Pourquoi le « Mahorais » ? Parce que c’est à Sarkozy président que nous devons l’inconséquente décision politique de 2011 d’arrimer l’île comorienne de Mayotte à la France au lieu de la laisser continuer à vivre sa vie avec ses frères du reste de l’archipel des Comores.
Déjà lesté sur son sol métropolitain d’environ 10 millions de musulmans (estimation officieuse de la haute police française) de vingt origines différentes, dont quelque cinq millions d’Algériens (chiffre donné par le régime d’Alger), voilà l’hexagone chargé maintenant en plus des 300 000 habitants de Mayotte, tous mahométans, pouvant venir en métropole s’ils le désirent, sans parler des innombrables clandestins arrivant chaque jour à Mayotte en pirogue depuis les îles indépendantes ; en 2014 l’île océanique a en outre reçu le statut de « région périphérique de l’Union européenne » …
Quelqu’un me dit : mais pourquoi dit-on « Mahorais » et non pas « Mayottins » pour les habitants de l’île départementalisée ? Parce que si le nom de Mayotte vient de l’arabe « jezirat el maout « , l’île de la mort (sic), à cause de ses redoutables récifs, en parler indigène local, on nomme Mayotte « Mahoré », d’où, sans doute par excès de révérence pour les usages iliens, on a dit en français « Mahorais » au lieu du plus logique « Mayottin » …
Parmi les spécificités islamiques générales, la notion d’appartenance à l’oumma ( de « oum », mère en arabe), la communauté musulmane mondiale, est traditionnellement et canoniquement plus forte que le lien administratif à telle ou telle nationalité. C’est tout le problème de l’intégration des mahométans à l’Etat-nation français, avec des exceptions bien sûr dont celle des harkis d’Algérie et leurs descendants qui ont su opérer la synthèse entre leurs fidélités mahométanes et françaises. L’attachement religieux des musulmans n’a d’ailleurs rien en soi de repréhensible à cela près qu’il ne cadre pas mais alors pas du tout avec la tradition française de fidélité primordiale a la terre-mère.
Certes Mayotte, contrairement aux autres îles des Comores acquises par la IIIème république, a été colonie française des 1841, car achetée par des marins du roi louis-Philippe à son sultan particulier (les Comores étaient alors surnommées « l’archipel des sultans batailleurs « ), et cette référence capétienne explique sans doute la passion que mirent certains royalistes, tel feu Pierre Pujo, à militer pour que la petite île de 375 km2 reste française. (Illustration : portrait du sultan qui vendit Mayotte).
Certes Mayotte recèle le plus grand lagon de la planète, atout touristique majeur ; certes aussi l’ile contribue si peu que ce soit à doter la France du second territoire maritime du monde, atout géopolitique dont Paris ne fait hélas quasi rien… Certes, certes… Mais Mayotte française, à cause notamment des migrations illégales, est devenue un intense foyer d’insécurité et de trafics, et last not least elle nous brouille avec les Comores indépendantes et surtout avec l’opinion africaine très hostile à la départementalisation vue généralement comme une relique du « colonialisme »… (On peut cliquer sur la carte pour l’agrandir).
Bref Sarko a probablement fait à la France un cadeau empoisonné, et couteux car l’île ne produit presque rien et vit aux crochets de la métropole à laquelle elle ne rend aucun service notable. Le plus brouillon, le plus impulsif, le plus gaffeur (pensons à la vaste tragédie libyenne due également aux inconséquences sarkoziennes) des présidents de la Vème république, confondant une fois de plus bougisme et action, à chargé la France dans l’océan indien d’un nouveau fardeau dont elle n’avait absolument pas besoin : une « danseuse » non sans charme exotique peut-être mais bien mal venue parmi tous les autres problèmes assaillant le « cher et vieux pays »… ■
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
Retrouvez les publications sous ce titre…
Mon Dieu qu’il est agréable de lire de façon documentée historiquement ce coup de gueule conte l’absurdité de l’existence du 101ème département français !
J’ai déjà tant et tant écrit là-dessus que je n’ajouterai qu’un nouveau coup de griffe à l’encontre de Pierre Pujo, brave homme nullement antipathique, mais doté d’un sens politique du niveau de l’amibe. Je regrette vraiment que la hiérarchie de la RN ne fasse pas sur cet absurde combat un retrait clair.
Oui, Mayotte devait rejoindre ses trois soeurs (ou cousines, ou nièces ou voisines) comoriennes et n’être plus française DU TOUT.
Désormais, comme dirait Ionesco, « comment s’en débarrasser ? »
Mon Dieu belle analyse
cordialement
On pouvait au moins, même en conservant Mayotte, ne pas la départementaliser …. Sarkozy est un fou criminel !
Pas mal d’imprécisions dans ce texte, ce me semble. Oui, les Mahorais sont mahométans, comme l’étaient les Harkis avant eux, ça ne les exclut pas de la France (l’islam de cette région du monde étant d’ailleurs bien plus accommodant dans ces îles qu’en Arabie séoudite, du moins si j’en crois Estelle Youssouffa). Oui, Mayotte est une île de l’archipel des Comores, mais elle a suivi un destin différent des autres îles en s’attachant avant elles à la France et en désirant le demeurer. Une même ethnie ne fait pas une même nation : les Normands et les Jersiais ont les mêmes origines, mais ont suivi deux trajectoires opposées et sont aujourd’hui étrangers les uns aux autres.
Surtout, il me semble que ce que l’auteur reproche à Sarkozy, c’est d’avoir départementalisé Mayotte. Mais cela ne nous dit rien quant à la possibilité de conserver Mayotte autrement. Bernard Lugan s’exprimait ainsi l’an dernier. Peut-être eût-il fallu donner à Mayotte un statut à part. La chose était possible.
Qu’on ne vienne pas me reprocher de vouloir garder Mayotte, ce qui n’a du reste rien de déshonorant ; pour moi, je suis très partagé à ce sujet.
Commentaire intéressant mais duquel il se dégage surtout que vous êtes très partagé.
Il fut un temps où la France pouvait être « impériale » ; ce qui, au demeurant, n’a jamais été sa vocation. Elle pouvait avoir un « Empire ». Et comme tout le monde je me réjouissais, étant enfant, de voir les bleus taches roses qui émaillaient de nos possessions la carte du monde,; des Antilles à l’Indochine en passant par l’Afrique.
C’est fini. F.I.N.I. pour longtemps, à mes yeux. Peut-être dans quelques siècles pourrons-nous reprendre la marche en avant. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça du tout. Et même avant de « ramener l’Héritier », il faut « Préserver l’héritage ». La Seine Saint-Denis n’est déjà plus française et on veut conserver Mayotte ? Levez les doigts, les niais !!
Qui parle de vocation impériale ? Pas moi en tous cas. Je me borne à constater que les arguments évoqués ici réfutent superbement la départementalisation de Mayotte, mais échouent à prouver qu’il faudrait la « larguer ».
Après, si on veut digresser, on peut dire que la « vocation impériale » de la France n’a existé que pendant la révolution, l’Empire et la IIIe république. L’Ancien Régime se contentait de comptoirs de commerces ici et là et de quelques îles (à l’exception de l’Amérique, mais ce fut un échec). La France aurait du s’en contenter au XIXe siècle, ça nous aurait évité pas mal de tracas. J’espère qu’on ne s’y fourvoiera pas à nouveau, on a déjà la rive gauche du Rhin à atteindre.
M’enfin bon, la question n’est pas vraiment là.
J’oublie un dernier point que tout le monde semble avoir oublié : les Mahorais ont leur mot à dire. Or la grande majorité d’entre eux veut rester Français et l’a rappelé plusieurs fois. Est-ce suffisant pour les conserver ? Je ne sais pas, on aurait du consulter la métropole dans cette affaire. Mais c’est un élément à prendre en compte.
Vous avez raison : il ne suffit pas que les Mahorais veuillent être français (on peut comprendre) pour qu’ils le soient et pour que le peuple français soit d’accord. Pour payer notamment. Ce qui n’est pas le pire d’ailleurs.
Ce n’est pas tant que les Mahorais «veuillent être français», mais c’est qu’ils le sont, un point c’est tout. Il n’y a pas eu de «peuple colonisé» sur cette terre, puisque l’île était vierge d’habitants à l’origine… Les Mahorais étant français et tenant, paraît-il à le rester, je ne vois pas trop à quel titre de quelconques Métropolitains démocrates pourraient avoir le toupet de chercher à les «dénaturaliser»…
Quant à savoir si l’on doit trouver à résoudre le problème Amédée d’Eugène Ionesco, j’opte préférentiellement pour la question du rhinocéros et pour celle de «la photo du colonel»…
Mayotte est Mayotte et Mayotte est habité du fait des Français qui s’y installèrent en n’évinçant rigoureusement personne. Et puis, décidément, je ne vois pas trop pourquoi Pierre Pujo devrait plus particulièrement en prendre pour son grade…
L’Histoire fait et défait. L’Ancien Régime, me semble-t-il avait plutôt des possessions, des places de souveraineté nécessaires à sa puissance, que des territoires lointains censés être appelés à être considérés comme parties de la France proprement dite. Ces possessions, elle les a gagnées ou perdues, selon les circonstances et les nécessités de l’Histoire vécue, sans que l’idéologie ou la volonté des populations concernées y ait joué le premier rôle. Nécessité a toujours fait loi. Et nonobstant ce que nous aimons à croire, il en est de même aujourd’hui.
Dans l’état objectif de la France d’aujourd’hui, la chose est peut-être triste pour les nostalgiques de notre ancienne puissance, et les inconsolés de la période Pierre Pujo à l’AF, Mayotte est devenue un boulet ingérable et coûteux.
La France doit se recentrer avec la dernière énergie et la plus grande rigueur sur son territoire historique, sur son cœur matériel et immatériel, alors même qu’il n’est pas même certain qu’elle en ait encore les moyens.
Au moins ooit-elle le tenter, en écartant de sa route tout ce qui est accessoire.
Comment se libérer du boulet Mayotte ? Je n’en sais rien. Les diverses solutions possibles, les moins mauvaises sans doute pour tous, pour les Mahorais comme pour nous. doivent être envisagées. Etant entendu que l’actuelle situation ne peut durer sans nuire aux intérêts du Pays tout entier.
Mais cessons de rêver et de jouer les puissants ou les grands seigneurs. Ce qui nous reste de puissance et d’honneur doit être aujourd’hui réservé à la France elle-même. A son cœur battant. Ou ce qu’il en reste.
À 100% d’accord avec Di Guardia, pour le passé et pour le présent. Le colonialisme est une invention révolutionnaire et nous avons bien eu tort d’en épouser les thèses (Maurras ne l’a pas fait)….
L’essentiel aujourd’hui c’est de tenir la dentelle du rempart. Pour l’instant, on ne peut guère espérer mieux.
Je m’en voudrais de prolonger une conversation sur un sujet que je ne maitrise pas et de passer pour un inconditionnel du colonialisme, ce que je ne suis pas. M’enfin que ce dernier soit d’essence révolutionnaire, je l’accorde volontiers, ça n’empêche pas que l’Ancien Régime eut ses colonies, aujourd’hui bien françaises. D’ailleurs, Mayotte a été acquise sous le règne de Louis-Philippe Ier. Et s’il était possible, jadis, de prendre et de jeter les terres, je doute qu’il en soit ainsi aujourd’hui. Larguer Mayotte sera plus compliqué qu’il n’y paraît.
Pour que ce soit bien clair, je ne dis pas qu’il faille garder Mayotte. Je n’en sais rien, je cherche.