PÉRONCEL-HUGOZ SUSPEND QUELQUE TEMPS SES « COUPS de POING » POUR NOUS ENTRAÎNER SUR DES SENTIERS PLUS REPOSANTS À COMMENCER PAR LA DRACÉNIE…
De retour de Draguignan, où il était allé admirer les trésors des enfants de Charlemagne (voir la précédente édition de JSF), notre chroniqueur Péroncel-Hugoz se permet de donner, non pas un coup de poing mais une simple chiquenaude, à la mémoire de la chanteuse dracénoise Lily Pons qui eut honte de son berceau de 1898 jugé par elle par trop provincial…
Vers l’an 2000 et en cette année 2023, en déplacement à Draguignan pour « Le Monde » puis pour JSF, je suis tombé les deux fois sur des indigènes authentiques ayant la même « dent » contre Jacques Chirac et contre Alice Joséphine Pons dite Lily. Chirac pour avoir retiré à Draguignan son rang de préfecture du Var ; Lily Pons pour avoir inventé être née dans la superficielle et clinquante Cannes. Plutôt que dans la vieille Cité du Dragon …
Une excellente soprano colorature
Fille d’un honorable sportif provençal ayant participé en 1907 au Paris-Pékin routier, la jeune et accorte Lily se fit d’abord connaitre en étant la première artiste femme à dévoiler son … nombril ! Refusée pour ce geste ou pour d’autres raisons, à l’Opéra de Paris, elle fut, sans doute par cet esprit de contradiction très anglo-saxon, accueillie en fanfare au Met de New-York. Aux « States », elle fit merveille aussi bien dans « La Fille du régiment » que dans « Lakmé « .
La grande Marlène Dietrich alla jusqu’à déclarer que Madame Lily (Photo ci-contre) était désormais son égale ! Une commune du Maryland poussa l’adulation jusqu’à se rebaptiser « Lilypons » … Hollywood la héla et elle y tourna notamment « La Femme en cage » de Raoul Walsh. Enfin le monde quasi entier écouta la soprano colorature française entonnant depuis l’Amérique « La Marseillaise » pour la libération de Paris en 1944. Rebelote et resuccès en 1945 et à Paris même cette fois en plein air devant 250 000 Parisiens en délire.
Cependant regrettent encore les Dracénois, la cantatrice n’eut jamais un mot, que l’on sache, pour son humble ville natale de Draguignan, déclarant toujours être venue au monde à Cannes … Tout en poursuivant ses tournées mondiales des Indes à la Chine, ce qui la fit comparer à une autre très grande Dame : Sarah Bernhardt. (Photo : la place du marché à Draguignan vers 1960).
De Dallas à Cannes
Lorsque les Parques choisirent de couper son fil en 1976, Lily Pons était dans la ville-symbole de l’Amérique du fric et de la vulgarité brutale : Dallas. Elle avait cependant demandé de reposer non pas à Draguignan mais à … Cannes bien sûr, ratant la dernière occasion de faire oublier sa « trahison » aux braves Dracénois… Sic transit gloria mundi. ■
(Ci-dessus : Dallas, Texas)
Longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, Péroncel-Hugoz a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il a travaillé pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Les lecteurs de JSF ont pu lire de nombreux extraits inédits de son Journal du Maroc et ailleurs. De nombreuses autres contributions, toujours passionnantes, dans JSF.
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