La récente campagne du Musée de l’histoire de l’immigration présentant le roi Louis XIV comme un « étranger » qui a fait la France (« C’est fou ces étrangers qui ont fait la France » dit leur slogan) a de quoi nous amuser : d’abord, parce qu’elle valide l’évidence selon laquelle les rois ont fait la France à travers la figure du plus célèbre d’entre eux, — de quoi faire grincer quelques dents du côté de l’extrême-gauche la plus imbécile pour qui la France serait née en 1789 ! —, ensuite parce qu’elle donne raison aux partisans du droit du sang le plus strict puisque, comme n’ont pas manqué de le faire remarquer certains commentateurs sur les réseaux sociaux, le fait d’être né en France et d’avoir un de ses deux parents français (l’autre étant « espagnol ») ne suffirait pas à faire de vous un « Français ».
Plus sérieusement, il s’agit évidemment d’une campagne à la fois idiote et nocive. Elle est idiote car les monarques européens sont tous en quelque sorte de la même famille compte tenu des alliances matrimoniales entre familles souveraines et on ne peut pas à la fois mettre en avant ce cosmopolitisme aristocratique de fait pour faire de Louis XIV un étranger et en même temps l’occulter pour faire de sa mère une « Espagnole » ! Il faudrait choisir ! Si l’un n’est pas Français, l’autre ne saurait être Espagnole (ou Autrichienne) !
Surtout cette campagne est nocive puisqu’elle vise à démoraliser le peuple français en lui faisant croire que rien dans son histoire ne lui serait propre et en alimentant la thèse idiote de la France terre d’immigration.
Rappelons que jusqu’aux années 1860, il n’y a eu pour ainsi dire aucune immigration en France. La France était jusqu’au XIXè siècle un pays à la démographie jeune et dynamique (la « Chine de l’Europe » comme on disait jadis pour parler de la France de l’époque de la Révolution, en faisant référence à la Chine d’avant la politique de l’enfant unique). Les 30 millions de Français de 1800 étaient en gros les descendants des 10 millions de Gallo-romains de l’Antiquité. C’est seulement un demi-siècle plus tard qu’a commencé une immigration du travail dont il faut s’empresser d’ajouter qu’elle ne concerna d’abord que des pays voisins et de même civilisation que la France (notamment l’Italie). Bref rien à voir avec le tragique processus en cours actuellement. ■
*Ancien président du comité directeur (CRAF) et membre du Bureau Politique.
Action française