Par Radu Portocala.
L’équipe de Je Suis Français a toujours montré une bonne dose d’empathie pour le site Causeur et son équipe rédactionnelle. Nous lui disons notre soutien. Causeur ne disparaîtra pas de sitôt !
Élisabeth Lévy a publié hier une lettre dans laquelle elle annonce que « Causeur » a été puni par les régies publicitaires qui ne lui donnent plus des réclames pour son site, d’où un grave déséquilibre financier.
Cela m’a rappelé que l’« Événement du jeudi » de Jean-François Kahn a subi le même sort pendant la guerre en Yougoslavie. Il avait publié des articles qui allaient à l’encontre de la politique officielle (celle des États-Unis), donc on lui enlevait une partie des moyens de subsistance.
À force de franchir les limites de plus en plus étroites de la pensée autorisée – ce qui est tout à son honneur -, « Causeur » a fini par provoquer l’ire d’un organisme (d’origine américaine) qui s’appelle « Sleeping Giants » et dont l’objectif « est la lutte contre le financement des discours de haine » (Wikipedia). En somme, ses militants exercent une « pression morale » sur les annonceurs, les menant à se plier aux injonctions de l’idéologie dite « woke ». Pour eux, « Causeur » est un journal « toxique, « nauséabond », « abject », pratiquant une « ligne éditoriale ignoble ». Un journal, donc, qui doit disparaître.
Chercher à étouffer de la sorte les media qui ne se soumettent pas aux oukases de la pensée correcte, à ses règles imbéciles, est une censure privée contre laquelle les États devraient s’insurger et agir, mais contre laquelle les États ne font rien. Ils la tolèrent, ils s’y plient. Comme des milliers d’entreprises qui adhèrent aux diktats de cette révolution et qui, honteusement apeurées, suivent ses recommandations.
Certes, la réponse idéale serait le boycott des sociétés qui boycottent, de ces sociétés qui, friandes d’une fausse respectabilité – assurée par des groupes radicaux -, se font complices de cette abomination qu’est la censure. Mais se serait rêver. Notre indignation – quand elle existe – ne dépasse presque jamais les contours tièdes de notre confort.
Si « Causeur » ainsi condamné disparaît un jour, on le regrettera quelque temps, on déblatérera un peu, puis on oubliera. Et les censeurs continueront leur sombre besogne. C’est ainsi que la liberté meurt. ■
Billet, comme toujours superbement écrit et pensé, paru le 26 mai sur la page FB de son auteur.
Ouvrages publiés (Liste non exhaustive) :
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Autopsie du coup d’État roumain, Calman-Lévy,1990
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L’exécution des Ceausescu, Paris, Larousse, 2009
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Le vague tonitruant, Paris, Kryos, 2018
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La chute de Ceausescu, Paris, Kryos, 2019
La « démocratie » est le cache-sexe de la ploutocratie. Vivement qu’on se libère de cette soupe de lobbys où on ne sait plus quels intérêts masquent les idéologies, ou sont masqués par les idéologues.
Quels sont les moyens d’existence des médias dissidents ? Quelle est leur pérennité ? Le plus risqué de tous est la régie publicitaire car ces médias sont pieds et poings liés par des annonceurs qui ne leur feront aucun cadeau s’ils dévient un tant soit peu de la bien-pensance édictée par les médias de grand chemin.
Il devient de plus en plus urgent que tous les médias dissidents se regroupent pour cesser de dépendre des annonceurs.
La réponse idéale est de contacter des plate formes alternatives comme odysée, crowdbunker, scanderia, playeur et autres qui proposent des moyens de financement alternatifs.