Philippe San Marco : « le triomphe de l’ochlocratie »
Par José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional.
Un nouvel article original et intéressant de José D’Arrigo paru le 13 mars dans le quotidien régional en ligne Le Méridional. Titre, nous le redisons, ami des royalistes d’Action Française depuis des lustres. Et dont nous recommandons la lecture. José D’Arrigo poursuit ici son Enquête sur l’agonie des partis politiques français, ou, à tout le moins, sur leur délabrement. (Sur ce thème un premier article est déjà paru dans JSF. Deux autres restent à venir.)
« L’ochlocratie », c’est un régime politique dans lequel la foule a le pouvoir d’imposer sa volonté. L’ancien député socialiste Philippe San Marco dont la morale est irréprochable – ce qui lui a valu sa disgrâce à Marseille dans un mouvement dominé par les clientélistes – a ressorti des placards cette philosophie grecque où la populace s’empare du pouvoir.
L’ochlocratie, c’est le rêve d’un Mélenchon et de ses illuminés du bocal. Si San Marco a retrouvé le texte fondateur des partisans de l’ochlocratie, ce n’est pas par hasard : c’est pour convaincre les magistrats de la chambre régionale des comptes qu’il se passait des choses pas très catholiques à la tête de la société Marseille-Aménagement au début de notre siècle. Il leur a adressé le texte suivant qui, curieusement, est aujourd’hui d’une brûlante actualité !
« Le terme « ochlocratie », écrit-il, est tombé en désuétude mais la réalité qu’il recouvre n’a jamais cessé d’exister. Ce gouvernement par la foule a pour connotation péjorative le règne de la vulgarité et de la médiocrité. En 1584, l’écrivain anglais John Stockwood décrit l’ochlocratie comme un Etat dans lequel les personnes grossières décident de toute chose d’après leur propre intérêt.
« Pour les Grecs, « l’ochlos », c’est ce qui est inférieur au « démos ». L’ochlocratie se caractérise par une décomposition de la loi et des mœurs. C’est lorsque la démocratie dégénère en chaos politique et laisse place à une lutte quotidienne entre les individus et le règne de la force. Elle relève d’une configuration politique qu’on pourrait appeler le « pré-politique » par opposition au « politique » qui incarne l’existence de l’Etat et de la loi, permettant aux hommes de cohabiter.
« L’ochlocratie est, dans la théorie de l’anacyclose (cycle de succession des régimes politiques), le pire de tous les régimes politiques. C’est le stade ultime de la dégénérescence du pouvoir. L’historien grec Polybe décrit un cycle en six phases qui fait basculer la monarchie dans la tyrannie, à laquelle fait suite l’aristocratie qui se dégrade en oligarchie, puis de nouveau la démocratie entend remédier à l’oligarchie mais sombre, dans une sixième phase, dans le pire des régimes : l’ochlocratie.
« Dans le « Contrat Social », Jean-Jacques Rousseau définit l’ochlocratie comme la dégénérescence de la démocratie. L’origine de cette altération est une dénaturation de la volonté générale qui cesse d’être « générale » dès qu’elle commence à incarner les intérêts de certains, d’une partie de la population, et non de la population tout entière. Il peut s’agir à la limite d’une volonté de tous et non d’une volonté générale. »
Inutile de vous préciser que Jean-Claude Gaudin et ses sbires n’ont guère apprécié à l’époque ce morceau d’anthologie qui, par bien des aspects, nous ramène à la lente agonie des partis politiques. ■ (À suivre).