124 ans après sa première publication, Belle-de-Mai Éditions réédite Les Déracinés de Maurice Barrès, premier tome de la trilogie « Le roman de l’Énergie nationale ».
Ce roman majeur du nationalisme français est précédé par un avant-propos de Pierre de Meuse, que les lecteurs de JSF connaissent bien.
Nombre de pages : 404
Prix (frais de port inclus) : 26 €
Commander ou se renseigner à l’adresse ci-après : B2M – Belle-de-Mai Éditions : commande.b2m_edition@laposte.net
Publié le 7 février 2022 – Actualisé le 4 juin 2023
Aragon sur Barrés en 1965, voici quelques lignes étonnantes retrouvées sur http://www.contreculture.org/AG%20Aragon.html !
Maurice Barrès et Aragon ; le maître et le disciple
Qu’y a t’il de commun entre Maurice Barrès, écrivain de droite, boulangiste, antidreyfusard, antisémite, et Aragon le communiste, donc forcément progressiste, ouvert sur le monde et l’avenir ?
La nation française.
Elle permet à notre poète de retrouver ses vrais repères, y compris sur le dos des écrivains de son propre camp.
Voici de larges extraits de la curieuse préface d’Aragon au tome II de l’œuvre de Maurice Barrès. Ed. Club de l’honnête homme, Paris, 1965.
» L’année de ma première communion, j’avais onze ans, M. Feuilloy, mon professeur de français à l’école Saint-Pierre de Neuilly, me fit donner comme premier prix de narration française les Vingt-Cinq années de vie littéraire de Maurice Barrès, pages choisies, avec une introduction d’Henri Brémond. La lecture de ce livre fut pour moi un grand coup de soleil, et il n’est pas exagéré de dire qu’elle décida de l’orientation de ma vie. (…)
Il n’est pas vrai que cette prose soit entortillée : et je songe aux cris de putois qu’on pousserait si je disais simplement ce que je pense de la prose de Proust ou de Valery, alors qu’aujourd’hui toute licence est donnée contre l’admirable langage. C’est que la place occupée par Barrès prosateur, ce sont les hommes de la Nouvelle Revue Française, pratiquant comme personne la méthode de l’ôte-toi de là que je m’y mette, qui l’ont les premiers, et à leur profit personnel, niée ; la critique sans mesure de Barrès n’a fait place nette qu’au Nathanaël des Nourritures Terrestres, que Gide n’aurait jamais enfanté tout seul, et qui a vilainement renié ce qu’il devait à son véritable père, Barrès. Mais enfin, de Barrès à Gide, l’homme ne monte pas ; il descend. Quant à l’écrivain, il n’est qu’à voir le désossement progressif de la prose française, faute d’autres maîtres que des escamoteurs, pour ressentir l’absence de Barrès, que n’a pu combler Giraudoux. (…)
Aujourd’hui, il (Barrès) ne pourrait admettre le réarmement de l’Allemagne et les incidences de la politique américaine sur l’indépendance française. Barrès est l’expression de la bourgeoisie de son temps, qui était nationaliste et chauvine, mais il ne peut être aujourd’hui réclamé par une bourgeoisie qui a perdu le sens national et qui, pour conserver ses privilèges et ses biens matériels, est prête à faire bon marché de l’indépendance nationale, à sacrifier la patrie à une coalition d’intérêts sous la direction de l’étranger. J’ai le regret d’avoir à dire que, pour étroit qu’il soit, le nationalisme de Barrès est plus proche de ce que je ressens, et sans doute de ce que ressent aujourd’hui l’avant-garde ouvrière dans notre pays, que l’internationalisme, disons de M. Guéhenno : car, comme Barrès, les hommes de notre peuple ne sont pas disposés à sacrifier ce qui est national, à une Europe, par exemple, fabriquée par MM. Blum et Churchill, et financée par M. Marshall. (…)
J’irai plus loin. Je dirais qu’il y a beaucoup d’écrivains dont l’idéologie est progressiste, mais dont les romans, même écrits aujourd’hui, à la comparer avec Le Roman de l’Energie Nationale, sont régressifs, réactionnaires en tant que romans. C’est dans l’esprit où Engels opposait Balzac à Zola que je crois pouvoir opposer ce Barrès-là à bien des romanciers qu’aiment ceux de mes amis qui pensent comme M. Etienne Borne que nul aujourd’hui n’oserait se déclarer barrésien.(…). Et, au delà des enthousiasmes de ma jeunesse, pour toutes les raisons que je viens de dire, dans la mesure exacte où il faut prendre parti pour ou contre, quand on vient à avoir à choisir entre le roman politique ou la haine du roman politique, entre la reconnaissance de la vérité nationale et sa négation pure et simple, entre, non pas le matérialisme mécaniste et le matérialisme dialectique, mais le matérialisme quel qu’il soit et la condamnation théologique du matérialisme, et caetera, eh bien, oui, décidément, en ce sens, je me considère comme barrésien. » ( fin de citation)
Ce retournement explique , à mon avis, le fait que la nationaliste Marine Le Pen ait récupéré une partie de la « classe ouvrière » abandonnée par la « gauche ». On revient toujours au vieil adage de Jaurès: » « A celui qui n’a rien, la Patrie est son seul bien »