PAR RÉMI HUGUES.
Article en 7 parties, publiées du mardi 7 au lundi 13 février 2023. Étude à la lisière des domaines politique et religieux, qui, naturellement, peut donner lieu à débat.
Cela n’a pas de sens non plus d’alerter sur un projet de domination globale juive tout en s’enthousiasmant sur la victoire à venir du Christ sur l’Antéchrist : en anéantissant l’éclat de son Avènement (II Th II : 8) il permettra la gloire d’Israël (à ne pas confondre avec l’entité sioniste), obtenue non par la coercition sur les nations mais au contraire par leur consentement, leur infinie reconnaissance même.
Elles révéreront ce peuple dont sera issu son libérateur de l’emprise tyrannique de l’Antéchrist. Car dans un premier temps doux et pacifique, aidant les pauvres et les malheureux, désintéressé par l’argent, l’Antéchrist doit ensuite devenir un être violent et menteur qui persécute l’humanité en général et les fidèles de Dieu en particulier.
Depuis la Shoah la considération des nations vis-à-vis des Juifs repose principalement sur la compassion, la pitié. Après que le-Messie-fils-de-David occira l’Antéchrist-son-clone[1], cette considération sera fondée sur l’estime, l’admiration, la gratitude.
« Du peuple juif, maudit qu’il faut enfin bénir » : ce vers du poème de Victor Hugo intitulé « La vie aux champs », dans Les contemplations, annonce cette révolution copernicienne pour le peuple déicide destiné à la glorification suprême à la fin des temps.
Ainsi le règne mondial et définitif d’Israël – ou Cinquième Royaume – commencera, ce que les sionistes ne parviennent pas à comprendre, eux qui essayent depuis 1948 péniblement d’agrandir un territoire peu étendu au prix du sang palestinien, suscitant la colère d’une partie importante du monde, et pas seulement musulman, nourrissant en outre le sentiment anti-juif.
Gershom Scholem avait insisté sur ce point, dans Fidélité et Utopie. Essais sur le judaïsme contemporain : « J’ai toujours pensé que le sionisme est un processus, le processus le plus légitime qui soit, mais qu’il n’est pas un mouvement messianique. Et c’est là son mystère. Car comme mouvement messianique, il est condamné d’avance à l’échec. »[2] Le sionisme est diamétralement opposé au messianisme. L’État d’« Israël » est voué à être subsumé, tandis que l’Europe de Galway à Vladivostok doublée du Califat assis sur trois continents formeront un jour l’étau par lequel sera écrasé le chef de la gouvernance globale dont le règne provisoire est traditionnellement affublé du syntagme Abomination de la désolation.
Les bases sur lesquelles il bâtira son éphémère Pouvoir suprême sont les pays qui appartiennent à l’OTAN, soit surtout les États-Unis et le Royaume-Uni, mais aussi la Pologne et la Turquie (l’Allemagne et la France en étant aujourd’hui à la périphérie[3]).
Laquelle Turquie est le fief de la puissante confrérie des Frères musulmans, qui sait utiliser comme force d’appoint le « takfirisme » (al-Qaïda, Daech) quand bon lui semble, avec très souvent la complicité de ses alliés occidentaux.
Vladimir Poutine a souligné cette réalité dans son discours de lancement de l’opération dite spéciale du 24 février 2022 :
« Premièrement, sans aucune autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, ils ont mené une opération militaire sanglante contre Belgrade, en utilisant des avions et des missiles en plein cœur de l’Europe. […] Puis vint le tour de l’Irak, de la Libye et de la Syrie. […] En fait, on a l’impression que pratiquement partout, dans de nombreuses régions dans le monde, là où l’Occident vient mettre en place son ordre, cela se termine en blessures sanglantes qui ne cicatrisent pas, en plaies que sont le terrorisme international et l’extrémisme. Tout ce que j’ai évoqué en est l’exemple le plus flagrant, mais ce n’est en aucun cas le seul exemple du mépris du droit international. »[4]
Car l’OTAN, en plus d’être le fer de lance du projet globaliste – ou « anglobaliste » –, soit l’aspiration au Global-One Government (GOG), soutient à l’intérieur du monde musulman une entreprise similaire d’établissement d’un État-monde. Une telle entreprise pourrait s’appeler Muslim-Area Global-One Government (MAGOG).
La Turquie actuelle est la maillon qui relie ce Global One-Government (GOG) à ce Muslim-Area Global-One Government (MAGOG) : si elle continue sur cette voie elle sera nécessairement amenée à entrer un jour ou l’autre en conflit ouvert contre la Russie, dont l’armée, depuis le déclenchement du conflit, a été très sévèrement frappée par ses excellents drones Bayraktar vendus à l’Ukraine
Alors que sur les plateaux de télévision Vladimir Soloviev mène la guerre sémantique contre un État ukrainien littéralement vampirisé par l’Occident, c’est le moment ou jamais de lire et faire lire autour de soi le volume Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion suivis de la Courte relation sur l’Antéchrist que rédigea son homonyme, le grand penseur du tournant du XXe siècle. Ce volume est sans conteste un chef d’œuvre de la philosophie politique contemporaine. ■ (À suive).
[1]Au sens propre. « Les auteurs catholiques sont unanimes sur les origines : l’Antéchrist ne peut être que Juif », écrit Armogathe, ibid., p. 228. Cette stance lyrique du Moyen Âge illustre bien une telle thèse : « L’Antéchrist va venir / Il naîtra à Babylone / Il proviendra de la tribu de Dan / Par la permission divine / Conçu du diable / Parmi les juifs. », cité par ibid., p. 231. C’est exact dans la mesure où l’on tient pour vraie l’hypothèse selon laquelle la vie de l’Antéchrist résultera d’un clonage humain effectué par le princeps hujus mundi sur la personne du Messie. Cette pratique interdite par la loi est d’ores et déjà techniquement possible.
[2]Cité par David Banon, Le messianisme, Paris, P.U.F., 1998, p. 115.
[3] « L’Allemagne et la France étaient, elles, devenues des partenaires mineurs dans l’Otan et n’étaient pas au courant de ce qui se tramait en Ukraine sur le plan militaire. On a critiqué la naïveté française et allemande parce que nos gouvernements ne croyaient pas en la possibilité d’une invasion russe. Certes, mais parce qu’ils ne savaient pas qu’Américains, Britanniques et Polonais pouvaient permettre à l’Ukraine d’être en mesure de mener une guerre élargie. L’axe fondamental de l’Otan maintenant, c’est Washington-Londres-Varsovie-Kiev » a récemment expliqué l’essayiste Emmanuel Todd, in https://www.lefigaro.fr/vox/monde/emmanuel-todd-la-troisieme-guerre-mondiale-a-commence-20230112
[4]https://www.revuepolitique.fr/intervention-du-president-poutine-24-fevrier-2022/
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
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