Par Pierre de Meuse.
Gérald Darmanin vient d’annoncer un nouvel épisode dans la série « Interdiction-Dissolution ». Après la tentative ratée visant « Les soulèvements de la Terre », il s’attaque maintenant à l’organisation politique catholique « Civitas ». Cette nouvelle manœuvre du ministre de l’Intérieur soulève de nombreuses questions.
D’abord quel est le but que poursuit Darmanin ? Il n’est pas malaisé de comprendre que l’objectif recherché est purement politicien, c’est-à-dire partisan et à court terme, à savoir réconforter la Gauche et diviser la Droite, surtout la Droite radicale, en mettant en exergue la diversité quelquefois incompatible de ses courants. Il s’appuie, en l’occurrence, sur des tropismes bétonnés en sonnant l’alarme contre « l’antisémitisme qui n’a pas sa place dans notre pays ».
Cela dit, de quoi s’agit-il ? La demande de mise hors-la loi de Civitas se fonde sur une conférence de Pierre Hillard, au cours de laquelle cet auteur évoque l’émancipation des Juifs par l’Assemblée Constituante le 27 septembre 1791, en la déplorant, parce qu’elle met fin selon lui au caractère indissoluble du lien unissant la France et la Foi catholique. Il va même plus loin en suggérant que l’immigration-invasion que nous subissons est la conséquence de cette réforme : « Parce qu’à partir du moment où vous donnez la nationalité française aux Juifs, tôt ou tard vous ne pouvez pas la refuser aux bouddhistes, vous ne pouvez pas la refuser aux musulmans ». Un raccourci très contestable, à la vérité, car l’immigration en question commence plus de cent cinquante ans après le décret en question et ne peut en être considérée comme une conséquence directe.
De plus, cette analyse laisse de côté le caractère communautaire de la société d’Ancien Régime, qui reconnaissait le droit du peuple juif à obéir à ses propres lois sur le territoire du Royaume, comme l’a montré Maurice Rheims dans son livre Haute curiosité. Peut-on, au demeurant, considérer le propos de Pierre Hillard comme antisémite ? Ce serait obliger les catholiques à abjurer la doctrine théologique du judaïsme en vigueur dans le catholicisme depuis toujours, et sur laquelle le concile Vatican II n’a pu plaquer que des onguents apaisants, mais peu cohérents. À ce titre, la doctrine que Darmanin cherche à imposer ne laisse pas de paraître inquiétante, y compris pour nous, militants de l’Action Française. Sans faire nôtre l’ultramontanisme exacerbé de Civitas, qui méconnaît l’autonomie du Politique et affirme l’identité absolue de la France et de la religion catholique, accusant de « naturalisme » notre nationalisme intégral, il n’en reste pas moins que l’idée soutenue par le ministre qu’il est légitime d’interdire tout mouvement promouvant « des éléments, des actions et des propos contraires aux valeurs de la République » paraît inacceptable. Elle est d’ailleurs contraire à L’article 100 de la Constitution qui dispose que « la liberté d’expression, y compris le droit d’obtenir, de conserver et de distribuer des informations et de manifester ses opinions, est garantie à tous ». S’il est vrai que la déclaration des « Droits de l’Homme » qui en fait partie mentionne dans son article 11 que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, » elle ajoute : « sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi » ; mais aucune loi, à notre connaissance, n’interdit d’émettre des idées antirépublicaines.
Notre méfiance s’appuie aussi sur le fait que, chaque fois que Darmanin s’attaque à des organisations de Gauche, comme « Les soulèvements de la Terre », il invoque des « agissements violents envers des personnes, et des atteintes à des biens », ce qui est conforme à la loi, mais qu’au contraire, lorsqu’il s’en prend à des mouvements de Droite, il se réfère à un contenu doctrinal qui serait illégal. Il y a là une différence de traitement qui, vu l’imprégnation progressiste des magistratures, peut donner lieu à une tyrannie insupportable. De fait, les dissolutions d’Unité radicale, de l’Œuvre Française, de Génération identitaire, de Troisième voie, du Bastion social, furent validées par la Justice, alors que le Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE) et le mouvement Les Soulèvements de la Terre, pourtant renommés pour leurs violences, ont obtenu la suspension de leur dissolution en 2022 et 2023.
Pouvons-nous avoir confiance dans la Justice de notre pays ? ■
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Que diable Darmanin a-t-il en tête ?
Lors d’un interview sur le site « géopolitique profonde », Alain Escada a précisé les circonstances qui ont permis la diffusion de l’extrait de la conférence de Pierre Hillard. Ces Universités d’été de CIVITAS n’étaient ouvertes qu’aux adhérents ; selon M. Escada, c’était donc une réunion privée. Mais, une personne dans le public a enregistré la conférence et l’a posté sur sa chaîne You Tube. Des personnes mal intentionnées ont visionné la conférence ainsi rendue publique et repéré ce court passage considéré comme antisémite. Jean-Luc Mélenchon en a été aussitôt informé et par Twitter a demandé au ministre de dissoudre Civitas, demande qui a été validée une heure plus tard directement par Darmanin lui-même. Le déroulement des faits est instructif et doit faire réfléchir. « La surveillance de masse » souvent évoquée n’est pas une fiction mais bel et bien une réalité. Les associations ou mouvements supposés racistes ou fascistes vus de la fenêtre de la gauche radicale font à n’en pas douter l’objet d’une surveillance spéciale et constante. Cette surveillance est réalisée par tous les organismes institutionnels dont c’est la mission mais qui sont appuyés dans leur basse besogne par des militants gauchistes qui sont ravis de dénoncer tel ou tel propos comme c’est le cas ici. Cet ensemble constitue en fait une sorte de Police politique qui fonctionne sous la forme d’une nébuleuse. CIVITAS a fait preuve d’imprudence dans un contexte où rien ne sera tolérer à notre bord de l’échiquier. On peut parier que le décret sera publié, le Conseil d’État validera sans broncher et la soi-disant justice sera d’une célérité exemplaire, à charge bien sûr. Tout cela pose la question de notre naïveté car beaucoup croît encore à la fameuse égalité du citoyen devant la Loi. Or, notre camp – au sens large du terme – est de fait retranché dans une semi-clandestinité avant sans doute une clandestinité complète et il faut se convaincre d’appliquer les méthodes déjà bien connues de confidentialité et de protection propres à cette situation. Faute de quoi, Civitas ne sera pas le dernier mouvement à disparaître car dans une période révolutionnaire comme celle-ci, il n’y a aucune pitié pour le contre-révolutionnaire réel ou supposé.
Le texte de Pierre de Meuse est particulièrement mesuré et pertinent mais peut-on demander à Pierre Hillard, jacobin par destination sinon par conviction de porter un jugement lucide ? Sans même penser que son propos puisse être (sauf par M. Darmanin) qualifié « d’antisémite » il est bien trop approximatif et justifie pleinement la leçon d’histoire donnée par Puerre de Meuse.
J’ai une vision plus tactique des choses.
Tous les mouvements extrémistes savent, ou devraient savoir, que leurs paroles sont guéttées par leurs adversaires et que les moyens modernes de diffusion de l’information ne laissent pas de place à la discrétion.
Ces mouvements ne doivent donc pas laisser la moindre place à l’ambiguïté, ou à des raisonnements complexes formulés devant des auditoires hétéroclites.
En tout cas s’ils veulent faire de la POLITIQUE, c’est à dire s’ils ambitionnent d’avoir un impact sur la RÉALITÉ. La plupart du temps, ce n’est pas le cas. Ces mouvements n’existent que pour la satisfaction quasi masturbatoire de leurs adhérents qui ont la satisfaction orgasmique de se vivre « seuls contre tous » et « purs au milieu d’un monde pourri « .
Il y a quelques années j’avais été choqué que l’AF fît appel lors d’un colloque à Alain Soral. Je ne dis pas que Soral n’aie rien à d’intéressant à exposer. Je dis que, quoi qu’on le pense, à tort ou à raison, il est marqué d’un sceau d’infamie. Que rien n’est audible qui passe par lui.
La dédiabolisation engagée avec succès par le RN le montre bien. On me dira que le succès fort possible de Marine en 2027 ne réglerait en rien notre éternel problème de dévolution du pouvoir.
Mais si nous essayons de présenter la monarchie en parlant de loi salique, d’exclusion des femmes de la lignée, ou d’une assimilation de la monarchie au catholicisme le plus intégriste, nous allons attendre bien longtemps avant de nous retrouver à Reims.
Que les nigauds de Civitas continuent à faire joujou avec leurs fantasmes archaïques.
Et nous, faisons de la POLITIQUE.
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A se demander si ce Pierre Hillard , n’agit pas pour le ministère tant le propos cité entre guillemets , sans intérêt, simple sophisme au venin dilué est propre à permettre d’alerter les comités de vigilance et faire activer le zèle de Darmanin .
👍👍👍