PÉRONCEL-HUGOZ SUSPEND QUELQUE TEMPS SES « COUPS de POING » POUR NOUS ENTRAÎNER SUR DES SENTIERS PLUS REPOSANTS À COMMENCER PAR LA DRACÉNIE…
Draguignan, la cité du dragon, capitale de la verdoyante Dracénie, antique ville de garnison et de savoir militaire, porte des vertigineuses gorges du Verdon etc. etc. (Photo ci-dessous). Les titres de bon aloi ne manquent pas à ce lieu haut-provençal mais rien n’effacera ce camouflet que lui infligea Chirac en 1974 en lui retirant son statut de préfecture du Var remontant au Consulat. Plus tard sa gare ferroviaire fut fermée puis l’autoroute méridionale n’y passa point.
Son musée des Beaux-Arts, ancien palais épiscopal, et qui possède un des rares portraits de la dernière comtesse de Provence, épouse de Louis XVIII, est fermé depuis des lustres. Aussi est-ce une très belle surprise que cette magnifique exposition tenue cet été dans l’ancien bâtiment des archives, bien réaménagé, au cœur de Draguignan ; une expo consacrée aux « trésors du royaume de Lotharingie, l’héritage de Charlemagne. »
125 pièces historiques
Si, à cause de la décadence de notre Education nationale, bien peu de jeunes Français savent à présent ce que signifie le mot « Lotharingie », certains même croyant que c’est une maladie … En revanche le personnage de Charlemagne reste encore présent dans notre mémoire avec Clovis 1er, louis XIV et Napoléon 1er. Rendons donc grâce à madame Isabelle Bardies-Fronty, conservatrice générale du musée de Cluny à Paris, dont le goût et l’entregent sont notoirement à l’origine de cette brillante expo faisant honneur à l’humble Dracénie. 125 des 200 chefs-d’œuvre lotharingiens possédés par l’Occident sont montrés en ce moment à Draguignan.
Quant à ces pièces vues de près, on est ébloui qu’elles aient pu être produites à une époque réputée à tort « obscure » et qui fut donc la matrice de la haute civilisation française éclose sous les Capétiens lesquels ne renièrent aucune leçon, aucune technique des artistes et des princes carolingiens sans parler des mélanges matrimoniaux de sang entre les deux dynasties, de même que les Carolingiens avaient assimilé naturellement l’héritage mérovingien.
Saint-Clou
Parmi les trésors exposés j’ai notamment relevé l’extraordinaire reliquaire renfermant le Saint-Clou souvenir de la passion du Christ, (Photo à droite) ramené de Palestine par sainte Helene, mère du basileus Constantin 1er ; rappelons que la cathédrale de Carpentras, en Comtat-Venaissin, possède elle aussi un Saint-Clou dont l’ostension appelle toujours foule. De modestes mais fines poteries de la vie quotidienne des Lotharingiens voisinent avec des bibles sur parchemins aux enluminures ayant conservé leurs couleurs vives ; un calice en or piqueté de pierres semi-précieuses ; une pièce de soie attachée au souvenir de saint Chaffre, martyrisé en Haute-Loire par des Sarrazins ce qui rappelle immanquablement, qu’on me le pardonne, que la cité au dragon assoupi compte déjà trois mosquées …
Bref l’exposition dracénoise vaut tant par son originalité que par sa richesse et elle vaut non seulement le détour mais même le déplacement ad hoc. Bonne visite ! ■
Exposition jusqu’au 8 octobre 2023. Hotel départemental des expositions du Var, 1 bd Marechal Foch, Draguignan-centre. Sauf lundi, ouvert tous les jours de 10h à 19h. Catalogue 25 euros.
Lire aussi le Figaro-Histoire n°69. Août-septembre 2023.
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
Retrouvez les publications sous ce titre…
Merci de ce rappel de notre Histoire soulignant que la Lotharingie n’est pas une maladie mais le territoire laissé à leur frère aîné Lothaire, de ce fait, héritier de la couronne impériale de leur Grand-Père Charlemagne.
Ils procédèrent au démantèlement de l’Empire de leur Grand-Père en le divisant en trois, au traité de Verdun en Août 843 : Charles le Chauve prit la Francie occidentale, Louis le Germanique la Francie orientale, ils laissèrent la partie médiane à Lothaire, ce qui devint ainsi la Lotharingie, terre impériale. Elle allait des rives de la mer du Nord au nord de l’Italie, englobant la Bourgogne et notre Provence qui resta ainsi terre d’Empire jusqu’en 1481 à la mort du comte de Provence René d’Anjou, le « bon roi René » tant aimé des Provençaux. même si son neveu Charles du Maine devint comte de Provence à sa suite, mais il ne resta pas dans les mémoires puisqu’il décéda lui-même très rapidement dans les mois suivants.