Commentaire – Nous n’ajouterons pas de vrai commentaire à notre titre. Il dit que nous partageons l’analyse donnée dans l’article qui suit signé de la Rédaction de Front Populaire (le 9 mai). Nous sommes en effet sur la même ligne et il est agréable de le constater. Il dit aussi fort bien tout le mal qu’à titre particulier et insistant, il convient selon nous de penser de l’eurodéputé bobo mondain Raphaël Glucksmann. S’il est un archétype de l’esprit faux, geignard et mollasson, c’est lui ; il l’incarne à merveille.
ARTICLE. Cette année, en plus des lieux communs habituels, les européistes se servent de la guerre en Ukraine — et du sort des Ukrainiens qui se battent au front — pour vendre le récit maastrichtien à l’occasion de la Journée de l’Europe.
Depuis 1985, les Journées de l’Europe célébrées le 9 mai — en mémoire du discours prononcé le 9 mai 1950 à Paris par Robert Schuman, alors ministre des affaires étrangères français — se suivent, mais se ressemblent de moins en moins. Notamment depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie, qui a fragilisé le mantra selon lequel « l’Europe, c’est la paix ». Quoi que l’on pense des décisions prises au niveau européen à l’égard de la Russie, c’est un fait : elles engagent les États membres et montrent aux citoyens de ces pays que la construction européenne ne les préserve pas nécessairement des désordres du monde, surtout lorsque ces derniers sont proches de nos frontières. Il faut donc trouver un autre récit pour les convaincre du bien-fondé de l’abandon de leur souveraineté et du caractère démocratique de cette Union. Et la guerre en Ukraine est toute trouvée.
Journée de l’Europe à Kiev
Habillée de son tailleur bleu électrique revêtu par-dessus un t-shirt jaune poussin, la présidente de la Commission européenne s’est rendue dans la capitale ukrainienne célébrer cette Journée de l’Europe aux côtés du président Volodymyr Zelensky. « Il est bon d’être de retour à Kiev », s’est exclamée Ursula von der Leyen sur son compte Twitter, avançant que c’est « là que les valeurs qui nous sont chères sont défendues chaque jour ». L’eurocrate a salué la décision du président ukrainien d’instituer par décret que le 9 mai soit désormais célébré dans son pays en tant que Journée de l’Europe, et non plus en tant que commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie comme la tradition soviétique le voulait jusqu’ici — et comme l’a fait Moscou en organisant, en miroir, une parade militaire en effectifs réduits à l’occasion de laquelle Vladimir Poutine a délivré un énième discours anti-occidental.
Un changement de date symbolique que Volodymyr Zelensky n’a pas tardé à traduire en actes, en exhortant l’Union européenne à ouvrir les négociations sur l’adhésion de l’Ukraine : « Le moment est venu depuis longtemps de lever cette incertitude politique artificielle dans les relations entre l’Ukraine et l’UE. Le moment est venu de prendre une décision positive concernant l’ouverture des négociations sur l’adhésion », a-t-il lancé à la présidente de la Commission lors d’une conférence de presse conjointe. Et celle-ci de répondre : « Ma présence à Kiev aujourd’hui, le 9 mai, est symbolique, mais c’est aussi le signe d’une réalité cruciale et très pratique : l’UE travaille main dans la main avec l’Ukraine sur de nombreux dossiers. » Hasard du calendrier ou non, c’est aussi ce mardi que les eurodéputés ont validé la procédure d’urgence pour le vote du texte visant à accélérer la production de munitions dans l’Union afin de reconstituer les réserves et d’aider l’Ukraine. Ursula von der Leyen a promis « un million d’obus » supplémentaires pour les réserves ukrainiennes.
Le drapeau européen « agité par les Ukrainiens » ?
En France aussi, la guerre en Ukraine sert de prétexte à la promotion de la Journée de l’Europe. À commencer par Emmanuel Macron qui, au milieu d’une litanie des supposés bienfaits de l’UE dans ce « monde de périls » — gestion du Covid-19, achats de vaccins, plan de relance, écologie… —, mentionne « notre réponse commune face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». « Nous avons tiré un trait sur la dépendance européenne aux énergies fossiles russes. Et aujourd’hui, avec notre aide, l’Ukraine résiste et, par son propre courage, ira jusqu’à la victoire », a déclaré le président de la République, qui conclut : « Oui, c’est bien ensemble, en Européens, que nous saurons préserver notre capacité à décider pour nous-mêmes. » Un refrain également repris par la secrétaire d’État chargée de l’Europe, Laurence Boone, selon laquelle « on est en train de construire l’Europe de la défense. Et ça c’est une révolution copernicienne », a-t-elle lancé, en référence au « milliard d’euros de munitions que l’on va pouvoir donner à l’Ukraine ». Quant à Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports et ancien ministre délégué chargé de l’Europe, il s’est essayé à une démonstration à la logique pour le moins bancale : « À tous ceux qui pensent que “l’Europe de la paix” est ringarde : regardez la guerre revenue sur notre continent et l’espoir européen de l’Ukraine. »
Le plus jusqu’au-boutiste reste l’eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann, qui s’est dit alarmé, ce mardi matin dans l’émission Télématin sur France 2, des débats sur le projet de loi visant à imposer le drapeau européen au fronton des mairies. « Ce drapeau européen, c’est un symbole de liberté. Ce drapeau européen, c’est celui qui est agité par les Ukrainiens lorsqu’ils se battent pour leur liberté. » Pas certain que les soldats ukrainiens au front soient ravis qu’un député français instrumentalise leur combat pour la défense de leur pays dans le seul but de sauver un narratif à bout de souffle. ■
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