Par Xavier Raufer.
Cette nouvelle contribution de Xavier Raufer est parue sur Atlantico le 30 janvier. Bilan glaçant de la criminalité en expansion dans la Cité phocéenne.
A Marseille, les cités sont toujours aussi minées par le trafic de drogue, et le nombre de règlements de comptes ne faiblit pas.
Ni ironie ni condescendance dans la formule « pauvre préfète » ; plutôt, de la compassion pour une femme (de plus) jetée aux fauves par ces politiciens (mâles) pour qui le féminisme et l’attrait de « la-première-à » sont une vraie aubaine. Femme de plus : songeons à Mme Elizabeth Borne et sa réforme des retraites. De fait, confier à des femmes les postes très exposés est tout bénéfice pour leurs « sélectionneurs » qui passent ainsi pour modernes et « dans le coup ». La dame choisie – fière bien sûr mais parfois un peu naïve – réussit-elle ? Son « parrain » en profite politiquement. Elle échoue ? Elle sera en tout cas plus épargnée qu’un homme au tribunal des réseaux sociaux – exclusif baromètre de MM. Macron, Darmanin, etc.
Même, qu’à la fin de l’été 2022, Mme Frédérique Camilleri, préfète de police à Marseille, se soit fait piquer son sac à main au restaurant à Paris, incrimine plus l’insécurité dans la capitale que ses qualités sécuritaires. Pour autant, cette préfète domine-t-elle son sujet sur le terrain ? Hélas non. Retour au réel criminel : tous les faits ci-dessous énumérés adviennent en 109 jours exactement, du 3 octobre 2022 au 20 janvier 2023. Sélectionnés par notre base documentaire, ils viennent de journaux d’information locaux, pour sûr bienséants et « progressistes », donc plutôt enclins à édulcorer… noyer le poisson… favoriser la préfète, MM. Macron et Darmanin, qu’à souffler sur les braises. Malgré tout, c’est l’horreur.
Que le lecteur lise avec soin ce qui suit : il ne le réalise pas forcément :
« Trois morts en un week-end dans des fusillades… Nouveau règlement de comptes… Un homme de 25 ans criblé de balles… Nouveau meurtre au Moulin-de-Mai [Cité bien sûr rénovée à grands frais par l’inepte « Politique de la ville »] … Un tireur ouvre le feu dans un bar…Un jeune homme tué à la cité HLM Méditerranée… À la Belle-de-Mai, les fusillades s’enchaînent… Noël sanglant à Marseille… Week-end sanglant dans les quartiers nord… « Les balles ont sifflé autour de moi »… À Marseille, la glaçante radioscopie des cités minées par la drogue … Les gangs de Félix-Pyat et de Bellevue s’entretuent… Exécution à la mexicaine… Un homme tué par balles dans un local associatif… Fusillade pendant la nuit de la Saint-Sylvestre… » (En 109 jours, rappelons-le).
Ajoutons-y ces « blessés peu loquaces » signalant que localement, l’omerta se porte bien ; et la tentation médiatico-préfectorale de casser le thermomètre : « Dénombrer les règlements de compte a-t-il encore un sens ? ». À rebours, une magistrate effarée souligne « Tout le monde se tait, la peur des représailles est terrible… Tuer est malheureusement devenu très facile ».
Tout ce qui précède advient bien sûr, sempiternellement, dans ces zones hors-contrôle que les « pilonnages » Darmanino-Camilleristes ne semblent pas trop inquiéter : Belle-de-Mai… La Visitation… La Paternelle… Consolat… les Aygalades… etc.
Voilà pour où. Mais qui ? Dans ces guerres de la drogue, tueurs et victimes sont maghrébins à 90%. Un exemple parmi cent : le procès (octobre 2022) des assassins de Mourad M., abattu dans une cité d’Aubagne : Khaled S., Takieddine Z., Abdelhak C., Sofiane K. ; ainsi de suite.
Le bilan ? Pour toute la France, au premier semestre 2022, les « règlements de comptes entre malfaiteurs » bondissent de + 25% sur les mêmes mois de 2021 (110 contre 88). En 2022, dans les Bouches-du-Rhône (dit le parquet local), on compte 32 règlements de comptes mortels, 28 à Marseille. Cependant, ce total-là est imprécis, car depuis l’implantation des SAMU et du SMUR (en gros, vers 1980-90) un compte exact doit intégrer les homicides et tentatives. De fait, ces urgences motorisées, vite auprès des blessés, en sauvent 7 sur 10 ; là ou jadis, 3 sur 10 l’étaient. Depuis, le nombre des tués, des fusillades notamment, s’effondre grâce aux SAMU+SMUR ; là où celui des blessés graves augmente en proportion.
Comptons donc les homicides + tentatives dans les Bouches-du-Rhône en 2022, il y en a eu 66 ; là où en 2021, on en était à 49 : plus 35% en un an !
Et si le tandem Darmanin-Camilleri « pilonnait » en vain ? ■