Par Gérard Pol.
Brèves de mémoire du patrimoine d’A.F.
Pour les premiers rassemblements de Montmajour, nous avions prévu de mettre en place un Comité d’Honneur, composé de personnalités régionales connues avec comme président une personnalité nationale. C’était, dans le fond, un facteur de mobilisation de plus parmi le faisceau de ceux mis en œuvre pour la promotion de ces rassemblements. De même, pour le centenaire de Maurras en 1968, les invitations avaient été faites au nom d’un comité placé sous la présidence d’honneur de S.A.R. Mgr le duc de Nemours, prince dont je n’ai jamais su précisément qui il était dans la famille de France. Les années suivantes, pour les premiers Montmajour, les présidents d’honneur furent des ducs-académiciens français : le duc de Castres, dont le château était proche de Montpellier, puis le duc de Lévis-Mirepoix qui occupait à l’Académie française le fauteuil qui avait été celui de Maurras. Enfin, ce fut Thierry Maulnier.
Il avait accepté, sollicité par une relation de Jacques et Nicole Maurras qui connaissaient tout Paris. Maulnier avait donc accepté, puis, une fois annoncé, tancé par les caciques du Figaro, il avait publié un communiqué de rétractation pour prendre ses distances et se dédire. À mon avis, il en avait été peiné.
Alors, après avoir accepté, puis s’être dédit, il nous avait adressé, à cause, nous écrivait-il comme pour s’excuser au regard de ses censeurs, de « puissants souvenirs de jeunesse » dont on savait quels ils étaient, un beau message à la fois émouvant, venant de lui, et très politique donnant une très exacte définition des raisons de notre monarchisme.
C’était Maulnier. La valse-hésitation était dans sa manière. Au fond était la fidélité.
Il faudra que JSF réalise un visuel de ce message de Maulnier aux royalistes provençaux. Et que JSF le mette en ligne puisque ce grand esprit continue d’intéresser ceux qui s’intéressent à quelque chose.
J’ai cru qu’il pouvait être utile de consigner ces quelques souvenirs de Thierry Maulnier et l’Action Française… Des souvenirs, mais surtout des repères pour l’histoire du courant maurrassien, non plus d’avant-guerre, mais d’après-guerre. ■
Le message de Thierry Maulnier
« Tout ce qui a divisé, divise et divisera les Français menace de dissolution la substance nationale elle-même si la permanence, la volonté de permanence de la nation n’est pas maintenue et. si j’ose dire, infatigablement restaurée par les efforts des hommes et par les institutions dont la raison d’être est de suppléer aux insuffisances et aux relâchements de ces efforts.
Il est bon que se retrouvent et se reconnaissent, comme vous le faites aujourd’hui à Montmajour, ceux qui, dans ce pays, sans doute plus nombreux qu’on ne le pense, persistent à aimer la France et à ne pas désespérer d’elle. » Thierry MAULNIER ■
Message dont tous les termes sont pesés, adressé au président de l’Union Royaliste Provençale en juin 1971 à l’occasion du rassemblement de Montmajour.
Précédemment paru sur Facebook.