Par Philippe Mesnard.
On savait que la République n’était pas démocrate, on ne compte plus les travaux d’historiens qui établissent sa férocité envers le peuple, allant jusqu’à vouloir l’annihiler ; on sait aussi à quel point ceux qui occupent le pouvoir détestent le peuple et limitent sans cesse le pouvoir d’un souverain en fait totalement captif de ses prétendus représentants.
On en est arrivé à un point où c’est à peine si le peuple a droit de cité : alors qu’on le consulte sans cesse au travers de sondages, on ne légifère jamais dans le sens qu’il indique ; alors qu’on pourrait le consulter via le référendum, l’usage de cet outil est rendu compliqué, on n’en parle plus que comme un instrument dangereux, et ses adversaires les plus résolus se proclament les plus démocrates tout en refusant de demander son avis au peuple dans des formes qui risqueraient de les contraindre.
Mieux, ces apôtres d’un peuple chimérique cherchent d’année en année à restreindre encore plus les libertés d’expression : manifestations interdites casseroles bannies, banderoles décrochées, citoyens assignés pour une parole de travers… Darmanin, qui laisse un terroriste, Georges Ibrahim Abdallah, clamer sa haine antisioniste sur le plateau des Glières, a voulu faire interdire le défilé de Jeanne d’Arc, fête nationale votée à l’unanimité des représentants de la nation en 1920. Il a échoué mais quelles leçons en tirer et, surtout, quels dangers à venir ?
Et quand nul groupuscule étiqueté fasciste par ceux qui applaudirent Staline, Mao et Pol Pot, et continuent de les vénérer, ne peut servir de pâture aux vigilants idiots utiles du pouvoir qui ne rêvent que d’un peuple soumis, ils s’alarment du simple fait que le peuple ose avoir une opinion qui n’est pas la leur : l’affaire Lola, qui a révélé les sentiments exacts des Français sur l’immigration ne peut, par l’indignation qu’elle a suscitée, qu’être qu’une manipulation d’extrême-droite – vision éminemment complotiste des prétendus complotistes. Le peuple n’est pas souverain, l’expression de son opinion n’est pas sacrée, son pouvoir n’est qu’une nuée. ■
Article précédemment paru dans Politique magazine.