Hugo Clément :
« Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose.
Je trouve ça fascinant qu’on ait un débat pour savoir s’il faut débattre.
Aujourd’hui, qui organise des débats sur l’écologie avec le RN ? Quel média fait cela ? »
Après sa participation au Grand Débat des Valeurs face à Jordan Bardella, Hugo Clément répond à la gauche.
Hugo Clément – journaliste, reporter et écrivain de 33 ans – a donné son compte-rendu de son débat – qui horrifie la gauche – avec Jordan Bardella :
Jeudi soir, j’ai participé à un débat sur l’écologie avec Jordan Bardella, le président du RN, lors d’un événement organisé à Paris par le magazine Valeurs Actuelles, qui ne me porte pourtant pas dans son coeur.
Je savais que cela allait faire réagir. J’y suis allé en connaissance de cause. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Voici pourquoi.
Déjà, si vous souhaitez regarder l’échange, pour savoir de quoi on parle, c’est à partir de 38:00 ici : https://www.youtube.com/watch?v=k68tIpAKU3c&t=1s
Lors de ce débat, j’ai pu exposer pourquoi la défense de la biodiversité était une question de survie. J’ai donné des chiffres. Les gens ont écouté attentivement, et j’ai même été applaudi à plusieurs reprises, ce qui m’a étonné. J’ai également expliqué que tout le monde allait être frappé par les phénomènes à l’œuvre, que l’on vote Macron, Mélenchon ou Le Pen.
Jordan Bardella a déroulé son discours et a dit des choses fausses, notamment que « la France était le pays le plus propre du monde ». Je l’ai contredit sur ça, en donnant là encore des éléments factuels, comme je l’ai contredit sur la question des pesticides, quand il a pris la défense des néonicotinoïdes, les insecticides tueurs d’abeilles. Je l’ai également questionné pour savoir pourquoi le programme du RN était à ce point vide sur la question environnementale et sur la cause animale. J’ai cité des sondages qui montrent que l’électorat RN souhaite des avancées sur le bien-être des animaux, et que cet électorat est majoritairement opposé à la chasse à courre, à la corrida ou encore à l’élevage intensif. Alors que le RN ne propose quasiment aucune mesure d’amélioration sur ces questions, voire défend l’indéfendable.
Maintenant, les réactions. Depuis hier matin, de nombreuses personnes issues de l’extrême gauche ou de l’écologie politique me reprochent d’avoir participé à ce débat. Leur argument : on ne débat pas avec l’extrême droite.
Pour le simple fait d’avoir accepté ce débat, certains m’accusent de choses absurdes. La député Nadège Abomangoli me traite par exemple « d’éco-fasciste », et le député Aurélien Taché m’accuse d’être la « caution écologiste de l’extrême-droite », en me reprochant d’être contre l’abattage sans étourdissement. Ce même Aurélien Taché qui a pourtant récemment… débattu avec Eric Zemmour sur Cnews !
Selon Fatima Ouassak, qui se définit comme « écoféministe antiraciste et décoloniale », je suis carrément un « militant d’extrême-droite ».
Tout cela, je le rappelle, pour avoir simplement débattu avec un responsable politique du RN et pour avoir tenté de convaincre une audience a priori hostile. Je trouve cette vision de la politique affligeante. Cela conduit à ne parler qu’entre gens déjà convaincus, et à considérer les autres comme des ennemis. C’est pour cela que l’écologie a du mal à progresser en dehors d’un petit cercle.
Qu’on le veuille ou non, Marine Le Pen a recueilli 41% des suffrages exprimés lors de la dernière présidentielle. Cela représente 13 millions de citoyens. Ne pas leur parler n’est pas une option envisageable. Répéter en boucle « ce sont des fachos » en se bouchant les oreilles ne les fera pas disparaître.
On n’arrivera à rien si on considère que les gens qui votent pour le RN ou qui représentent ce parti doivent simplement être ignorés. Évidemment qu’il faut aller leur parler d’écologie, essayer de les convaincre et déconstruire les contrevérités qui peuvent être dites.
En quoi confronter ses arguments avec Jordan Bardella est-il nuisible à la cause environnementale ? Le programme du RN est quasi vide aujourd’hui sur ces questions. Que risque-t-on à essayer de transmettre des chiffres, des constats, des solutions ?
Au pire, cela ne marche pas et ne convainc personne dans l’auditoire. Au mieux, des électeurs RN entendent des choses qu’ils n’ont pas forcément l’habitude d’entendre dans leur famille politique et sont sensibilisés sur ces sujets importants.
La vraie victoire de l’écologie sera le jour où TOUS les partis politiques proposeront des mesures à la hauteur des enjeux. Où tout le monde, quelle que soit son appartenance partisane, sera d’accord pour préserver l’essentiel : les écosystèmes dont on dépend pour survivre.
Il est d’autant plus important d’échanger avec le RN, que c’est un parti dont l’électorat est particulièrement jeune et issu des classes populaires. Deux catégories qui seront touchées plus fortement que les autres par les enjeux climatiques.
Pour certains à l’extrême gauche, je suis un « éco fasciste » parce que je débats avec le RN. Dans le même temps, certains à l’extrême droite me qualifie « d’écolo bobo » parce que je m’oppose aux pesticides ou à la corrida. Je me contrefiche des étiquettes qu’on peut me coller et elles n’ont aucune valeur. La preuve ? Je suis passé de « gaucho bobo » à « facho » en moins de 24 heures.
Ce sectarisme m’afflige mais ne m’empêchera pas de continuer à porter les sujets qui m’intéressent partout et auprès de tout le monde. Si certains veulent rester dans leur petite bulle de convaincus, c’est leur choix, mais qu’ils ne l’imposent pas aux autres.
Le refus de confronter l’extrême droite avec du débat et des arguments, stratégie que certains défendent encore, est un échec monumental, qui n’a conduit qu’à l’explosion des résultats électoraux du RN. Je sais que beaucoup partagent mon point de vue, y compris au sein des militants de LFI ou d’EELV.
Enfin, vous le verrez si vous regardez le débat jusqu’au bout, j’ai conditionné ma venue au fait qu’un don soit fait par Valeurs Actuelles à une association de défense des animaux. Le magazine a choisi la Fondation Brigitte Bardot. Là encore, certains sectaires ont hurlé au scandale en accusant cette association d’être « d’extrême droite », ce qui est une absurdité sans nom, quand on connaît l’engagement formidable de ses bénévoles sur le terrain.
Pour conclure les amis : ne désespérez pas face aux groupuscules qui veulent s’approprier l’écologie, ils représentent une infime minorité. Je serai toujours à vos côtés pour défendre une écologie concrète, à la hauteur des enjeux, qui propose des solutions, qui affronte sans compromis les lobbies destructeurs du vivant, l’inaction des politiciens, des industriels et qui dépasse les clivages partisans autant que possible.
Merci infiniment pour votre soutien sans cesse renouvelé. Je vous embrasse, bon dimanche !
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Il est bien cet Hugo Clément
L’écologie reste malgré tout un masque pour le communisme le plus totalitaire.
il a toujours existé au sein des communistes des individus convaincus des lendemains qui chantent, en s’appuyant sur le leitmotiv : « si tous les gars du monde voulaient se donner la main ». Au delà du sexisme outrancier que l’on pourrait voir dans cette petite phrase si l’on voulait être dans le ton actuel, c’est surtout le manque de discernement sur des thèmes aux effets de levier indéterminables qui doit inquiéter.
On ne change pas un monde par la force, mais par l’adhésion. L’écologie, comme tous les mouvements politiques actuels, se trouve incapable d’un discours fondé sur la construction de l’avenir. Seul l’idéologie est considérée, alors que seul le pragmatisme fonctionne dans le monde réel. L’issue de la séduction écologique est simplement la guerre, la maladie et la mort.
Net désaccord avec vous, sauf votre respect. A mon sens, l’écologie est intrinsèquement traditionaliste.
Parler de « bien être animal » (c’est un des dossiers du député RN de Meaux) sans parler de l’abattage halal! ouaf! ouaf!
pas crédible!