Publié le 19 mars 2018, cet éditorial repris de nos archives ce 1er mai 2023 reste remarquablement actuel. Le lecteur, après cinq ans, actualisera ce qui doit l’être… Notamment sur le fait que la France reste prisonnière à Mayotte d’une situation explosive d’où elle est incapable de sortir et que sur son propre sol l’immigration de masse s’amplifie…
Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Depuis que la France l’a achetée à son sultan en 1841, Mayotte a manifesté de façon réitérée un désir évident de rester dans le giron français de façon à échapper à la mainmise des Comores.
Attachement intéressé, bien sûr, mais bien compréhensible, et même sympathique pour certains politiques de métropole. Les deux consultations référendaires organisées sous la présidence de M. Giscard d’Estaing en 1974 et 1976 ont ainsi suscité l’enthousiasme jusque dans la mouvance « nationale » la plus large (on se rappelle l’engagement de Pierre Pujo, directeur d’Aspects de la France). Plus aucun enthousiasme mais un scepticisme certain chez les mêmes trente-cinq ans plus tard lors du référendum sur la départementalisation. Et cela, malgré le fait que l’archipel de Mayotte représente tout de même un intérêt certain du point de vue stratégique et pour les zones de pêche.
C’est qu’entretemps l’Etat républicain avait montré toute son impéritie : Mayotte était devenue l’exutoire migratoire des Comores, pays misérable, hostile à ce que, conforté par diverses résolutions du machin onusien, le gouvernement de Moroni ne cesse de nommer « la présence illégale de la France à Mayotte ». C’est lui, pour l’instant, le grand gagnant de la situation pré-insurrectionnelle de l’archipel : il en fait porter la faute à l’incurie française, ce qui est objectivement exact, nos autorités n’ayant jamais pu ni su prendre les dispositions nécessaires ; mais, d’un autre côté, il y participe activement puisqu’il favorise l’émigration sauvage de ses propres citoyens vers le département français, organisant même avec cynisme un départ et un voyage souvent mortel vers l’Eldorado colonialiste.
Mayotte, département le plus pauvre, est aussi celui qui connaît, du fait de l’immigration clandestine le plus fort taux de fécondité et la plus forte progression démographique. On comprend que cela ne pourra pas durer longtemps. L’intérêt des événements actuels, c’est que la population mahoraise autochtone participe dans sa quasi-totalité à un mouvement de contestation radicale qui lie l’insécurité ultra-violente dont elle est victime aux dizaines de milliers d’immigrés clandestins qui sont en train de s’approprier l’archipel. Le gouvernement parisien est donc, enfin, mis devant ses responsabilités. Et, divine surprise, Mme Girardin, ministre des Outre-mer, affirme devant les micros qu’on ne peut accepter que la population d’un pays soit, ou menace d’être, majoritairement étrangère.
Même si la mesure envisagée, l’extra-territorialisation de la maternité de Mamoudzou, ne résoudra pas le problème – sur le fond d’abord parce que la France étant un Etat de droit, elle pourrait bien être jugée inconstitutionnelle ; dans les faits ensuite parce qu’elle n’empêcherait pas les femmes comoriennes de venir accoucher n’importe où à Mayotte – la seule évocation de cette mesure constitue une avancée importante parce qu’elle contribue à briser le tabou mortifère d’un droit du sol idéologique. En cela, l’affaire de Mayotte peut être grandement utile à l’ensemble d’un pays sur lequel pèse quarante années d’une immigration voulue et théorisée par nos « élites ». Cette terre lointaine, malgré qu’on en ait, a quelques chose de tragiquement français. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
« Et cela, malgré le fait que l’archipel de Mayotte représente tout de même un intérêt certain du point de vue stratégique et pour les zones de pêche. » ; voilà cinquante ans que, dans le camp colonialiste, on nous rabâche ça. Un peu plus avant des gogos nous parlaient, dans la presse « nationale » de formidables « nodules polymétalliques », future source de richesse infinie (comme les « avions renifleurs » en quelque sorte).
En est-on bien sûr ? J »apprécie beaucoup le poisson et nous en achetons fréquemment : je n’ai jamais vu, sur les multiples étals fréquentés la moindre sardine, le moindre rouget, la moindre lotte, la moindre daurade venue de l’Océan indien.
Point de vue stratégique ? Il y a une base navale ? Nous avons des intérêts là-bas ? Nous pouvons mener une grande politique mondiale, transocéanique ? À quoi nous sert notre excellent porte-avions, sinon à nous faire croire quelque chose d’une grandeur ? Nous ne sommes pas capables de faire entrer la police en Seine saint-Denis, dans les quartiers Nord de Marseille, dans la banlieue de Lyon , de Toulouse, nous ne sommes pas capables de chasser la racaille de Notre-Dame des Landes et nous avons un « point de vue stratégique » ?
Le seul intérêt de ces îlots perdus serait – quand ils sont vides ou presque – d’y déporter des ennemis de la France, d’en faire des Guantanamo. J’ai longtemps écrit que Clipperton serait parfait ; je me souvient avoir entendu Nicolas Dupont-Aignan – qui avait eu cette même idée d’un bagne – évoquer les Kerguelen. Je n’ai pas de préférence.
Mais cessons de nous cramponner à ces cailloux inutiles. Rapatrions en métropole les Mahorais qui veulent rester français et laissons tout le reste s’enfoncer…