Même si on sépare – d’ailleurs sans les opposer – le politique et le religieux, même si l’on se place du point de vue du politique, comme c’est notre objet, il est impossible selon nous d’envisager une quelconque restauration de la société française et européenne selon un ordre digne de ce nom, sans le retour à une forme de transcendance. C’est ce que disent et montrent les propos d’Henri d’Anselme repris du Parisien.
« Les confessions d’Henri d’Anselme, le « héros au sac à dos » qui a stoppé l’attaque d’Annecy en juin » – Le Parisien, 15 août 2023 (Extraits)
Vous êtes très croyant depuis toujours ?
Parler de sa foi, c’est compliqué, cela relève de l’intime. J’ai certes été préparé par mon éducation catholique, mais il fallait un déclic, sinon ça se serait peut-être perdu comme pour d’autres. Pour moi, la rencontre s’est faite à la fin du lycée, dans une église, avec la Vierge Marie. Mon cœur a explosé, je me suis effondré en larmes
Avez-vous pensé à devenir prêtre ?
J’y ai pensé sérieusement, mais pas longtemps. J’avais envie d’être un chrétien engagé dans la société. J’ai fais trois ans de philo un peu par hasard, puis deux ans de management international, sans savoir ce que je voulais faire.
Vous vous cherchiez ?
Oui, comme beaucoup de jeunes. J’éprouvais un besoin d’aventure, alors je suis parti marcher. Le pèlerinage est au cœur et de toutes les religions. C’est très poussé j’chez les cathos avec cette idée de souffrance rédemptrice. J’ai souffert des pieds, puis de la solitude. Je suis d’un tempérament sociable, j’ai besoin de voir ma famille, de soirées entre potes. J’ai dû dire non à une dizaine de mariages cet été. Ce repli volontaire, pour aller à l’essentiel, me coûte beaucoup.
Pourquoi les cathédrales ?
Des copains sont partis en Inde, ou en road-trip à vélo. Mon délire, c’était le tour de France des cathédrales. Depuis que j’ai découvert Chartes, vers mes huit ans, j’éprouve le même enchantement devant ces chefs-d’œuvre. Quand Notre-Dame a brûlé, j’ai pleuré comme une madeleine. Les cathédrales, avec leur pierres éternelles, sont des balises dans le temps et l’espace. Elles sont à la fois la maison de Dieu et la maison du peuple. Du roi aux gueux, tout le monde y entrent par la même porte. Une fois dedans, c’est sublime, gratuit, silencieux.
Certaines vous ont fait plus vibrer ?
Ce qui me frappe à chaque fois, c’est la sagesse éternelle des pierres, mais aussi le souci de beau dans les moindres détails. Qu’est-ce qui a poussé les bâtisseurs à se lancer dans des projets aussi fous qu’inutiles, dont ils ne verraient jamais la fin ? Et qu’est-ce que cela dit de nous aujourd’hui ? On a perdu ce goût du temps long, cet idéal de beauté et d’amour. Pourtant personne n’aime le moche.
Vous en voyez, du moche ?
Les entrées et sorties de ville, toutes ces zones commerciales et industrielles qui vident l’âme et bousillent les yeux. C’est d’autant plus triste que la France est un écrin fantastique. Même avec des gens très différents, on peut discuter parce qu’il y a cet idéal de beauté et de grandeur qui transcende tout et nous unit. Je suis bourré d’espérance. ■
Extrait repris de la page Facebook de
Karim Ouchikh
Retrouver une « forme de transcendance », sans nul doute, mais pas n’importe laquelle ni n’importe comment. Distinguer soigneusement le politique du religieux ne saurait nous abstraire de notre histoire, de ce qui a donné forme à toute notre culture, à savoir le christianisme et, plus précisément, le catholicisme. Notre société a un grand besoin de se rechristianiser (il faut que ce soit un avocat musulman souvent invité sur CNews qui nous le rappelle!) et la « nouvelle Évangélisation » est plus que jamais d’actualité. Le principe de catholicité qui régit la monarchie française est, de ce point de vue, plus que jamais d’actualité. Le roi catholique incarne notre histoire et ce qui a donné sa substance à notre culture. Ce n’est que, respectueux de cette symbolique, qu’il peut être le véritable garant d’une authentique laïcité, c’est-à-dire une laïcité qui ne confond pas la laïcité de l’État avec une société athée, ignorante de des sources chrétiennes qui l’ont fécondée.
Pourquoi en l’an 1000, la France se couvre d’un « blanc manteau d’églises » selon la célèbre phrase du moine Raoul Glaber ? S
L’Art roman pourrait se définir comme une lutte contre la lumière afin de procurer recueil et sérénité. C’est du moins l’impression qu’il donne, notamment dans les petits édifices. C’est sans doute pour cela qu’il se trouve si bien dans le sud. C’est sans doute pour cela que des chapelles latérales et des choeurs gothiques ont été si fréquemment ajoutés dans le nord.
C’est aussi pour cela qu’il n’y a pas d’église gothique dans le sud, ou plutôt que l’Art gothique méridional filtre si bien la lumière.
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