LE COUP DE POING DE PÉRONCEL-HUGOZ.
Le premier mai, fête du Travail 2023, j’ai assisté au grand défile syndical marocain dans le centre de la capitale chérifienne ; j’ai vu des cortèges bruyants certes mais sans casseroles, seulement des tambours et des cymbales, sons orientaux agréables a pas mal d’oreilles ; j’ai vu des cortèges nombreux ou hommes et femmes défilaient séparément, selon les usages mahométans, évitant peut-être ainsi ces fameux » harcèlements » dont on nous rebat tous les jours les oreilles en terre de France, pourtant de très longue date réputée royaume de courtoisie et galanterie …
A Rabat, j’ai entendu bien sûr force slogans lancés par les syndiqués marocains, lancés et non pas hurlés ou vociférés comme dans notre Hexagone, pour réclamer des augmentations et des mesures contre une hausse sans précédent du coût de la vie, dans un pays ou certes certains produits comme le pain sont subventionnés mais où il n’y a pas comme chez nous diverses aides étatiques pour les foyers modestes. Le Maroc, comme tous les pays du Sud comparables, depuis la guerre d’Ukraine et la foule des sanctions décrétées par Washington et Bruxelles contre la Russie, est touché de plein fouet par la hausse mondiale du prix des céréales comme d’habitude importées massivement du Slavistan. Le plan vert marocain, claironné depuis des années par le gouvernement rbati, a pensé à tout sauf à un élargissement des surfaces consacrées a l’emblavement ; ce plan est surtout centré sur fruits rouges et légumes primeurs, denrées très demandées en Europe et rapportant gros au Maroc. En outre a sévi cette année ici une sècheresse, due aux habituels cycles locaux et non pas au « réchauffement climatique », cher à nos bobos climatologues en chambre …
Après le défilé de la fête du Travail, un tour dans deux ou trois rues marchandes de Rabat, m’a vite montré que la hausse des prix huée par les syndiqués n’était pas une illusion mais une réalité sur des marchés ou généralement les tarifs bougent rarement : j’y ai vu notamment des oignons, une des bases de toutes les cuisines populaires du monde, dont le tarif a triplé en 6 mois, dépassant même les bananes locales, pourtant en augmentation, elles aussi …
Devant cette situation inédite, les Marocains ne pouvant compter sur l’ « argent magique », qui ici n’existe pas, ont su se serrer la ceinture sans gueuler en place publique, être stoïques sans mastuvisme, conserver leur dignité contrastant avec les plaintes et gesticulations indécentes des Français alors que nombre d’entre eux, en régime macroniste, sont gavés de subventions, prestations et autres versements … ■
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
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