Par Vincent Trémolet de Villers.
Commentaire – Tel est l’éditorial lucide du Figaro de ce matin. Rectifions : lucide quant au constat en effet dramatique, des faits bruts. Oublieux des causes anciennes, profondes, toujours là, imputables à toutes les composantes du Système, droite et gauche confondues – syndicats, grand-patronat, médias, églises… – de la « tragédie » où la France se trouve plongée du fait de tous ceux que nous venons de citer et autres, en matière d’immigration. Que dire du constat des destructions et des désordres ? Il serait bien insuffisant, insignifiant, de les réduire aux voitures brûlées et aux annexes de mairie saccagées, si grave que ce soit. Il y a surtout les destructions en quelque sorte immatérielles qui réduisent inéluctablement au néant toutes les composantes les plus hautes et les plus essentielles de l’identité historique française. De cela, la République – dont on peut d’ailleurs douter qu’elle reste un état de droit – est bel et bien coupable. Il est bien vrai que la France insoumise souffle sur les braises de l’incendie allumé. Mais ce n’est pas elle, en tout cas pas elle seule, qui les a rassemblées. Tout était, tout reste, en place en effet pour ces jours tragiques. Et, sans doute, d’autres à venir. Et les perspectives pour en sortir n’ont rien qui puisse rassurer « l’exécutif », comme on dit encore. D’où la grande peur inavouée qu’il éprouve. Il sait que son pouvoir tient à un fil : la loyauté des Forces de l’Ordre et leur capacité de résistance. Après, vient l’aventure. Sans De Gaulle ni Baden.
L’ÉDITORIAL DU FIGARO – Le drame de Nanterre, c’est la crainte secrète qui hante tous les gouvernants. Dans l’abandon généralisé, les forces de l’ordre restent en première ligne : c’est une poudrière qui attend l’étincelle.
« Rien ne justifie la mort d’un jeune », a dit le président de la République. C’était là l’expression de l’humanité la plus élémentaire. « Inexcusable », a-t-il poursuivi, condamnant de fait le policier qui a tué le jeune Nahel. Étrange pratique de la présomption d’innocence. Les images sont terriblement choquantes, mais la justice n’est pas une capture d’écran ; c’est elle, pas Emmanuel Macron, qui déterminera si le geste homicide de ce policier est coupable. Le serait-il, pourquoi déclenche-t-il automatiquement l’embrasement d’une partie de nos banlieues ? La France est un État de droit, et c’est à la justice de prononcer la sanction. Pour les bavures policières, elles sont exemplaires.
« Rien ne justifie que l’on brûle des voitures, des écoles, l’antenne d’une mairie », aurait donc dû poursuivre le garant de l’ordre public. Il ne l’a pas fait. Son verbe incertain l’éloigne de Nicolas Sarkozy et le rapproche de François Hollande. Vision univoque d’une République présumée coupable face à la « jeunesse » des « quartiers ». Rhétorique friable qui, au nom de l’émotion, oublie de condamner des violences indéfendables. L’émotion fut grande après les attentats, la décapitation de Samuel Paty, l’attaque d’Annecy. Personne pourtant n’a brûlé la voiture de son voisin, incendié des poubelles, balancé des cocktails Molotov.
La vérité est que cette tragédie de Nanterre, c’est la crainte secrète qui hante tous les gouvernants. Ces territoires perdus où les règlements de comptes se font à ciel ouvert, où les mineurs roulent pied au plancher dans des voitures volées, où la police, les pompiers, les médecins subissent chaque jour des agressions gratuites, où, dans l’abandon généralisé, les forces de l’ordre restent en première ligne: c’est une poudrière qui attend l’étincelle. L’hybridation du « on est chez nous » communautaire et du quadrillage mafieux par les trafiquants est fantasmée par l’extrême gauche comme un brasier révolutionnaire. La France insoumise souffle dessus en espérant l’événement qui permettra l’alliance du Val Fourré et du canal Saint-Martin…
Tout était en place, malheureusement, pour ces jours tragiques. ■