Gérald Darmanin, c’est l’extrême centre qui veut faire interdire tout ce qui est à sa droite. Autant dissoudre la France. Il s’y emploie.
Par François Bousquet.
Ce vigoureux papier de François Bousquet comme toujours pertinent, savoureux, plein d’esprit mordant et donc dérangeant, est paru hier l6 mai dans Boulevard Voltaire. Il fait bien sûr pendant à celui de Gabrielle Cluzel qu’on pourra lire aussi dans cette parution de ce mercredi de Je Suis Français. Nous y avons ajouté quelques commentaires relatifs à l’Action Française elle-même. Nous ne les réitèrerons pas ici. On pourra, si l’on veut, s’t reporter. L’Action Française en tant que telle, au demeurant, si important qu’ait été et devrait être son rôle dans les difficultés du pays, que l’on sait grandes aujourd’hui, n’est qu’un moyen de le servir. La destinée de la France est le seul grand sujet. Et c’est de sa survie dont il s’agit.
Gérald Darmanin est le solvant du gouvernement, Monsieur Dissolution. L’acétone, le trichloréthylène et les cocktails chimiques n’ont plus aucun secret pour lui. C’est un serial interdicteur, toujours le sifflet à la bouche comme le gendarme de Saint-Tropez, la matraque à la main et les préfets dans la poche. Il a la gâchette facile. C’est l’homme qui interdit plus vite que son ombre. En moins de trois ans, il a engagé plus de procédures de dissolution (dix-neuf, à ce jour – soit six de plus que les dix ans de présidence Sarkozy et Hollande). On a tous en tête la dissolution du CCIF et de BarakaCity, mais aussi des Zouaves Paris et de Génération identitaire, au nom de cette farce qu’est la « tenaille identitaire » et qui consiste à mettre sur le même plan les indigènes et le colonisateur. Emmanuel Macron devrait le consulter en cas de dissolution de la Chambre. En guise d’absolution, il donnerait la dissolution aux députés.
Iznogoud chez les Ch’tis, il se verrait bien calife à la place du calife. Après tout, la Place Beauvau est à moins de cinq cents mètres du palais de l’Élysée. Aux LR, on l’a surnommé « Darmalin ». « Darmanin a une qualité : il est malin. Mais il a un défaut : cela se voit », a dit, un jour, Christian Jacob, dont on ignorait qu’il avait de l’esprit. Il espérait que le projet de loi sur l’immigration – prudemment ajourné par Macron – le conduise à Matignon. Il aurait ainsi testé sa stratégie pour 2027 : embarquer les LR avec lui en agitant l’épouvantail du RN. Cela fait des semaines qu’il leur fait des appels du pied, sauf à Laurent Wauquiez, avec qui il ne partage que l’ambition présidentielle. Or, ici, il n’y a pas de fauteuil pour deux.
Goupil le Renart
Comme il est rusé, il se prend pour Machiavel, mais c’est un Machiavel au petit pied, qui doit chausser du 36, comme le quai des Orfèvres. Les habits sont trop grands pour lui, ou alors c’est lui qui est trop petit. D’ailleurs, il les porte comme un déguisement, pas comme un vêtement naturel. Avec ses airs de Capitan et de Matamore, il joue à l’homme à poigne devant les caméras en donnant des coups de menton théâtraux. C’est l’homme qui confond maintien de l’ordre et menton de l’ordre.
Il y a un syndrome Georges Clemenceau au ministère de l’Intérieur. Dès qu’ils arrivent Place Beauvau, les Manuel Valls, les Christophe Castaner, les Gérald Darmanin se sentent pousser des ailes et des moustaches. De Clemenceau, Léon Daudet disait que c’est une tête de mort sculptée dans un calcul biliaire. Darmanin, lui, c’est le rictus chafouin d’un joueur de bonneteau sculpté dans un cornet de moules-frites. Mickey Moussa, son second prénom, lui, le petit-fils de tirailleur algérien. C’est à peine s’il ne nous fait pas le coup des Tuche à l’Élysée : Tourcoing, la France des Relais routiers, pas des Relais & Châteaux, celle qui fume des clopes et roule au diesel. Ce qui ne l’empêche pas de fréquenter les meilleurs établissements de la capitale avec des additions à 200 euros, sans compter le vin.
C’est Goupil le Renart, mais au service du pouvoir, exactement comme Nicolas Sarkozy. Un rôle à contre-emploi. Les deux sont roublards comme des maquignons capables de vous refourguer une vache réformée au prix d’un lauréat du Concours général agricole. C’est ainsi que Gérald Darmanin vend son bilan à l’Intérieur. Un tableau Excel™ de la délinquance décoré comme un sapin de Noël. Un bon ministre de l’Intérieur doit être un bon prestidigitateur : il sort des effectifs policiers de son chapeau et fait disparaître les voleurs. Tout est truqué, mais le public, bon enfant, en redemande. Pendant ce temps-là, Goupil passe entre les casserolades comme on passe entre les balles et les procédures judiciaires. Touché parfois, jamais coulé.
Une vraie girouette
À gauche, on lui reproche d’avoir dit que Marine Le Pen est « un peu molle » ; à droite de vouloir faire interdire tout ce qui est un peu plus dur qu’elle. Il ne jure que par de Gaulle, mais c’est l’évêque Cauchon qui veut brûler Jeanne d’Arc et les Camelots du roi. Son parcours politique égrène les trahisons successives, mais on ne peut pas lui enlever qu’il s’y investit à chaque fois à fond. Toujours plus royaliste que le roi. Cela tombe bien : il a été, tour à tour, monarchiste, gaulliste, sarkozyste, macronien. Un jour pour l’iman Iquioussen, le lendemain contre. Un jour pour la Manif pour tous, puis contre. Ses convictions sont à géométrie variable. C’est le nom qu’il donne à ses ambitions. Dans une société de l’image, il a un avantage énorme : il n’a pas une tête de traître. C’est un atout dans son jeu. Les pigeons se laissent prendre. Il a les dents longues, mais on ne les voit pas. Sa mère fait des ménages, lui saura faire le ménage.
On ne va pas faire de Macron et de Darmanin des théoriciens du libéralisme autoritaire, mais ils en sont d’excellents praticiens. Emmanuel Macron détourne la loi sur la Sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme pour éloigner les casserolades lors de ses déplacements. Comme Darmanin se sert de la loi Séparatisme pour dissoudre des associations politiques. Le libéralisme autoritaire fait partie des oxymores qui régissent nos vies. L’oxymore permet de se parer des grandes vertus républicaines tout en les foulant aux pieds. Ce n’est plus que l’habillage. Sous le marbre des principes, les scellés de plomb de la servitude. ■
Très joli article !
Pour un arriviste la voie n’est pas chez les royalistes, ce qui explique les allégeances successives de M. Darmanin, si Marine arrive en tête demain ne doutez pas qu’il la rejoindra.
Les convictions? n’en parlez pas, ce sont fumées que vent emporte.
Comme l’extrême droite n’impressionne plus personne et devient même fréquentable, inventons l’ultra-droite et démontrons que les extrêmes se touchent.
Darmanin préparerait il son prochain ralliement?
Pour un arriviste la voie n’est pas chez les royalistes, ce qui explique les allégeances successives de M. Darmanin, si Marine arrive en tête demain ne doutez pas qu’il la rejoindra.
Les convictions? n’en parlez pas, ce sont fumées que vent emporte.
Comme l’extrême droite devient même fréquentable, inventons l’ultra-droite et démontrons que les extrêmes se touchent.
Darmanin préparerait il son prochain ralliement?