Par Régis de Castelnau sur Front Populaire.
Commentaire – Cet article a été publié le 30 juillet dans Front Populaire. Avec toujours cette forme de radicalité qui est la marque de la réflexion de Régis de Castelnau. Mais avec la précision et la cohérence qui relève de la logique et de la méthode de l’avocat. Sur ce que révèle cette analyse de l’état de la haute administration étatsunienne, sur les mœurs affairistes et quasi mafieuses de ses dirigeants, on trouvera ici matière à réflexion utile. Présentes et à venir, les fragilités étatsuniennes de tous ordres – et c’est peu dire – jointes aux ambitions impériales hégémoniques maintenues et aux pulsions de fuite belliciste de cette (encore) hyperpuissance, devraient nous convaincre de la relativité des alliances et de leurs risques. Le souci de toute politique étrangère de la France devrait se limiter à la défense tous azimuts de ses intérêts propres. Ne pas se laisser entraîner au-delà. A fortiori dans la guerre ! « Que la France pourrait manœuvrer et grandir », fût-ce dans un monde de géants en compétition ou en conflit, c’était la toute simple politique étrangère – appelée, plus tard, « Realpolitik » – que proposait Maurras au siècle dernier dans son Kiel et Tanger. L’Action française, les patriotes, n’ont qu’à tenter – tout en l’actualisant – de s’y tenir.
CONTRIBUTION. Entre un contexte géopolitique particulièrement mouvementé, la crise financière qui se profile et les déboires judiciaires du clan présidentiel Biden, rien ne va plus aux États-Unis, note Régis de Castelnau.
Pour essayer de savoir ce qui se passe aux États-Unis, inutile de se tourner vers le système médiatique français. Les journalistes font preuve en permanence d’un affligeant provincialisme à base d’ignorance et de prétention. Les experts parfois consultés sont en général des agents de Washington stipendiés par des think tank américains qui régurgitent servilement les positions du bloc démocrate au pouvoir. Que ce soit sur la situation interne avec un Joe Biden, vieillard sénile et bredouillant, représenté comme le digne successeur de Roosevelt maîtrisant la marche du monde. Ou sur le plan international avec la reprise méthodique de la propagande sur la guerre en Ukraine et la situation de la Chine. Effondrement intellectuel et déontologique de la presse française qui a anéanti tout esprit critique et oblige pour essayer de comprendre, merci Internet, à consulter les médias anglo-saxons et asiatiques.
La crise financière qui vient
On pourrait détailler les catastrophes humaines et sociales, la terrible question de la drogue, la montée vertigineuse de l’insécurité, l’énorme population carcérale, et tous les autres symptômes qui caractérisent une société malade. Contentons-nous d’examiner la question financière. Dans un contexte indiscutable de dédollarisation du monde, la question de la dette américaine – qui fut l’instrument de sa domination et permit aux USA de vivre à crédit au détriment du reste du monde – risque de devenir rapidement critique. Cette dette a augmenté de 34 fois depuis 1980 alors que le PIB lui n’augmentait que neuf fois. Elle monte aujourd’hui à 31,4 milliers de milliards de dollars !
Plus de 75 % de la dette américaine est entre les mains d’acteurs américains. Et pour plus de 12 000 milliards de dollars par… le gouvernement, les agences fédérales ou la Fed, soit près de 40 % de la totalité de la dette publique, notamment via les fonds de pension des fonctionnaires. Les deux autres principaux créanciers, même si tout l’Occident est exposé, sont la Chine et le Japon. Les États-Unis sont par conséquent en « état de cessation de paiement », concept juridique appliqué aux sociétés qui décrit leur situation avant le dépôt de bilan et la faillite déclarée. En effet, quoi que fasse la Fed, non seulement cette dette ne sera jamais remboursée, mais elle deviendra bientôt impossible à soutenir, ne serait-ce que parce qu’elle engloutit toute la partie variable du budget fédéral.
Trois scénarios se profilent : l’hyperinflation, le défaut de paiement et la guerre. Guerre étrangère ou guerre civile ? Sachant que le démantèlement des États-Unis en ses États constitutifs est une hypothèse qui n’a rien de ridicule. Le consensus politique qui rassemblait les deux partis principaux et permettait l’alternance n’existe plus. La guerre civile culturelle, politique, et la catastrophe économique peuvent être les ferments de la dislocation. En juillet 1991, malgré la crise que connaissait l’Union soviétique, personne n’avait imaginé que l’empire des tsars,réorganisé par les bolcheviks, vainqueur de la Deuxième Guerre mondiale et deuxième puissance du monde, allait s’effondrer six mois plus tard.
Une crise politique insoluble
Un des éléments les plus criants du caractère insoluble de la crise politique américaine est celui relatif à la situation judiciaire aux États-Unis.
Donald Trump fait l’objet d’un acharnement extraordinaire de la part du ministère de la Justice, qui est entre les mains du parti démocrate. Lequel a fait tomber sur l’ancien président une myriade d’inculpations dans le but évident de le faire condamner avant l’élection présidentielle de 2024 à laquelle il s’est dit candidat. La partialité politique de ces procédures saute aux yeux, jusque dans le choix des lieux choisis pour leur déroulement, choix qui permettent la constitution de jurys dévoués aux démocrates. En attendant celui qui arrivera dans quelques jours à propos des événements du 6 janvier 2020 au Capitole, le dernier raid est relatif aux documents classifiés que Donald Trump aurait gardés après son départ de la Maison Blanche. On se rappelle les masses de documents détournés par Hillary Clinton, y compris la destruction d’e-mails classifiés sans qu’il n’y a eu la moindre enquête ni la moindre procédure. Tout comme les malles remplies de documents couverts par le secret trouvées dans le garage de Biden dont le ministère de la Justice se désintéresse complètement.
Pour essayer de mesurer la consistance de ces nouvelles offensives contre Trump, il faut écouter ce qu’en dit Jonathan Turley, professeur de droit constitutionnel pourtant pro-démocrates. Par exemple, à propos des émeutes du 6 janvier : « Il y a des raisons évidentes pour lesquelles M. Smith (le procureur fédéral) voudrait la compétence de Washington. Trump ferait face à ce qui est, pour lui, sans doute le pire groupe de jurés du pays. Trump a perdu le vote présidentiel de 2020 dans le district de Columbia, n’obtenant que 5,4 % des voix . Cela signifie que trouver un partisan de Trump dans le groupe de jurés du district n’est que légèrement plus probable que de trouver un léopard des neiges. » Ça c’est pour le bidouillage de la procédure. Concernant les griefs de fond, voilà ce que dit Turley : « Cette inculpation de Trump concernant les émeutes du 6 janvier 2021 est si farfelue, la théorie sur laquelle elle repose est si farfelue, que je ne crois pas qu’un système juridique puisse continuer à fonctionner s’il pousse ce cas à son terme. » Bigre, il s’agit là quand même de l’opinion d’un opposant de toujours à Donald Trump.
La presse française, qui partage la haine irrationnelle du deep state américain pour l’ancien président, se fait toujours le relais des attaques contre lui. Il faut lire cet article de Libération annonçant triomphalement la dernière des procédures en date, dans une présentation des faits qui relève d’une forme de pathologie.
Les Biden, une « famille » comme les autres ?
Et pendant ce temps-là, toujours dans un pieux silence de la presse française, l’incendie relatif à l’invraisemblable scandale de corruption du système mafieux de la famille Biden continue enflammer l’opinion américaine, et ce malgré toutes les tentatives de verrouillage de la presse-système démocrate. Il faut écouter les auditions des commissions d’enquête de la chambre des représentants qui détaillent des faits que l’on connaissait pourtant depuis longtemps et qu’il n’avait jamais eu la moindre suite judiciaire. Car ce que donne à voir le scandale, c’est évidemment la dépravation incroyable du fils Biden, Hunter, escroc drogué, érotomane amateur de prostituées, passant son temps à utiliser les responsabilités politiques de son père pour se livrer à des trafics d’influence fructueux dont l’ensemble de la famille profitait, y compris manifestement l’actuel président.
Mais finalement, le pire à l’écoute de ses auditions c’est de constater le refus obstiné du ministère de la Justice de remplir sa mission et de la protection mafieuse dont le FBI fait bénéficier la famille. Là aussi, on invite à prendre connaissance de l’opinion de Jonathan Turley sur l’ampleur du scandale et sur les perspectives qui s’ouvrent. Dernière anecdote croustillante en date, une galerie d’art new-yorkaise a exposé et vendu les « œuvres » du fils Biden, car celui-ci est également artiste peintre. À 100 000 $ pièce, le gain final a été d’1,5 millions de dollars. Curieusement, certains acheteurs auraient bénéficié de la part du papa de nominations prestigieuses. Autre épisode stupéfiant, l’audience de « plaider coupable » de Hunter Biden devant une magistrate du Delaware. Le ministère fédéral de la Justice a eu une idée lumineuse pour mettre la famille à l’abri : il a proposé au fils du président de reconnaître quelques peccadilles fiscales, et d’accepter après négociation une peine symbolique. En général, les autorités de poursuite renoncent à aller plus loin. L’accord doit être soumis à un juge du siège qui l’homologue. La juge de district du Delaware, Maryellen Noreika, chargée de cette homologation a annulé l’accord négocié entre l’avocat de Hunter Biden et l’équipe du procureur du ministère de la Justice de Joe Biden.
Sur le fond, Hunter Biden avait reconnu deux délits fiscaux et des actes répréhensibles dans une affaire d’armes à feu. Mais l’accord avait été construit d’une manière inhabituelle qui aurait donné à Hunter Biden l’immunité contre des accusations supplémentaires relatives au fait de ne pas s’être enregistré en tant qu’agent étranger en vertu de la loi FARA. Violation qui a permis justement les multiples trafics d’influence que les investigations de la Chambre des représentants font apparaître. Madame Noreika n’a pas apprécié du tout, et ce d’autant que les protecteurs de la famille Biden n’ont pas hésité à charger la barque.
Jason Smith, le président du comité des voies et moyens de la Chambre des représentants, avait fait déposer un mémoire « d’amicus curiae » dans le dossier soumis à la magistrate. C’est un mécanisme procédural par lequel le tribunal autorise une personne ou une entité à participer à une instance existante entre des parties afin qu’elle lui fournisse des informations susceptibles d’éclairer son raisonnement. Le matin de l’audience, une personne se faisant passer pour l’avocat soutenant le mémoire a pris contact avec le greffier du tribunal pour lui demander de le retirer du dossier du juge ! On imagine le niveau de panique du camp démocrate face à cette grossière manœuvre.
Alors, les Républicains vont-ils se lancer dans la procédure de destitution que justifierait ces péripéties invraisemblables et l’évidence du niveau de corruption vertigineux qu’affiche la famille de l’actuel locataire de la Maison-Blanche ? La question s’était déjà posée relativement à son état de santé et à l’évidence de facultés cognitives altérées. Le problème est qu’outre la longueur et la difficulté de cette procédure, la campagne électorale présidentielle qui va s’ouvrir à l’automne, la destitution de Joe Biden poserait des problèmes difficilement solubles. Si le Congrès prononçait son impeachment, la vice-présidente Kamala Harris lui succéderait alors. La perspective de voir arriver dans le bureau ovale une personne dont la sottise abyssale est désormais irréfutable terrorise l’ensemble du monde politique américain. Dans ce cas, si celle-ci était poussée à la démission ce serait l’actuel président de la Chambre des représentants qui prendrait la place. Or Kevin McCarthy est républicain…
L’Union européenne, quant à elle, et la France en particulier, sont embarqués dans le Titanic américain en troisième classe. La technocratie bruxelloise se désintéresse des voies d’eau et semble ne pas imaginer une seconde qu’il puisse y avoir des icebergs devant. Gare au choc. ■
Source
Régis de Castelnau est un avocat en droit syndical, d’après ce qui est indiqué sous l’article. Cela lui donne évidemment une bien meilleure expertise que les spécialistes qui s’expriment sur les sujets américains, évidemment tous vendus au mainstream démocrate. Si l’auteur inscrivait sa réflexion dans l’histoire longue américaine, il aurait découvert que les tares qu’il dénonce dans le système politique américain ne sont pas nouvelles. D’abord, c’est un président Roosevelt à l’article de la mort, gravement handicapé par une polyomyélite aussi savamment dissimulée que le cancer de Mitterrand, qui a conduit les négociations les plus délicates de la fin de la seconde guerre mondiale, face à un Staline en pleine forme. Les liens de la classe politique américaine avec les milieux d’affaires plus ou moins troubles ne sont pas non plus nouveaux. L’hétérogénéité de la population des Etats des USA est une constante. Les USA sont le seul pays digne d’être appelé une « démocratie monde » qui agrège des gens exclus d’ailleurs dans son système politique. Qui fait mieux ? Soutenir que, de ce fait, les USA pourraient exploser comme l’URSS est une pure idiotie, car on oublie toujours que la vie politique américaine au niveau des Etats est extrêmement vivace et que le lien patriotique américain est extrêmement puissant. On pourrait ainsi multiplier les observations. La crise du dollar ? On en parle depuis la fin de la convertibilité or de la monnaie américaine. Bref, nul ne conteste la gravité de la crise que traverse la république américaine. Elle en a vu d’autres : la guerre impérialiste britannique au début du 19ème siècle, la guerre civile, la grande crise de 1929, la seconde guerre mondiale, le maccarthysme, la guerre du Vietnam, la révolution des droits civiques pour les Noirs, l’affaiblissement sous Carter, la guerre d’Irak etc, etc. Mille problèmes américains ne font pas une fin programmée de l’Amérique car les USA ont une résilience extraordinaire qu’ils tiennent des fondements de leur démocratie et de leur attachement à la liberté et aux libertés publiques : au point de faire tomber un Nixon. La joie mauvaise d’un Castelnau, manifestement habité par une haine de l’Amérique, et, sinon par une fascination morbide pour Trump, du moins par une évidente complaisance (une continuité avec l’esprit factieux de février 1934 ?) en sera pour son compte. Ce à quoi on assiste en ce moment, c’est justement le retour de l’Amérique comme pivot de la sécurité internationale. Ce n’est pas l’idéal mais à qui la faute ? Il faudrait que les Européens se bougent plus. Et ce ne sont pas les chroniques « Je suis franchouillard », anti-américaines et anti-européennes de JSF, tout occupées à cuire et recuire les petites rancoeurs de Français qui se morfondent dans leur déclassement, d’avoir été et de n’être plus (puisque c’est ça qu’on a toujours reproché aux Américains : d’avoir la puissance que nous avons perdue et de l’utiliser si mal alors que nous aurions su en faire un si bon usage, comme en Afrique par exemple…) , qui vont indiquer le bon chemin. Que notre avocat, avant de plaider, réfléchisse une seconde à l’état de la planète si l’Amérique était vraiment et définitivement impotente…
En laançant des procédures à répétition contre Donald TRUMP, les démocrates, sans le vouloir, ont ouvert la boite de Pandore. Jusqu’au début du siècle le système américain fonctionnait bien avec l’alternance entre les 2 grands partis, maintenant le parti de l’ANE, le bien nommé , en voulant détruire le parti de l’ELEPHANT , risque de provoquer une grave crise des institutions, voire une guere entre Etats Conservateurs et Etats révolutionnaires camouflés
Il me semble que lors de l’élection de Trump, certains États, écoeurés, avaient plus ou moins sérieusement envisagé de se séparer du reste de l’Union… (Californie, notamment).
J’attends avec gourmandise l’élection de l’an prochain ; l’explosion possible des États-Unis serait vraiment la meilleure nouvelle du 21ème siècle…
Entre 20 et 40% des Texans sont favorables à l’indépendance de leur Etat. Dans l’intérêt de la France, peut-être faudrait-il que cela se fît…