où l’on sait ce qu’il convient ou non de montrer aux braves gens, on préfère sans doute éviter de se référer à ce qui – allez savoir ?- risquerait de donner des idées à ce même bon peuple, d’entretenir chez lui une once d’esprit de clocher mâtiné de velléités de révolte. On s’en gardera donc bien. Coïncidence, l’esprit de résistance se trouve incarné à l’écran ces temps-ci par un autre héros, M. de Charette, le Vendéen magnifique. On se prend à regretter que celui-ci n’ait pas eu à disposition quelques tonnelets de potion magique, qu’il n’ait pas eu pour copains de combat nos deux Gaulois immortels. Mais voilà, M. de Charrette, son glorieux sacrifice, sa résistance d’âme, de cœur et d’esprit sont boutés, eux, hors des salles du cinématographiquement correct. On comprend mieux dès lors pourquoi cet ersatz d’Astérix – de bien fade potion – produit à très grands frais, tourne le dos à l´ADN évoqué plus haut et se délocalise en Chine, loin, bien loin de nous. Mais puisque Chine il y a, on se prend à regretter aussi que M. de Charette n’ait pas été chef de guerre Ouïghour. Libé, Télérama et consorts en auraient fait des tonnes. Triomphe intello-bobo garanti ! Peut-être, mais – par Toutatis ! – on préférera de beaucoup le plaisir canaille de fronder les beaux esprits en allant voir le film, « Vaincre…ou mourir ». ■
Dernière parution : Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien, coll. Poche Histoire, éditions Lanore.
Astérix – Astérix le gaulois – n°1: 10,50 €
« Vaincre ou mourir » ? Une bataille idéologique qu’il faut gagner…Les sudiste en Amérique ont retourné l’opinion avec « Naissance d’une nation » de Griffith et « Autant en emporte le vent »…
Entièrement d’accord avec vous, nous pouvons aussi signaler que le producteur du film: le PUY du FOU est mondialement connu, des millions de personnes ont vu le spectacle proposé aujourd’hui au cinéma et ont déjà quelques notions véritables sur la guerre de Vendée et le premier génocide connu des temps modernes, et l’aventure prodigieuse de CHARETTE