Dans le monde du foot, la globalisation, l’emprise de l’Argent, le communautarisme immigré, le déracinement, ont exercé leurs ravages et abîmé, enlaidi comme tout le reste, le sport préféré des Français. Parfois jusqu’à les en dégouter. Comme du reste, aussi. Cet article sur un sujet de sport trop peu souvent traité ici, dans JSF, est paru hier dans les colonnes du Figaro.
Entretien par Ronan Planchon.
ENTRETIEN – Le journaliste sportif publie «Chaos Football Club» (Hugo Sport), co-écrit avec Abdelkrim Branine, une enquête fouillée où il dresse le panorama effrayant d’un foot français gangréné par la violence, le communautarisme et les dérives financières.
Daniel Riolo est journaliste et éditorialiste sur RMC et BFM TV. Il vient de publier Chaos football club, co-écrit avec Abdelkrim Branine, aux éditions Hugo Sport.
Dans un monde globalisé, avec des joueurs étrangers qui ne sont que de passage en France leur parler des valeurs françaises est inefficace.
LE FIGARO. – Affaire Le Graët, affaire Pogba, affaire Diallo-Hamraoui, fiasco du Stade de France… Les différentes affaires qui ont récemment émaillé le foot français traduisent-elles une évolution de ce milieu ? Peut-on toutes les mettre dans le même panier ?
Daniel RIOLO. – Non, on ne peut pas tous les mettre dans le même sac. Dans le cas de l’affaire Pogba, il s’agit de l’entourage (NDLR, le milieu de terrain avait dénoncé dans une plainte déposée auprès du parquet turinois en juillet des extorsions se chiffrant à 13 millions d’euros entre mars et juillet 2022. Une information judiciaire a été ouverte à Paris le 2 septembre. Six personnes, dont Mathias Pogba, frère de Paul, sont désormais mises en examen dans ce dossier). Ce sont ses amis qui ont travaillé pour lui de façon assez obscure. Tous lui demandent des comptes. Il en est de même pour l’affaire de la joueuse des Bleues, Kheira Hamraoui. Sa volonté farouche de réussir, d’accéder à un contrat professionnel de longue durée et d’écarter toute rivalité, l’ont mise dans une situation intenable. L’appât du gain est la cause de tout. Pour ce qui est de Noël Le Graët (NDLR, une enquête a été ouverte lundi contre l’ex-président de la Fédération français de football pour harcèlement moral et sexuel), c’est une histoire typique d’abus de pouvoir à l’image de ce qui se fait dans le monde politique. Après des années de règne à la tête de la Fédération française de football (FFF), Le Graët a vraisemblablement des «dossiers» sur tout le monde. Le monde du football fait face à une sorte de décadence, de débauche généralisée. Tous ces gens sont usés par le pouvoir.
Il est toutefois indéniable que la population du foot a changé. La majorité d’entre eux adoptent les codes des quartiers, où les codes de la violences, les règlement de compte, sont monnaie courante. On a très régulièrement des remontées des équipes françaises qui font des tournois entre jeunes européens : cela finit toujours mal. Le football étant le miroir de la société, la violence qui gangrène notre société y est perceptible. Les bagarres entre jeunes se multiplient. La preuve, récemment, un jeune adolescent berlinois de 15 ans est mort. Il a été frappé par un un joueur du club français de Metz, âgé de 15 ans, lors d’une bagarre après un match d’un tournoi international à Francfort. Ce type d’histoire n’étonne même plus ! Notre foot est ghettoïsé. Les comportements de petites racailles se généralisent.
Vous racontez dans le livre qu’au sujet des affaires N’Golo Kanté et Paul Pogba, la FFF était au courant mais n’a pas agi. Comment expliquer cette frilosité ?
Dans le cas de Pogba, que pouvait faire la FFF ? Le joueur de la Juventus en a d’abord parlé à la police italienne car il avait sans doute perçu la gravité de l’affaire, et vu des personnes roder près de chez lui, à Turin. En France, il a demandé un service de protection auprès de l’administration de l’Équipe de France. C’est inédit. Ni Kanté, ni Matuidi n’avait fait cela. Dans le cas d’Hamraoui (NDLR, une joueuse du PSG violemment agressée à la barre de fer alors qu’elle rentrait chez elle), il s’agissait d’une agression en bande organisée donc dès le début une enquête a été déclenchée. Elle a ensuite porté plainte.
Récemment, plusieurs joueurs de Ligue 1 ont refusé de porter un brassard ou un maillot arc-en-ciel, pour lutter contre l’homophobie. Dans ce livre, vous relatez qu’un formateur de Troyes s’est fait exclure par les jeunes du centre de formation du club de l’Estac, aux cris de «Qu’est-ce que tu fous ici toi, casse-toi, sale pédé». Est-ce un épiphénomène ou y a-t-il un vrai problème d’homophobie dans le foot ?
Ce n’est pas un épiphénomène. Beaucoup de joueurs, croyants, considèrent que l’homosexualité est incompatible avec leurs valeurs. Beaucoup de joueurs ne supportent pas qu’on les contraigne à porter un message universaliste contre les discriminations. Sur Twitter, j’ai défendu l’idée qu’ils n’avaient pas compris que le port du brassard arc-en-ciel, ne visait pas à faire l’apologie du mouvement LGBT mais simplement à dénoncer l’homophobie. D’aucuns m’ont répondu : «Dans ce cas, pourquoi ne pourrait-on pas porter des messages “Free Palestine” sur les maillots ? ».
Dans un monde globalisé, avec des joueurs étrangers qui ne sont que de passage en France leur parler des valeurs françaises est inefficace. On ne peut pas restreindre cette question à un débat franco-français. L’attaquant du FC Nantes Mostafa Mohamed a indiqué que sa famille en Égypte pourrait être menacée s’il portait un maillot ou un brassard arc-en-ciel. Seule la question du racisme peut les toucher. Leur foi musulmane ne les pousse pas à s’engager contre l’homophobie car l’Islam condamne l’homosexualité.
Comment expliquer le décalage entre, d’un côté des superstructures mondialisées, qui génèrent des millions, influentes, et de l’autre une forme d’amateurisme avec l’influence d’agent véreux, que vous décrivez dans votre livre, de conseillers obscurs … ?
La nature des gens qui rôdent autour. La sociologie des rodeurs a changé. Il y a 20 ans, c’étaient les corso–marseillais qui faisaient la loi au club de l’OM. Tous les présidents du club ont eu affaire à ces gens-là. C’étaient les mafieux qui mettaient en permanence pression sur les joueurs. La police parle aujourd’hui de banditisme de cité. C’est ce qui a succédé à la mafia du foot.
On entend souvent que le foot est «à l’image de la société». Or il y a un décalage entre la proportion du nombre de joueurs venus de région parisienne, dans les centres de formation notamment…
La grande majorité des joueurs de football provient des quartiers populaires. Un joueur qui ne viendrait pas de ces milieux finirait par en adopter les codes. Il n’y a plus en France de grands combats moraux qui puissent tous nous réunir.
Autre évolution notable du foot français : à l’image de l’Olympique lyonnais, de plus en plus de clubs français sont détenus par des investisseurs qui en possèdent d’autres. Et notamment des fonds de pension américains. Le risque n’est-il pas de voir les équipes de notre championnat, ancrées dans leur territoire, devenir de simples filiales de multinationales ?
C’est un vrai risque. On peut évidemment le déplorer. Mais si on ne veut pas que Toulouse, Auxerre voire Strasbourg ne deviennent pas des filiales de grands groupes étranger, il faut les contraindre à ne pas acheter. Mais qui, parmi les entreprises locales, a envie d’investir dans les clubs de foot ? Personne. Le foot a une mauvaise image. Conséquence : les amateurs de foot se sentent dépossédés de leur club.
Les grandes entreprises du CAC 40 préfèrent investir dans le rugby. Seuls quelques milliardaires, comme François Pinault à Rennes, investissent aujourd’hui dans le foot. Le Qatar a investi au Paris Saint-Germain pour des raisons politiques et pour développer en France leur soft power. Qui va vouloir acheter l’OM aujourd’hui ? Le seul acheteur potentiel, c’est le milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé qui possède déjà le port de Marseille et le journal La Provence. Posséder un club de foot est une affaire purement politique. On ne gagne pas d’argent, ou peu, avec un club de foot. Dans la plupart des cas, on en perd. ■
Dans la fin des années quatre-vingt mon fils qui jouait dans un club des Yvelines a fini par renoncer car si son club était bien tenu(et avec des joueurs quasi exclusivement français d’origine ou européens) des matchs contre d’autres clubs des Yvelines étaient impossibles: insultes , menaces physiques, bagarres; jr n’ai pas besoin de préciser l’origine des auteurs. Il y a donc trente-cinq ans et j’imagine que la situation n’a fait qu’empirer, faute à la Fédération qui voyait le foot comme un exutoire pour les « quartiers difficiles » et même au début peut-être comme un moyen d’intégrer des jeunes immigrés ou descendant de tels; illusion coupable. Aujourd’hui le foot est un sport de racailles et verra bientôt des bagarres rangées comme celles du milieu de la drogue, en attendant des drames. Pas de problème, nous ferons des « marches blanches ». Au fait il y eut très peu de reportages après la mort du jeune berlinois! Quel auteur, quelles sanctions pour lui et son club?
Remarquable et lucide intervention de Daniel Riolo, qui met le doigt là où ça fait mal ; c’est-à-dire qui ouvre et fait ouvrir les yeux sur un monde qui, quoi qu’on en pense, est d’une grande importance aujourd’hui.
Il me semble que de nos jours, le foot ball est devenu un conflit, surtout chez les supporters, chaque camp a son uniforme, ses chants, ses drapeaux ce qui en fait 2 armées concurrentes qui s’affrontent, et comme beaucoup viennent des « cités », les conflits de quartiers deviennent des conflits entre clubs
N’oublions pas les agressions contre l’arbitre selon l’adage, si on gagne
c’est parce que nous sommes les meilleurs, si on perd c’est à cause d’un mauvais arbitrage
Les «exploits» sportifs et les «exploits» universitaires sont du même tonneau ; les uns et les autres ayant parallèlement dégénéré, jusqu’au point du quasi non retour actuel… Les stades et les universités répondent aux même exigences, très étrangères au sport et à la connaissance, tout en veillant à se dispenser soigneusement de ce qui les fondait autrefois. Or, aujourd’hui, pseudo-sport et pseudo-science entendent occuper tout le champ «sociétal», sous la gouverne des bureaucrates et des journalistes, tandis que pareil monde infâme est censé communier dans le même idéal républicain de laïcisme obligatoire… S’il n’y a pas une effective tentative de rectification, les dés sont jetés : pseudo-islam, démocratisme républicain et «wokisme» vont anéantir le monde, par informatisation de la bascule à Charlot sur toutes les places, plus même «de la Nation», mais «de l’Europe» ou «du monde démocratique».
Mes petits enfants, l’humanité est en train de se singer, de se changer, de s’intersectionner, de se robotiser, de se faire elle-même le «chaînon manquant» tant recherché entre les primates d’antan et les automates code-barrés de l’avenir plastifié…
Il faut commencer par vomir ce qu’ils vénèrent comme «sport», en général, et le foutre-balle, en particulier… Faire de même avec l’universitarisme et le scientifisme… Dégager les corps et les esprits de ces carcans. Faute de cela, je vous le dis, nous allons terminer lapidés, coupés par le travers en deux, lobotomisés.