Par Antoine de Lacoste.
Peut-on continuer à dépenser des milliards aux frais des contribuables européens pour un pays notoirement corrompu ? Pour éviter que trop d’Européens ne se posent la question, le régime ukrainien s’est tout à coup lancé dans une spectaculaire opération « mains propres ».
A la veille du sommet européen du 3 février à Kiev, des perquisitions ont eu lieu, surtout dans la capitale. A grands renforts de publicité, les équipes du SBU, le célèbre service de sécurité ukrainien, sont descendues aux domiciles de l’oligarque Ihor Kolomoïsky et de l’ex-ministre de l’intérieur Arsen Avakov. Ce dernier avait démissionné de ses fonctions le 13 juillet 2021 pour des raisons restées obscures. Quant à l’oligarque Kolomoïsky, qui fut un soutien décisif de Zelensky lors de l’élection présidentielle de 2019, les raisons de sa disgrâce sont également inconnues. Il était le Monsieur pétrole de l’Ukraine et est accusé d’un modeste détournement de 1 milliards de dollars. Détournées au détriment de qui ? L’histoire ne le dit pas encore.
Plusieurs responsables importants du ministère de l’intérieur ont également été visés ainsi que les services des impôts et son chef accusé « d’enrichissement à hauteur de plusieurs millions de dollars » a déclaré le chef du SBU, devenu tout puissant sous le régime de Zelensky. Il s’appelle Vassil Maliouk, dirige le service par interim depuis juillet 2022 et a été officiellement nommé le 6 février 2023, juste après ces perquisitions.
Cette vaste opération (de communication ?) fait suite aux démissions, le 24 janvier, du chef-adjoint du bureau de Zelensky et du vice-ministre de la défense. Le même jour le procureur général adjoint était démis de ses fonctions ainsi que le vice-ministre des infrastructures, arrêté avec 400 000 dollars en liquide affirme le SBU. Pourquoi pas ?
Oserait-on relier cet enchaînement impressionnant avec la mort du ministre de l’intérieur dans son hélicoptère dont il ne fait guère de doutes qu’il été abattu par un missile ukrainien le 18 janvier? Une sorte de signal.
Il est bien dommage que les grands médias français, lancés dans une croisade ukrainienne ahurissante (Le Figaro pulvérise son précédent score syrien pourtant très brillant), ne s’intéressent pas beaucoup à tout cela. Ils découvriraient peut-être que derrière la nouvelle couche de la façade ukrainienne se cache une féroce lutte pour le pouvoir.
L’armée ukrainienne est en grande difficulté et le Mossad, généralement bien renseigné, a donné un bilan des pertes de cette guerre impressionnant avec 150 000 morts et 230 000 blessés côté ukrainien contre 18 000 morts et 44 000 blessés côté russe. Aucun démenti n’est intervenu depuis le camp de l’OTAN. Il y a maintenant entre 400 000 et 500 000 soldats russes en ligne. Combien d’Ukrainiens ? Beaucoup moins maintenant malgré les enrôlements forcés dont les vidéos spectaculaires circulent (prises par des Ukrainiens).
Alors malgré les chars, les canons Cesar et tous les obusiers de l’occident qui vide son garde-meuble, on ne voit pas bien comment l’Ukraine peut gagner cette guerre, n’en déplaise à nos dirigeants et à nos pitoyables généraux de plateau.
Il faudra bien, un jour, s’assoir autour d’une table et négocier, n’en déplaise à l’OTAN, donc à l’Amérique.
En attendant, les Ukrainiens règlent leurs comptes. ■
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Monsieur Antoine de Lacoste semble jubiler en déroulant de supposées malversations, détournements et autres opérations illégales ou malhonnêtes survenant en Ukraine qui a au moins le mérite de faire le ménage chez elle. La probité parfaite existe nulle part et certainement pas dans la Russie de Poutine si chère au coeur de Monsieur de Lacoste qui se plaît à faire l’éloge du maître du Kremlin dans chacune de ses chroniques. Quels bénéfices retire-t-il à répandre la propagande grossière de ce dernier ? Prend-il les lecteurs de JSF pour des idiots utiles de la cause poutinienne ? Il néglige le fait que l’on puisse être royaliste de coeur en France sans éprouver de sympathie pour Poutine dont l’obsession est de détruire l’Europe (dont la France est membre), l’OTAN (une alliance défensive dont la France est membre et qui en retire un avantage de sécurité), de reconquérir tous les territoires composant l’ancien empire soviétique par tous les moyens possibles et brutaux sans rien s’interdire.
Monsieur, il a existé une alliance militaire qui nous donnait certaines garanties contre un ennemi puissant et impitoyable, le communisme. Sur une base très inégalitaire il est vrai, et avec tant d’engagements à sens unique que Charles de Gaulle avait décidé d’en sortir. À cette époque, cependant, l’OTAN n’exigeait pas de ses membres la soumission à la tolérance LGBT et à la société multiraciale. Seulement, je ne sais pas si vous le savez vraiment, mais le communisme s’est effondré sur lui-même il y a trente deux ans. Cette alliance militaire qui nous donnait des garanties n’a donc plus d’objet depuis deux générations. Cela fait beaucoup. Alors pourquoi maintenir cette organisation? Êtes-vous bien sûr que nos ennemis, nos intérêts vitaux, nos perspectives d’avenir, nos défis coïncident parfaitement avec ceux des États-unis d’Amérique? Ce que vous pouvez constater, c’est que, depuis 1990 les USA et l’OTAN nous ont embarqués dans de multiples guerres d’agression (Serbie, Kossovo, Irak, Afghanistan) dont le seul et unique but est de nous tenir en tutelle. Dans le même temps, le Dollar est devenu un passage obligé, et non plus une commodité, et les USA considèrent à la fois qu’il est obligatoire d’en passer par lui, et que son usage implique la soumission à la loi américaine, avec des amendes démesurées pour ceux qui y contreviennent. En fait l’avenir que les USA nous imposent n’est guère enthousiasmant. Alors, s’il existe des pays qui mettent en avant la souveraineté des Nations, même brutalement, contre les USA, je me refuse à les traiter comme des ennemis. Car le seul véritable ennemi est celui qui nous opprime, financièrement, spirituellement, mentalement, économiquement, avec brutalité et cynisme.
Comme l’écrit Pierre Builly, la réponse d’Antiquus à Gilbert Claret est remarquable. Il est inutile d’y rajouter quoi que ce soit.
Remarquable réponse d’Antiquus ! Sans même remonter aux billevesées wilsoniennes qui nous ont valu le lamentable état de déséquilibre de l’Europe après la première guerre, voilà que, après avoir. apporté leur partie à l’écrasement de l’Allemagne, les États-Unis ont voulu se mêler de tout. J’ai bien écrit « leur partie » dans le processus de la victoire ; « leur partie » et seulement celle-là : car il ne faut pas oublier que c’est la Russie qui a subi le plus durement l’effort de guerre et que sa résistance incroyable a changé le cours des choses.
Ce qui ne veut évidemment pas dire que l’on aurait souhaité que l’effort des troupes de Staline ne s’arrêtât qu’au Finistère ! Sagement, « politiquement », l’Union soviétique s’était constitué le glacis que toute la politique russe ambitionnait.
Et il est bien normal que le monde « libre » se soit abrité sous le parapluie autoritaire étasunien. Mais, comme le dit opportunément Antiquus, depuis l’écroulement de 1990 et la funeste réunification de la Germanie, l’OTAN n’a plus lieu d’être…
Évidemment : je sais gré à Antiquus de sa réponse, laquelle pourrait nous dispenser d’ajouter un grain de sel… Cependant, «ayant toujours quelque chose à dire», cela me remet en mémoire de vagues réflexions autour de cette «droite» française dont je pense qu’elle est viscéralement «de gauche», sans peut-être savoir ce qu’est réellement la gauche (de Mélanchon au Maqueron, en passant par Sarkozy, Chirac, quitte, au fond, à dire encore «de Michel Onfray à Éric Zemmour»)… Par exemple et en vitesse, à propos des USA, je me suis demandé toute mon enfance pourquoi mes parents, qui étaient d’une gauche passablement appuyée et, par conséquent, se montraient très hostiles aux États-Unis, ne juraient jamais que par le «cinéma américain» (???)… En fait, sans en avoir conscience, ils se soumettaient voluptueusement à la séduction «culturelle» qui envahissait tou –, à certaines fins, fins dont, les tenants ayant été définitivement acquis, nous pouvons observer aujourd’hui les aboutissants.
Je ne sais pas si je pourrais me permettre de ranger monsieur Claret parmi d’éventuels «royalistes de cœur» soumis à la séduction cérébro-raisonnable du démocratisme libéral, comme symétriques aux gauchos d’après guerre subjugués par l’esthétique moralisante hollywoodienne (dont s’extrayaient impayablement les furieux Marx Brothers – la Paix soit sur eux !).
Je fais allusion à ces personnes qui, d’un côté, s’offusquent du Grand Remplacement, sans voir que celui-ci a été méticuleusement entrepris précisément par la moraline de la «Libération» amerloquaine, à coups de Camel-filtres, de jazz, de John Ford et du reste à l’avenant…